Magie noire

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SEVERUS

Je ne sais comment, nous avions finalement réussi à convaincre Drago de sortir et d'aller se reposer. Il avait dans les yeux une désolation plus que profonde. Et il avait des raisons de l'être. Mais, cela n'a plus d'importance maintenant. Cassie est en vie. Elle va bien. Nous n'avons plus de soucis à nous faire.

- Tu veux manger quelque chose ? je propose une fois que les quatre adolescents ont (enfin) quitté la pièce.

Cassie fait un léger haussement d'épaule, qui ressemble plus à un « non » qu'à autre chose. Je fronce les sourcils.

- Tu dois manger...

Elle esquisse un léger sourire moqueur.

- Si je n'ai pas le choix, pourquoi tu demandes...? elle réplique en grimaçant.

Chaque parole semble la faire énormément souffrir, et sa voix est rauque, fade. Ce n'est pas réellement la sienne, en réalité.

- Tu as mal quand tu parles ? je m'inquiète.

- Un peu...

Je savais qu'elle minimisait sa douleur, pour ne pas m'inquiéter plus que nécessaire, mais le fait qu'elle avoue sa douleur est déjà un indice sur son état. Je lui lance un regard désolé, encore, puis la laisse quelques minutes. Je rédige une lettre pour Chainrae. Avec l'incident du sortilège d'amnésie, je préfère ne rien donner à Cassie pour l'instant. J'ai quelques potions qui pourraient faire baisser la douleur, mais je veux être prudent. Parce que même si elle n'est plus touchée pas les vagues de douleur dues au Doloris, son corps a souffert. Énormément. J'ai même du mal à l'imaginer, à y penser.

Je liste donc rapidement ses symptômes dans la lettre, et l'envoie à la médicomage. Lorsque je reviens à la pièce principale, Cassie fixe la cheminée, le regard perdu. Elle avait la même expression à la fois terrifiée et profonde que lorsque je l'ai recueillie, l'année dernière. Je me souveins très bien qu'elle passait des heures et des heures à fixer l'extérieur, ne voulant qu'une seule chose, y aller. Même s'il faisait nuit. Même s'il faisait froid. Même s'il pleuvait. Surtout quand il pleuvait, en réalité.

- Alors, que veux-tu manger ? je me renseigne afin de m'empêcher d'y penser.

Elle arrive presque à dissimuler le sursaut qui l'anime à ce moment là, et soupire légèrement.

•     •     •

- Alors... tu n'as pas parlé ? Tu les as laisser te passer sur le corps encore et encore...? j'ose finalement demander.

Cassie avait accepté de manger un peu, mais elle n'avait pas énormément de forces. Je crois qu'elle l'avait surtout fait pour me faire plaisir, et ça a marché. Je n'avais pas trop abordé le sujet qui fâche, mais je n'en pouvais plus. J'avais besoin de savoir.

- Je n'ai rien dit, non. Cela aurait été pire sinon...

- Pire que d'être torturée ? Pire que le Doloris...

Je n'arrivais pas à la concevoir. Qu'est-il de pire que cela ?

- Pire que tout Severus... elle soupire.

J'arrivais pas à comprendre. Pourquoi avaient-ils besoin d'elle ? En quoi est-elle si importante ?

- Ils avaient besoin de toi, je soupire. Est-ce que cela a un lien quelconque avec ta... ta condition... avant que tu ne viennes vivre chez moi ?

Au gré des cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant