/Alex/
Je claque la porte derrière moi. L'odeur qui plane dans le salon me réconforte. Ce que c'est bon de rentrer chez soi ! Je m'empresse d'aller dans la cuisine. Je suis affamé. Justin avait plus de drogues que de bouffe chez lui. Ce mec tient un réseau impressionnant. J'avais un peu l'impression de trahir Elsa en allant me réfugier chez lui. Mais je n'avais nulle part où aller.
Elle m'a beaucoup manqué. C'est fou comme tout chez elle me réconforte. Comme si depuis toujours mon corps attendait de le sien. Je l'ai trouvée amincie. En si peu de temps c'est assez inquiétant mais je n'ai pas vraiment mon mot à dire, je n'étais pas là.Après avoir avalé l'équivalent d'un mois de nourriture, je remarque un verre cassé dans l'évier. Un morceau est plein de sang. Je le prends entre mes mains pour l'examiner. Le liquide rouge est sec, il doit être là depuis un bon bout de temps. L'inquiétude commence à monter en moi. Ce n'est jamais un bon présage de trouver ça, surtout chez moi.
Je monte ensuite dans ma chambre et me glisse sous la douche. L'eau ruissèle sur moi et je n'ai jamais été aussi heureux d'être à la maison. J'enfile ensuite des vêtements propres, qui sentent la lessive de ma mère.
La porte d'Elsa est entre-ouverte et je me glisse à l'intérieur de sa chambre. Je sais que je ne devrais pas. C'est son intimité. Mais son odeur imprègne la pièce et je me sens bien. Je repense à ce qu'il s'est passé seulement une heure plus tôt, et à comment les choses ont tourné. Mes doigts caressent la trace indélébile que ses lèvres ont laissé sur les miennes. Sa bouche est si pure en opposition à la mienne.
Attends ? Je suis vraiment en train de me caresser les lèvres la ?
Mes yeux se posent partout à la fois. Je veux m'imprégner des détails de sa chambre. Sur son bureau trainent quelques feuilles de cours. J'inspecte son écriture et elle est à son image, raffinée et méticuleuse. J'adore remarquer les annotations qu'elle a faite dans la marge. Elle réagit sûrement aux propos de sa prof et c'est très drôle, un peu comme la face cachée d'Elsa. Son lit est bien fait et je remarque une peluche cachée sous l'oreiller. Je l'attrape et examine l'objet. C'est un petit ours couleur chocolat. Il lui manque une patte et son oreille droite est toute abîmée. Je le repose et remarque sa grande bibliothèque. Je me souviens du raffut qu'avait fait Chris en installant le meuble.
Elle est maintenant remplie de livres en tout genre. Mais je remarque que certains sont exposés sur sa table de nuit. Ils sont tous remplis d'annotations.
Je finis par m'asseoir sur le lit et commence à feuilleter les pages. J'ai toujours détesté lire. Mais m'imprégner des phrases surlignées me fait me sentir une fois de plus, plus proche d'elle.
Au bout de quelques minutes je tombe de fatigue. Rester dans ce lit n'est pas convenable. Mais je suis seul et je ne compte dormir que peu de temps. Alors je m'allonge et rêve de son odeur.J'aperçois une silhouette qui se tient contre le chambranle de la porte que je n'avais pas pris soin de fermer visiblement. Mon esprit est embrumé et pour une fois que ce n'est pas à cause de l'alcool ou d'une quelconque drogue, mais seulement par ce rattrapage massif de sommeil. Je crois discerner la silhouette de la fille qui hante mes pensées, enfin c'est ce que mon inconscient souhaite voir je suppose.
-Elsa ?
-Non, soupire ma mère. Ce n'est que moi, Elsa est chez Marie ce soir.
-Bien.
Je regarde autour de moi. Je ne suis pas dans ma chambre. La pendule indique dix-neuf heures.
J'ai dormi autant de temps ?Ma mère repart dans le couloir, un air déçu plaqué sur le visage. Si ma mère baisse les bras, le dernier espoir vient de mourir, c'est un peu comme si le dernier pétale de la rose venait de tomber, le malheur s'abat à jamais sur cette famille. Je désire tout sauf cela, alors je me lève, pars à la poursuite de ma mère et laisse donc mon ego surdimensionné dans la chambre.
-Pourquoi maman ? Pourquoi on en est arrivés là ?
-Ton comportement Alex... c'est grave qu'une mère ne s'inquiète même plus quand son fils fugue pendant près de quinze jours. Tu as changé, c'est toi qui l'as décidé. Tu es majeur. Alors ne vient pas pleurer maintenant.
-Maman..., les larmes menacent de couler mais elle vient de me dire ne pas pleurer, alors je l'écoute car c'est ma mère.
-Alex, tu es parti pendant deux longues semaines, tu veux savoir ce que j'ai ressenti ?
Elle pleure, et à mon tour les larmes coulent, tant pis pour les ordres.
-Maman ne pleure pas s'il te plait...
-Laisse-moi finir s'il te plait ! Les premiers jours j'étais rongée par la culpabilité, je me demandais ce que j'avais encore pu bien faire ou dire pour te vexer au point que tu décides de partir. Elsa l'avait bien remarqué, alors elle est venue me voir et m'a tout raconté. Les nombreuses marques sur ton corps, ta dernière bagarre plus violente, ses agressions. Elle me répétait qu'à chaque fois tu avais une bonne raison, mais je te connais mieux qu'elle et je sais que tu te caches derrière ce comportement.
Tout se bouscule dans ma tête, les paroles de ma mère me touche au plus profond de mon âme. Elsa, elle a pris soin de ma mère pendant mon absence, cette femme n'est qu'étrangère pour elle mais elle en a pris soin, cette fille en or a un cœur, elle.
-Je suis désolé.
En disant ces trois petits mots ma voix déraille, je mets tout mon cœur et mon âme dans cette parole car je ne parle pas que de ma fugue mais aussi de tout ce que j'ai fait subir à ma mère ces dernières années. Je pense ce que je dis pour ce qu'il me semble être la première fois de ma vie. Ce rejet de la part de ma mère m'a fait un électrochoc, ma mère est réellement la seule personne qui me reste sur Terre, je ne peux pas accepter qu'elle m'oublie de cette manière. Je veux qu'elle m'aime à nouveau, comme quand j'étais un petit garçon.
Mais elle détourne le regard et pleure un peu plus. Ce n'est pas la réaction que j'attendais. J'ai peur de perdre ma mère pour de bon alors je dis ces trois petits mots, sept minuscules lettres qu'elle n'a pas entendues depuis ce qu'il me semble des siècles.
-Je t'aime maman, ne m'abandonnes pas.
Elle éclate en sanglots.
-Je ne t'abandonnerai jamais Alex, mais c'est toi qui es parti tout seul. Assume tes conneries mon chéri. Je t'aime aussi, depuis toujours et à jamais...
La porte d'entrée claque. Ma mère s'interrompt, l'autre connard arrive en titubant, il profite du seul soir où Elsa n'est pas là pour rentrer bourré.
-Ah le retour du fils prodigue ! Pourquoi t'es rentré on était bien sans toi. Tous les trois !
Il insiste bien sur le dernier mot, que veut-il réellement dire sur la place d'Elsa dans cette famille pour lui ?
-Oh mon petit Chris avoue que non, avoue que je t'ai manqué. Tu n'avais plus personne sur qui gueuler, plus de raisons de te plaindre. Tu aimes trop ce bordel que je fous dans ta vie !
-Petit quand t'es pas là, je peux régner sur cette maison, faire ma loi, ta mère m'appartient enfin.
Et là je regarde avec plus d'attention ma mère. Sa main est droite est fermement agrippée à son bras gauche, comme si elle souhaitait faire disparaître quelque chose. Je me dirige vers elle et remonte sa manche. Une coupure entaille sa main et longe son bras, la blessure est superficielle mais pas très belle à voir. Et là je comprends, le verre brisé dans la cuisine, la tête bizarre que faisait Elsa ce matin en sortant de la maison. Elle avait vu la même chose que moi.
-C'est lui qui t'a fait ça ! je chuchote à ma mère. J'en étais sûr, je me mets à hurler
Elle pleure encore plus, je prends cela pour un oui. Ce n'est pas la première fois que je vois des choses suspecte sur le corps de ma mère. Quand j'avais tenté d'en parler à Elsa elle ne m'avait pas cru. Mais là, je le tiens ce connard. Je vais lui faire sa peau.
-Maman, putain je le savais.
Les larmes de ma mère redoublent.
Je débloque complet, le prends par le col, le fais ressortir à l'extérieur et le fou dehors, ma mère n'aura plus le choix. Je le vire de chez nous.
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Until the last petal falls (terminé)
عاطفية/Seront-ils leur plus belle cicatrice ?/ « Un. Deux. Trois. Dans ma vie j'ai toujours ressenti le besoin de compter. Compter mes respirations pour refouler mon passé. Compter pour affronter le lendemain. Quatre. Cinq. Six. Je compte mes cicatri...