19h15, j'arrive sur la place et Alex m'attends assis sur le rebord d'une fontaine. J'ai eu exactement le même réflexe quelques mois plus tôt, quand j'étais sortie prendre l'air tellement je ne pouvais plus le supporter. Cette période me semble si lointaine !
Je m'approche de lui. Il est sur son téléphone, il traine sur Instagram. Je m'approche et le bruit de mes chaussures attire son regard vers moi. Sa bouche forme un 'o' parfait. Je rigole et referme un peu plus le manteau sur moi.
-J'avais dit chic mais là !
-C'est trop... je le savais.
-Non c'est parfait, je ne te garantis juste pas de tenir toute la soirée.
-Tu es un cliché ambulant.
-Seulement avec toi.
Le Uber qu'il a commandé arrive à ce moment-là. Cela va nous changer du métro. Le trajet se passe en silence mais pas sans actes.
Quand nous nous installons dans l'habitacle, j'enlève mon manteau. Ses yeux se posent sur mon cou. Il reconnait au premier coup d'œil le collier de sa mère ; ses yeux brillent. Mais il ne dit rien ; il embrasse juste mon cou.
Assise la robe remonte un peu sur mes cuisses et Alex en profite pour en caresser discrètement l'intérieur. Ma peau se couvre de chair de poule, la chaleur au creux de mes reins me démange. J'essaie de rester le plus calme possible mais j'ai envie de me tortiller dans tous les sens. Je découvre que je crains les chatouilles à cet endroit mais elles sont plutôt agréables...
Paris la nuit est la plus belle des choses de j'ai vu de ma vie. Le taxi accélère et décélère au rythme de la capitale. Puis nous arrivons dans un endroit que je ne connais que trop bien. La voiture longe le boulevard des Capucines pour arriver à l'Opéra Garnier. J'ai passé mon enfance à regarder les photos de ma mère accrochées au mur. Ce bâtiment était représenté dans tous les coins de la maison. Au studio aussi elle avait accroché des photos partout. Je suis rentrée une fois, avec elle, nous avions fait une visite guidée.
Danseuse étoile à 19 ans, elle a été une des plus jeunes à être nommée. Sa carrière s'est brutalement arrêtée à 27 ans quand elle est tombée enceinte de moi. Elle est donc devenue par la suite professeur dans le studio. Voilà pourquoi je danse depuis même avant mes premiers pas. Je dansais déjà en elle.
Nous sortons donc de la voiture. Le bâtiment est éclairé et les dorures ne m'ont jamais parue aussi belles. Nous entrons.
-Bon tu as deviné où nous sommes, me dit Alex.
-Bien sûr, Alex c'est juste parfait.
Je dépose un baiser délicat sur ses lèvres.
-Ils jouent Roméo et Juliette ce soir, j'ai trouvé ça assez de circonstance.
-C'est vrai que tu es tous les soirs sous mon balcon !
Il rigole, je ne me lasserais jamais de ce son.
-Je sais que tu ne fais pas de danse classique mais j'ai pensé que...
-Alex c'est parfait. Merci. Pour tout.
Je m'amuse à regarder ce garçon à mon bras, il n'est absolument pas dans son élément. Encore moins que ce matin, vous pouvez me croire. C'est avec un sourire en coin que j'avance vers les escaliers centraux. Ils nous mènent à la salle. Nous nous faisons placer et le spectacle commence quelques minutes plus tard.
Quand les lumières s'éteignent la salle se tait à son tour. La musique jouée en live tambourine dans mon corps. Le corps de ballet est magnifique. Tout comme les danseurs principaux. Tout parait si simple en les regardant. Une grâce émane de ces passionnés. Je me mets à pleurer quand je me dis que quelques années plus tôt ma mère était à leur place. Elle foulait ces mêmes planches, elle avait le même sourire plaqué sur son visage, les mêmes artifices si connus des danseurs. Mon arrivée à tout gâché.
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Until the last petal falls (terminé)
Romance/Seront-ils leur plus belle cicatrice ?/ « Un. Deux. Trois. Dans ma vie j'ai toujours ressenti le besoin de compter. Compter mes respirations pour refouler mon passé. Compter pour affronter le lendemain. Quatre. Cinq. Six. Je compte mes cicatri...