Chapitre 41 - Le grand saut

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— Attention ! hurle un jeune Mascule.

Mais son avertissement est noyé par les cris des défenseurs en déroute, et une Appelée passe de vie à trépas d'un coup de crocs lorsqu'un zarde l'attaque en passant tandis qu'elle tient en joue un autre de ces monstres.

J'ai donné des consignes à mon peuple : nous ne sommes pas des guerriers, nous n'avons jamais eu le droit de posséder des armes, ni a fortiori de nous entraîner à leur maniement, alors il est hors de question de jouer les appâts vivants pour retarder ces prédateurs. Chacun d'entre nous aide à sa mesure.

Un rapide coup d'œil me confirme ce que je sais déjà : les zardes ont beau être peu nombreux, ils sont voraces et redoutables, alors ce ne sont pas ces bêtes qui vont reculer. D'ailleurs, les Coupeurs-de-Têtes cèdent le terrain et se regroupent, formant une cible de plus en plus appétissante pour ces créatures insatiables.

Plus que leur faim, c'est leur instinct de prédation qui anime les zardes. Plusieurs de leurs victimes gisent dans leur sillage, coupées en deux d'une morsure ou juste démembrées par la violence de la secousse que ces reptiles donnent pour tuer leurs proies. Le festin, ils le commenceront une fois que tout ce qui bouge encore baignera dans son sang.

Dans cette salle, ici et maintenant, c'est eux ou nous.

Réfléchis, Dava, réfléchis !

Ils ont la force et l'efficacité, et nous la faiblesse et l'inexpérience.

Non ! Réflechis mieux !

On a le nombre.

— Avec moi, Güllvergoths !

Le fameux organe Davadson qui a fait la réputation des Forges bleues fait son office, et tous les miens se rapprochent de moi.

Très bien. Aujourd'hui, nous allons écrire une page de l'histoire altisienne !


***


Par Khater ! Après les feux de l'enfer qui s'éteignent peu à peu, ce sont ces cauchemars rampants qui transforment notre victoire inespérée en massacre inattendu ? Et tous ces enfants armés de fléchettes ! Ils vont se faire tuer comme des lourdins un jour d'abattage !

— Avec moi, Mascules !

Et je me mets à hurler pour rallier à moi tous les combattants qui m'accompagnaient au sol derrière les barricades. Aussi vite que peuvent me porter mes vieilles jambes, je cours vers l'escalier, suivi de la cinquantaine de femmes et d'hommes qui ont répondu présent à mon appel.

Nos meilleurs épéistes.

Il n'y a que le fer pour vaincre ces Peaux-de-pierre !

Les Gardes-Noirs ne les tiennent que par un dressage dès la sortie de l'œuf : ils respectent la main gantée de noir qui les a nourris autant qu'ils craignent l'armure noire qui les a frappés.

Soudain, l'un de ces cruels adversaires s'interpose entre nous et les marches qui doivent nous permettre de porter secours à nos amis en difficulté sur les coursives.

J'ai dû affronter un de ces monstres, il y a longtemps.

Mais je n'étais pas seul, et nous avions des lances.

Je n'ai qu'une épée... mais je ne suis pas seul !

— Mascules ! Épées au clair ! Encerclez et dardez lentement !

La Montagne DécapitéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant