Chapitre 13

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/Alex/

Nous marchons main dans la main. Elle s'accroche à moi comme si j'étais son bouclier. Elle est apeurée de chaque bruit de la ville endormie. Nous nous sommes un peu éloignés de l'appartement, notre itinéraire prend plus de temps que je ne le pensais.

J'ai envie de l'embrasser. J'ai envie de lui faire oublier ce qu'elle vient de vivre. J'ai envie qu'elle se sente en sécurité avec moi. J'ai envie de revoir son sourire. J'ai envie de lui faire senti mon toucher, lui montrer qu'elle peut se sentir belle. 

Elle se laisse guider, totalement pantelante. Je sors mes écouteurs et décide de lui faire écouter de la musique pour qu'elle se détende. Elle attrape celui que je lui tends et branche le fil sur mon téléphone. Pour la faire rire je mets la musique de Grease. Message subliminal ou non, j'arrive à lui tirer un sourire.

Elle fredonne l'air de la chanson et mon pouce commence à dessiner des cercles réguliers sur sa paume. Je sors une cigarette et profite pour fumer une dernière fois avant de rentrer.

-ça t'apportes quoi de fumer ? me demande-t-elle avec ses grands yeux.

-Franchement rien. Ça fait des années mais je n'arrive pas à arrêter.

-ça fait quoi comme sensation ?

-Au début tu t'étouffes un peu, mais très vite c'est remplacé par la sensation d'être comblé. Tu sais que tu es en train de te détruire silencieusement mais tu continues, parce que tu as dépassé le stade de fumer pour fumer. Tu fumes juste pour t'éteindre. 

Elle penche sa tête sur le côté et vient se planter devant moi. Elle est adorable. Mon odeur se serre face à ses réactions enfantines, elle tout sauf une enfant.  La pluie recommence à tomber sur nous, ses cheveux se retrouvent totalement trempés en quelques secondes. Nous courrons nous abriter à quelques mètres de là. Elle grelotte.

-Tu as froid ? 

-Un peu. C'est à force d'être mouillée je crois. 

J'enlève ma veste en cuir et lui tend.

-Met le. Ce n'est pas le plus chaud mais c'est mieux que rien.

-Non je ne disais pas ça pour ça...

-Et moi je ne fais pas ça pour ça. T'es glacée et je ne l'avais même pas remarqué.   

-Merci.

Un petit sourire se dessine sur ses lèvres, c'est tellement mieux quand elle sourit. Elle enfile ma veste et reprend sa main juste après. Ce geste me donne des frissons dans tout le corps. Ça fait bien des années que je ne ressentais plus rien.

Je me penche en avant.

Je vais l'embrasser. Je vais...

Ses lèvres se rapprochent tellement des miennes que nos soufflent se mêlent. Sa bouche rouge m'appelle. Elle sent le parfum et ses cheveux dégagent une odeur de vanille. Ses yeux se fixent sur ma bouche, et j'ai l'impression que le temps s'arrête. c'est comme si j'vais vécu toute ma vie dans l'ombre et que son souffle mêlé au mien apportait enfin de la lumière. 

Le tonnerre raisonne. C'est comme si le ciel nous rappelait à l'ordre. Alors nous nous écartons. Elle se mord la lèvre inférieure et j'ai vraiment envie de me jeter dessus. Mais je ne sais pas vraiment ce qui m'en empêche.

Nous marchons dans le silence. Nous arrivons cette fois devant la maison mais des cris se font entendre dans le hall de l'immeuble. Maman et son imbécile de mari doivent encore se disputer pour un rien. Quand nous nous approchons nous entendons plus qu'une simple dispute, des pleurs et des bruits de verre cassé, mais que peut-il bien se passer là-dedans ?

Je me tourne vers Elsa et je vois que ses yeux sont humides et qu'une larme coule sur sa joue. Je ne comprends pas pourquoi mais ce n'est absolument pas le moment de lui poser la question, alors j'essuie sa joue et la prend dans mes bras. Elle enfouit sa tête dans mon sweat, et mon cœur s'emballe. Cette fille n'est pas comme toutes les autres. C'est comme si je sentais le besoin de la protéger et de la... sauver ? Même si une impression de chaos règne de l'autre côté du mur, je sens la plénitude m'envahir.

Ses larmes coulent toujours et je ne sais pas comment les arrêter alors je la prends par la main, il fait trop froid dehors pour y retourner alors nous entrons avec le plus de discrétion possible. J'ai l'intention de monter à l'étage sans faire d'esclandre pour qu'Elsa puisse se calmer dans sa chambre. Mais j'entends cette phrase. Prononcée par mon beau-père, rien que le son de sa voix m'irrite mais là c'est trop.

-Cette enfant ne mérite pas de vivre dans la même maison que ton fils ! C'est un délinquant, il est perturbé, il faut qu'il change ou c'est moi qui vais le virer de cette baraque. Elle dormait dans ses bras ! Que veux-tu de plus ? Tu attends que ses travers tuent cette pauvre gamine ?

Je ne suis plus maître de moi-même, j'entends Elsa qui crie mon prénom mais c'est trop tard car je sais que vais lui casser la gueule. 

Until the last petal falls (terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant