La cinquième maison

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DRAGO

Cependant, lorsque je monte dans la diligence, je revois encore cette fille aux cheveux bouclés, assise, les yeux rivés vers le château. Je reste bloqué quelques secondes sur elle. Pourquoi elle n'a pas de bagages ? Et pourquoi est-ce qu'elle m'intrigue autant ? Est-ce qu'elle me suit pour ma tabasser (comme l'ont déjà fait bon nombre de sorciers depuis la fin de la guerre) ? Elle n'avait plus ses fils blancs enfoncés dans les oreilles, et tenait son carnet noir dans ses mains. Quelque chose chez elle me déroutait profondément.

- Bon, je peux savoir ce que tu attends planté là ? elle demande soudain un peu froidement.

Je me rends compte que je la fixe depuis quelques temps. Elle hausse un sourcil lorsque je m'assois finalement, mais reste complètement silencieuse.

La calèche démarre, et elle détourne son regard de moi. Elle fixe l'école à travers la vitre jusqu'à ce que l'on pénètre fans la forêt. À ce moment-là, elle reporte ses yeux sur l'avant du véhicule. Je ne remarque qu'à cet instant qu'une bête nous tirait. Une sorte de cheval squelettique noir marche tranquillement. Un animal très majestueux malgré son aspect anorexique. Je reste bouche-bée. En sept années, je n'avais jamais vu ces créatures. C'est impossible, comment ce détail a-t-il pu m'échapper ?!

- Ce sont des sombrals... annonce doucement la fille.

Sa voix était calme, posée, presque apaisante. J'avais la bouche entre ouverte, et elle avait dû voir mon étonnement.

- Tu ne les avais jamais vu avant ?

Je secoue négativement la tête, toujours captivé par la créature. En y réfléchissant bien, je n'avais jamais vu la fille non plus.

Elle reste silencieuse, et je vois dans son regard un éclat de tristesse, bien que son visage soit fermé à toutes émotions. Ses grands yeux verts sont très expressifs, trahissant son âme. Un instant, ils me font penser à ceux de Potter, mais finalement, ils sont bien plus jolis que ceux de cet imbuvable personnage. Discrètement, je détaille la fille qui se trouvait en face de moi. Les boucles brunes qui entouraient son visage s'arrêtaient au niveau de ses épaules et lui donnaient un aspect angélique. Elle portait une chemise blanche, un pull et une robe de sorcier classique. Cependant, elle n'avait pas de blason, ni de couleur sur sa tenue, comme celles que l'on a en première année. En bas, elle avait (étonnement), un jean noir. La tenue traditionnelle pour une fille est composée d'une jupe. Elle ne portait aucune cravate de couleur. Je n'ai aucune idée de qui elle est. Toutes les huitième année avaient remis leur cravate aux couleurs de leur maison (même moi). Elle remarque que je la fixe depuis un petit moment (encore) alors elle m'imite. Je n'arrive pas à savoir si elle sait qui je suis...

Enfin bref, nous finissons par arriver devant le château. Je descends en premier et jette un œil aux réparations qui ont été faites. Comme si de rien n'était... La fille derrière moi semble tout à fait émerveillée par ce qu'elle voit, comme si c'était la première fois. Ne voulant pas arriver en retard à la cérémonie de début d'année, j'entre dans l'école par l'immense porte en bois. Je prends tout de suite à droite et m'arrête devant la Grande Salle, là où le reste des huitième année attendait. Je retrouve Potter et son insupportable groupe de héros (ne manquait que Weasley Femelle qui était en septième année et qui devait déjà être entrée). Nous ne sommes pas beaucoup à avoir choisi de finir nos études. Zabini me fait un signe de tête. Je l'imite, mais ne part pas le rejoindre. Je n'ai pas envie de le voir, je n'ai pas envie de lui parler, je n'ai pas envie de faire comme si tout était normal. Je m'adosse au mûr, et observe des élèves des autres années entrer dans la grande salle par petit groupes.

Le directeur de l'école rejoint finalement notre groupe. Certains élèves sont très heureux de le revoir, dont Potter et sa petite équipe. Il nous regarde un par un avec un regard nostalgique avant de reprendre son impénétrable face de pierre.

Au gré des cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant