Poudlard Express

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DRAGO

Une locomotive rouge. Des cris. De la joie. Des personnes qui se touchent, se bousculent. Tant de bruits que je ne peux supporter.

Je grimpe les quelques marches qui séparent le train de la terre ferme le plus rapidement possible. Je slalome dans le couloir, mais aucune cabine individuelle n'est vide, alors je rejoins le dernier wagon. Celui-ci ne possède pas de petites pièces comme les autres, mais des tables de quatre personnes entourées de banquettes. Malheureusement pour moi, toutes les places sont occupées par des petites groupes. Ils me regardent comme si j'étais un monstre, un extraterrestre... Ils n'ont pas complètement tort, ce qui fait que je n'ai aucune envie de m'installer près d'eux. Au fond du wagon, je trouve une table presque vide. En effet, il y a seulement une jeune fille assise sur la banquette. Sa tête est appuyée sur la vitre. Ses cheveux bruns et ondulés tombent devant son visage. Des fils blancs sont enfoncés dans ses oreilles et reliés à un objet noir étrange qui ressemble à un miroir. Elle griffonne sur un petit carnet noir, la tête baissée, donc je ne discerne pas les traits de son visage. J'analyse encore une fois le wagon, mais aucune place ne me parait plus intéressante. Je me glisse sur la banquette en face de la brune qui ne relève pas ses yeux de son ouvrage. Quelque chose chez elle me perturbe, peut être parce qu'elle est la seule personne de ce train à ne pas m'avoir complètement dévisagé comme si j'étais le diable en personne.

Au bout de quelques minutes d'attente durant lequel le train a continué de se remplir, celui-ci démarre. Je suis soulagé que personne ne soit venu s'installer à ma table. La fille était silencieuse et c'est tout ce dont j'avais besoin : du calme et de la sérénité. Bien sûr, les autres élèves du wagon parlaient et riaient, mais ils étaient éloignés, et j'arrivais à me détacher du chahut ambiant.

Je fixe l'extérieur. Le paysage défile, j'observe les prairies, le soleil, à tel point que j'ai l'impression que le monde est en paix. Et il l'est. Il l'est réellement depuis que le Lord Voldemort s'est désintégré au milieu de la cours de Poudlard. Remercions tous le puissant Harry Potter d'avoir sauvé l'univers entier. Je soupire intérieurement. Ce mec est exaspérant. Il était l'élu, le seul qui pouvait faire ce qu'il fallait faire, mais il restait tout de même énervant et légèrement imbu de sa personne. Lui et son équipe d'amis sont assis à quelques tables de la mienne. Cette team s'était agrandie depuis la première année. Celle-ci comptait maintenant Luna Lovegood, Neuville Londubat et Ginny Weasley, en plus d'Hermione Granger et de Ron Weasley. Ils semblaient tous joyeux, ce qui m'apportait une légère amertume. Parce que je dois bien avouer que la solitude est dure à supporter, encore plus maintenant.

A cause de la Guerre. Tous ces morts, tout ce sang, tant de tristesse, de peine... Ce jour là, j'avais décidé de rejoindre l'Ordre et les élèves de Poudlard contre les Mangemorts. Lorsque Potter s'était réveillé dans les bras d'Hagrid et que les sorts interdits avaient recommencé à fuser dans l'enceinte de l'école, j'avais mis ma mère à l'abri, puis j'avais escaladé les ruines pour rejoindre mes anciens camardes de classe. J'avais trouvé Granger, qui, entre deux sortilèges à l'intention de ses ennemis, m'avait lancé ma baguette avec un signe de tête. Elle avait compris, seulement avec un regard. De l'entièreté du fameux trio d'or, elle était la moins détestable. Bien sur, Potter m'avait sauvé la vie dans la salle sur demandes, mais lui ne m'aurait jamais rendu ma baguette. Je n'ai jamais pris la peine d'aller remercier de m'avoir fait confiance, et je ne pense pas le faire. Et une fois que j'ai eu récupéré mon arme, j'ai commencé à attaquer les Mangemorts qui s'évertuaient à nous tuer. Et une fois que le Seigneur des Ténèbres eu succombé, ses alliés avaient décampé en vitesse. Le calme avait repris sa place dans le château. Certains avaient pleuré leurs morts, d'autres ont simplement profité de leurs proches. Pour ma part, je suis resté debout, au beau milieu du champ de bataille, à fixer le corps sans vie de mon père. Je n'avais aucune idée la personne qui l'avait fait, et si je l'avais su, je serais probablement allé lui remettre une médaille. J'avais appris au fil des années que ce qu'il me montrait n'était pas de l'amour, et surtout que l'éducation qu'il m'avait donné était injuste. Les moldus ne sont pas si différents de nous. Enfin, si, ils le sont, mais ils sont des êtres humains, et mon père était un connard. Pas une seule fois il ne m'avait montré un quelconque sentiment positif, alors que tout ce que je voulais, c'était son amour, sa fierté. C'est d'ailleurs comme cela que j'avais commencé l'initiation, entre autres. Alors je l'avais fixé pendant des minutes, peut être des heures, jusqu'à ce que l'on m'emmène.

Au gré des cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant