Train et retour à la réalité

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DRAGO

Le soir, après avoir récupéré toutes nos affaires, nous retournons vers la gare. La joie de Cassie persiste, même au moment où nous nous installons dans le train.

- Au fait, tu ne m'as pas vraiment dit ce que tu en avais pensé...

Elle parlait de sa prestation avec Eden. Mais son stress était notable, elle triturait un des morceaux de sa jolie chemise bleue.

- C'était bien... je lance en haussant les épaules.

Mon sourire s'agrandit à mesure que je vois son visage se décomposer. J'avoue que je ne suis pas très gentil sur ce coup là. Mais elle l'a bien cherché...

- Arrête de faire cette tête. Je me moque de toi Cassiopée. C'était géniale. Tu étais... vraiment resplendissante sur cette glace.

Elle est visiblement touchée par mes paroles, et laisse enfin son vêtement tranquille. Son sourire est tellement grand qu'il est communicatif.

Elle récupère son appareil modlu (son téléphone c'est cela ?) et vient s'asseoir à côté de moi. 

- Musique ?

Je hoche la tête, la laisse installer ses fils blancs, et la musique nous emporte alors que le Poudlard Express démarre. À un moment, Cassie finit même par s'endormir, la tête posée sur mon épaule. Cela me fait sourire. Parce qu'elle se sentait assez en confiance avec moi pour se le permettre. Tous ces petits gestes tendres qu'elle a envers moi me fait du bien. Petit à petit, je m'y habitue. J'ai peur qu'elle finisse par disparaître. Et pourtant elle est là, endormie sur mon épaule, en train de dormir. Elle sent bon, d'ailleurs. Une odeur de café et de miel.

Pourtant, je remarque subitement une cicatrice partant de l'arrière de son oreille, et descendant dans sa nuque. C'est une longue marque blanchâtre. Comment est-il possible que je n'ai jamais remarqué ce détail ? Elle en possède d'autres d'ailleurs. Ces marque me font penser à celles que je porte dans le dos, que mon père m'a infligé. Ce sont des cicatrices qui proviennent de blessures profondes, et probablement douloureuses... Elle n'en a pas que dans le dos, mais aussi sur les bras, les poignets. Mais qui est cette fille à la fin ? Et d'où vient-elle ? Et comment a-t-elle eu cela ?! Je me rends compte qu'en réalité, je ne sais rien d'elle. Et cela se confirme encore.

Dans mon questionnement, je bouge légèrement. C'est suffisant à la réveiller. Lorsque son regard vert croise le mien, elle comprend quelque chose. Un éclat brillant traverse ses prunelles. Aussitôt, dans la précipitation, elle se lève et l'éloigne de moi. Elle récupère sa chemise et l'enfile en quatrième vitesse. Ses marques disparaissent sous le tissu. Son téléphone finit au sol dans un fracas, mais je ne me penche pas pour le récupérer.

Elle est complètement paniquée, je le vois à ses yeux, mais elle ne dit strictement rien. Elle reste silencieuse comme une tombe. Elle se rassoit en face de moi, et joue nerveusement avec ses mains, le regard baissé. Seul le bruit du train résonne entre nous, et je suis mal à l'aise. Devrais-je lui parler ? De ces cicatrices ?

- Tu les as vu, n'est-ce pas ?

Elle parlait de ses marques blanches. Où les a-t-elle reçus ? Et comment fait-elle pour les cacher ?

- Oui.

Ma réponse la fait infiniment souffrir, comme si le malheur s'abattait sur ses épaules. Sa mâchoire se contracte légèrement, ses paupières se verrouillent.

De mon côté, je m'en veux d'avoir vu cela. Parce que ça lui fait du mal. Elle récupère sa baguette, et donne un léger coup dans l'air. Un sort informulé plus tard, et je suis sûr que ses marques ont disparu. Probablement un sortilège de désillusion. Ce sort s'arrête lorsque la personne qui le porte s'endort. Cassie récupère son carnet noir dans son sac et commence à griffonner dessus, pendant de longues et pesantes minutes. Elle ne relève jamais les yeux vers moi, jette parfois un œil vers l'extérieur, mais c'est tout.

Au gré des cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant