Implosion [TERMINEE]

71-Tu es fragile

-30 Décembre 2061-

[PDV Viviane]

- Non !

Le retour des caméras vire au noir. Je m'éjecte du canapé défoncé et échappe au contact d'Ayden. Les yeux s'écarquillent et crépite tel un feu d'artifice. En un claquement de doigt, je pourrais exploser et partir le rejoindre.

Qu'ont-ils fait de lui pour qu'il devienne ce garçon sans expression près à protéger le gouvernement ?

Je revois tout son corps. Son dos aussi dentu qu'un tréteau et la détermination qui orne son regard à chaque fois qu'il se sent écouté.

Un hoquet m'échappe tout comme cette gouttes salée qui borde mon visage. Sa chaleur me projette dans une réalité que je ne suis pas prête à affronter. 

Le monde tourne au ralentit, je me détourne et accourt vers la sortie. Le froid de la neige mort ma peau. Trois pas plus loin, je m'écroule. Prise de compulsions, je pleure toutes les larmes de mon corps, elles rejoignent le sol et font fondre la neige qui amortie ma chute.

Nous sommes piégés. Nick l'a démontré mieux que quiconque : l'Implosion n'est plus qu'un atome qui ère dans un vide sidéral.

- Vi ! Rentre tu vas attraper froid.

Je sens sa présence approcher de mon dos. Je me retourne et rampe sur le parterre de neige.

- Laisse moi !

Mon désespoir dépasse ce que je voudrais en faire voir.

- Non. Allez arrête ton cinémas et suis moi à l'intérieur, quelqu'un pourrait nous voir.

- Alors qu'ils viennent ! Tu entendus Nick, c'est fin. Ciao. Astalavista.

- Vi, tu dérailles complètement, insiste le brun.

Main bien en avant, il attend que je réponde à ses ordres.

- Il vient d'officialiser notre disparition. Tu peux être heureux maintenant, tu viens d'être relever de tes fonctions. Va-y, prends ton frère et allez rejoindre votre ancien pieu.

La même rage que lors du départ de Nick bouillonne dans mon organisme. J'amasse la neige et forme une boule et explose sur un mur. Les mots sortent sans mon assentiment et poignarde ceux qui viennent ce prêter au jeu.

Un rideau s'écarte et deux yeux assistent à mon pétage de plomb.

- Nous partirons nul part.

Ayden avance. Je recule. Mes pensées se froissent.

Tout d'abord, il y a Nick. Je l'aime ... Puis, il y a mes amis.

- Comment ai-je pu être faible ?, réfléchis-je à voix haute.

Je repousse les cristaux salé aux coins de mes joues. A -1°, ma colère réchauffe ma peau recouverte d'un pull en laine rose clair que j'ai retrouvé dans mon armoire.

Mon imagination a vite pâlie devant la réalité de notre monde. Mon ventre toujours aussi nauséeux espère au fond de lui porter un nouveau souffle. Je me voyais déjà former une famille et un foyer avec cet homme mais il n'est que l'ombre de lui-même.

Kevin avait-il raison depuis le départ ? Nick se cantonne-t-il au rang de traitre comme le prétend son frère ? J'aurai dû écouter cette voix familière qui me disait de me méfier, m'éprendre de quelqu'un était une mauvaise idée. Tout ce que je touche s'éteint. Ma famille. Loïs -à présent de retour-. L'Implosion. Nick ...

La petite Viviane a voulu jouer avec le feu et elle s'est brûlée les ailes.

- Comment ça, faible ?

Cette voix ne ressemble pas à celle d'un garçon dans la fleur de l'âge. Mes yeux se dirige vers une silhouette qui ressemble à un bibendum sous cette doudoune. Snow, cheveux roux au vent, pause ses genoux au sol.

- C'est ces sentiments, à les écouter je suis devenue aveugle, me lamenté-je. Depuis le départ, Nick nous roulait dans la farine.

A la différence de son frère, plus attendri, le petit garçon fonce dans le tas tel un camion bélier mais, lui, a compris comment je fonctionnais.

- T'as raison, tu es fragile. La Viviane que j'ai connu en arrivant dans l'Implosion n'obéissait qu'à son cœur. Elle n'aurait pas pris la parole pour devenir comme Nick et Alix avant lui. Mais je te reconnais encore moins comme ça. Pourquoi doutes-tu de Nick ?

- Il fait parti de l'Enceinte, il ne nous comprends pas.

J'étouffe un sanglot dans ma manche.

- Au contraire, va donc voir Kevin, demande lui si ce soir Nick a menti. Je suis persuadé qu'il te dira non car mon ami n'est pas ce genre de personne. Souviens-toi, il était là pour nous, pour toi et pour l'Implosion.

- Co ... Comment peux-tu dire de telles choses à ton âge ?

Je le gratifie d'un pâle sourire. Snow ...

- Tu sais, jusqu'à aujourd'hui, je n'ai jamais dit pourquoi j'avais changé de nom, Ayden ne le sait pas.

Sa voix apporte une certaine quiétude à ma crise. Je prête l'oreille à chacune de ses paroles, comme on dit, la vérité sort de la bouche des enfants.

A ma droite, une lumière s'éteint.

- Snow ça veut dire neige en anglais. Après la mort de nos parents, un froid glacial m'a engloutit alors pour me montrer fort, j'ai voulu être encore plus froid. Snow est un idéal.

Un flocon campe entre ses mèches orangés, je le chasse et le prend dans mes bras. Ce petit bout a pompé toute ma tristesse et l'épanche contre mon épaule. Son menton au creux de mon cou, je retient ses épaules frémissante.

Je clos mes paupières et trace à la craie un tableau mental. Mes émotions m'ont dépassé et il est rare que ça m'arrive, en trois ans, mes seules crises s'inscrivent dans le mois de Décembre.

A cet instant, le doute n'existe plus. Nick est bon, courageux et sincère. L'Implosion est forte, indestructible et éternelle. Tant que nous serons là les uns pour les autres rien ne pourra nous arriver, certes, la vie traine son lot d'embuche mais nous les surmonterons.

Snow se détache et fond sur son frère. Frigorifiée, je me relève.

- Merci, marmonné-je.

Les garçons me raccompagnent à l'intérieur, la température a nettement chuté à cause de cette fichu porte restée ouverte.

- Demain nous irons retrouver Connor pour monter sur pied un plan d'attaque, plus nous discutons et plus le chronomètre avance. Nous irons sauver Nick et nos amis mais avant toute chose, il faut démanteler notre principal ennemis : le gouvernement, pointe le brun.

Ayden stationne à mes côtés pour m'avouer quelque chose au coin de l'oreille. Snow se dirige vers la cuisine.

- Le monde ne sera jamais tel qu'on l'imagine. Apprend à saisir ce qui est à ta portée et savoure le comme si c'était la dernière chose que tu mangeras ...