/Alex/
Je suis un con. J'aurais dû prendre une seule chambre, mais j'avais peur qu'elle se sente brusquée. Pourtant ce n'est pas comme si nous n'avions jamais dormi ensemble...Je l'ai laissée s'éloigner dans le couloir. J'ai été incapable de la retenir.
Je suis con ! Et tu es en train de tomber amoureux.
Je tourne et retourne dans mon lit. Je sais que je ne trouverai pas me sommeil en restant seul à faire du tourne et retourne dans ces draps froids. Je dois la rejoindre, même si c'est juste pour la voir, elle m'apaise. Je décide donc de tenter le tout pour le tout et de la rejoindre dans sa chambre.
Je tente de me persuader qu'elle ne me rejettera pas.
Je me chausse et décide de sortir de cette pièce étouffante, je prends mes clopes, je compte en fumer une avant de la rejoindre. Une fois ma dose de nicotine ingérée je peux enfin tenter de toquer à sa porte. J'hésite, je pense qu'elle dort, je lève ma main, prêt à taper à sa porte, je la baisse. J'exerce ce schéma pendant cinq bonnes minutes. Je ne me suis jamais senti aussi vulnérable.
Je finis par prendre mon courage à deux mains et toquer. Mon cœur résonne tellement fort dans mon corps que je n'entends pas le bruit de mes coups.
Je n'attends pas longtemps avant que le visage adorable d'Elsa apparaisse dans l'embrasure de la porte. Un petit sourire timide se dessine derrière ses magnifiques lèvres.
-Oh Alex tu m'a fait peur ! Tout va bien ?
-J'avais du mal à...enfin laisse tomber. Désolé de t'avoir réveillée.
Je me retourne et prends le chemin de ma chambre tout en m'insultant mentalement.
-Tu veux pas rester avec moi ?
Ses mots résonnent autant dans ma tête que dans le couloir vide.
-Je n'arrive pas à dormir, ajoute-t-elle timidement.
Je soupire de soulagement. Cette fille broie mes principes et mon cœur avec.
-Tu veux entrer ?
Je regarde mes pieds, gêné, elle l'est aussi. Nous sommes ridicules.
-Si ça ne te dérange pas...
-Bien sûr que non.
Elle ouvre la porte en grand et rigole, ce qui me fait sourire. Elle est adorable dans son pyjama. Dans cette tenue sa perte de poids saute aux yeux. Mon coeur se serre. Elle est en train de malmener son corps, et je me sens totalement impuissant.
En entrant elle veux aller allumer la lumière mais elle s'emmêle dans ses pieds et tombe à la renverse. Je me précipite vers elle. Je m'interpose entre elle et la table de nuit. Nous tombons tous les deux à la renverse et éclatons de rire. Elle plante son nez dans mon cou et me remercie dans un murmure. Je suis totalement désarticulé mais nous avons évité un drame !
Quand elle se libère de mes bras je ressens comme un sacré vide.
-Tu veux bien dormir avec moi, cette chambre m'effraie un peu ? Enfin je ne veux pas te forcer, si tu préfères retourner dans ta chambre, ou pas. Je...je ne sais pas ce que tu veux faire.
Elle est trop mignonne quand elle hésite et stresse comme ça. Adorable.
Je hoche la tête, m'approche du lit et m'allonge du côté libre.
Quelques minutes passent, nous nous tournons le dos, j'ai tellement envie ne serait-ce que de lui prendre la main, mais comme toujours j'ai peur de lui faire peur, de la brusquer. Je veux qu'elle choisisse. Quand elle m'a confié la dernière fois qu'elle avait déjà eu peur de moi je me suis sentis con. J'ai eu l'impression d'avoir échouer. Pour la première fois de ma vie je me suis réellement remis en question.
Mes yeux commencent à se fermer je n'en peux plus. Quand soudain je sens qu'elle s'emboite derrière moi en cuillère. Je me retourne, nous sommes face à face. Nous nous regardons dans les yeux, je place comme à mon habitude ma main sur sa hanche et la sienne sur la mienne. Nous restons dans cette position de longues minutes.
Avant de sombrer dans le sommeil je lui embrasse le front et me tourne sur le dos, sa main toujours dans la mienne. Et avant qu'elle ne sombre dans le sommeil elle aussi, elle se recroqueville sur moi, sa tête sur mon cœur. Et je me dis que plus rien ne peux nous arriver. Je ne suis pas au bout de mes peines.
/Elsa/
J'ouvre les yeux dans un mouvement brusque. Je viens d'être réveillée par des coups venant de ma porte. D'abord prise de panique, je décide de me lever et de regarder à l'œillère. C'est la silhouette d'Alexander qui se reflète. Il semble indécis et ensommeillé.
Nous parlons quelques secondes sur le pas de la porte jusqu'à ce que je lui propose d'entrer. Un effort surhumain pour la timide que je suis. Je ne sais pas pourquoi mais dans mon pyjama je me sens vulnérable. Il est toujours si charismatique que ça en devient indécent. Même au beau milieu de la nuit il est beau !
Puis il entre. Je lui propose de dormir avec moi, je ne sais pourquoi. Il accepte et comme toujours des papillons volent dans mon estomac.
Bon sang mais il y en a toute une colonie !
Quand je réalise que nous sommes dans le noir, je me précipite vers la lampe chevet pour avoir un peu de lumière mais mes deux pieds gauches s'emmêlent entre eux ce qui me fais tomber à la renverse.
Encore une fois, me hurle cette petite voix.
Est-ce normal ? Je crois bien qu'il me manque une case sur ce point-là. Un gène de maladresse a été implanté dans mon ADN. Je ne vois que ça comme explication rationnelle à toutes mes bourdes.
Soudain je sens ses bras, une drôle de sensation me traverse quand je me rends compte que quelqu'un est là pour moi. Bête mais réel. Tout au long de ma vie les gens me laissaient tomber au propre comme au figuré, ils me laissaient tomber à cause de ma maladresse mais aussi à cause mes problèmes trop lourds. Mais Alex aujourd'hui m'a écouté sans s'enfuir et vient de me rattraper au lieu de me laisser m'éclater contre le sol de cette chambre. Nous restons quelques secondes enlacés avant que je ne me relève.
Je me couche du côté droit du lit double, mon côté a vitam aeternam. Il s'installe à gauche, comme lors de nos nuits clandestines dans ma chambre. Il ne dit rien sur la lumière allumée de la salle de bain. Nous nous tournons le dos, je n'aime pas ça. Alors je me retourne et m'emboite dans son dos ma main sur la sienne, lui aussi se retourne, m'embrasse sur le front et je me rendors paisiblement, rassurée dans les bras d'un garçon brisé.
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Until the last petal falls (terminé)
Romance/Seront-ils leur plus belle cicatrice ?/ « Un. Deux. Trois. Dans ma vie j'ai toujours ressenti le besoin de compter. Compter mes respirations pour refouler mon passé. Compter pour affronter le lendemain. Quatre. Cinq. Six. Je compte mes cicatri...