Ciel sombre

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DRAGO

J'ai réussi à rejoindre mon dortoir, même si je suis complètement vide. J'y ai cru. J'ai cru qu'elle pouvait m'aimer. Que même après mes erreurs, elle aurait pu me pardonner. Mais voilà, elle ne l'a pas fait. Et elle me répète qu'elle ne ressent plus rien.

C'est tellement douloureux. J'ai l'impression qu'on m'enfonce des pics en acier chauffés à blanc dans le cœur. Parce qu'il n'y a plus d'espoir qu'elle revienne. Aucun. Pourquoi le ferait-elle, si elle ne ressent plus rien ? Je peux toujours essayer. Mais cela ne servirait à rien. À rien du tout. Plus rien n'a de sens. Comment faisais-je pour vivre avant de connaître ce qu'elle m'a apprit, de la connaître elle, l'incroyable personne qu'elle est ?

- Drago ?

Blaise venait d'entrer dans la chambre.

- Tu n'es pas revenu en cours, même après le cours de Cooperfin, je me demandais où t'étais...

Il me sonde du regard, puis vient s'asseoir avec moi sur le rebord de la fenêtre. Zabini qui s'inquiète pour moi... on aura tout vu !

- Alors... tu lui as parlé ?

J'avais fini par lui raconter. Enfin, juste lui dire que j'avais mal agi et que je devais faire quelque chose. Je n'allais pas lui dire que je l'aime non plus ? Je lui ai aussi expliqué qu'il fallait que je sache ce qu'elle ressentait par rapport à moi. Cassie m'a appris à avoir des amis, et elle n'est pas là pour voir les progrès que je fais. Je suis ami avec Blaise. Vraiment. C'est étrange. Et là, il comprend que mon état a un lien avec Scott, parce que c'est mon ami... Il n'a pas forcément été de bons conseils (en même temps, il n'est pas plus tombé amoureux que moi...), mais au moins, il m'avait écouté.

- Je... Elle a dit qu'elle ne m'aimait plus.

Le métis me regarde avec compassion. Mais je ne veux pas de cela. La compassion, c'est nul, surtout comparé à l'amour. Ce que je veux, c'est elle.

- Comme ça tu pourras passer à autre chose... reprend-il en posant sa main mon épaule.

Mais je ne veux pas passer à autre chose. Avant, je ne voulais pas d'elle. Mais, je l'ai rencontré. Elle m'a tant appris. Puis elle est sortie de ma vie, me laissant avec ma souffrance et mon désespoir.

Zabini reste un moment à côté de moi après cela. Il me raconte quelques trucs, me dit qu'il m'a noté les cours que j'ai raté, et me parle d'une fille qu'il a rencontré dans les couloirs. Je fais mine de l'écouter, mais je suis ailleurs. Mon cerveau est bloqué dehors, sous la pluie. Avec un temps pareil, Cassie aurait voulu sortir, quitte à être complètement trempée. Et je l'aurais stupidement suivi, rien que pour voir son visage emprunt de bonheur. Rien que pour voir ce sourire sur ses lèvres.

- Tu veux venir manger ? il me propose après s'être levé.

- Mmh non...

Il hausse les épaules, et quitte silencieusement le dortoir.

Avec tout cela, je n'ai même pas pensé au Mangemorts, ni à ma mère. Mais je n'en ai pas envie non plus. Je m'y intéresserais lorsque je sortirais de Poudlard. Pour le moment je vais juste me coucher et espérer dormir. Avec un peu de chance, j'arriverais à dormir vite, pour que la réalité disparaisse.

• • •

Malheureusement, le lendemain matin, tout me rappelle à ma souffrance. Cassie, à table avec ses amis. L'évasion des mages noirs, en première page de la Gazette du Sorcier. Mon nom, dans toutes les bouches. Je m'assois donc en face de Blaise, faisant abstraction des chuchotements. J'y suis habitué, de toutes manières.

Au gré des cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant