La Fille derrière la porte

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DRAGO

La pièce est absolument minuscule. Les murs et le sol sont en béton. L'endroit dégage une ambiance sombre, lugubre, et froide. En réalité, il fait froid. Mon souffle forme une épaisse fumée blanche depuis que je suis entré. De grosses attaches en fer sont présentes, ainsi que plusieurs chaînes. Oh mon Dieu... Cet endroit ne doit pas faire plus de 6 m²... Et cette fille vivait ici ? Il n'y a pas le moindre meuble ! C'est absolument inhumain. Mon regard est attiré par des tâches. Des tâches de sang. Certaines semblent très anciennes, d'autres datent de seulement quelques mois... Juste avant la Guerre, en somme. Timidement, j'entre et fais le tour. Pas de fenêtre, pas de lumière, pas de salle de bain... Par Salazar, cette femme vivait un enfer pire encore que ce que je croyais. Cela fait froid dans le dos. Et... où est-elle maintenant ? J'espère qu'elle est libre, loin de mon père (qui de toutes façons est mort) et de cette vie.

- Elle est morte, dit soudain une voix.

Je ne peux m'empêcher de sursauter, et de poser ma main sur ma baguette. Mais, ce n'est que ma tante, qui fait le tour de la pièce avec un sourire malsain.

- C'est ce que ton père m'a dit avant la Bataille finale qui l'a achevé... Vu ce que Lucius lui faisait, je ne comprends pas qu'elle n'aie pas péri avant cela...

Cette révélation me donne des frissons. Cette fille a juste vécu des milliards d'heures de supplice... pour juste... mourir ?

- Tu l'avais déjà vue ? je me hasarde à demander.

- Une fois, ton père me l'a prêtée... C'était il y a des années, c'était encore une petite gamine pleurnicharde à l'époque. Elle ne faisait que hurler, ce qui n'était pas plus mal... Mais elle s'éteignait trop vite à mon goût.

Elle parle de cette fille comme d'un objet... C'est encore plus apeurant. On ne peut pas prêter une personne...!

- Qui était-elle ?

- Je n'en sais rien, elle hausse les épaules, le Maître l'avait apparement offerte à ton père, et lui avait seulement demandé de la garder en vie, de ce que j'en sais. Il n'avait cependant pas interdit la torture. Je crois que ton père aimait passez du temps ici... elle ajoute avec un sourire.

Je n'arrive pas à comprendre cela. Comment est-il possible d'aimer faire souffrir quelqu'un ? Cela n'a aucun sens. Il n'y a aucun plaisir à voir la douleur sur le visage de quelqu'un d'autre. Et maintenant, cette fille est morte. Je me souviens qu'elle avait mon âge, à peu près, quand elle était hors de cette pièce, alors elle a vécu la quasi-totalité de sa vie enfermée dans ce placard à balai répugnant. Elle n'a connu que la peur, la souffrance.

- Ton père a bien fait de la tuer.

- Pourquoi ? Je veux dire, je me reprends aussitôt, je croyais que le Seigneur des Ténèbres la voulait en vie ?

Elle m'analyse, puis rit légèrement.

- Je ne sais pas ce qu'il voulait à cette fille, mais elle n'était qu'une immonde sang-de-bourbe, c'est ce que disait toujours Lucius. Il ne l'appelait même pas par son nom, si tant est qu'elle en avait un. Elle ne méritait pas la vie, ni la nourriture que ta famille lui accordait, parfois.

Je me retiens de ne pas soupirer. Je ne me rends compte que maintenant du niveau d'évolution de mon point de vue par rapport aux statuts des sangs. Certes, les moldus sont stupides, et je ne les aime pas (surtout Clément), mais ils méritent la vie autant que les sorciers.

- Enfin bref, j'étais venue m'assurer que cet endroit était toujours en état de recevoir du monde...

Elle veut... Quoi ?! Elle veut enfermer Cassie dans cet endroit lugubre et effrayant ?

Au gré des cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant