Chapitre 22

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-Je suis vraiment désolée Marie, je me dois de l'aider, dis-je tout en faisant mon sac.

Je suis terriblement gênée de devoir déserter notre soirée mais je sais qu'elle comprend. J'aurais été aussi tolérante si elle avait été à ma place. Charline est allée s'isoler dans le salon. Elle ne voulait pas entendre parler de lui.

-Pas de soucis, mais si tu as un souci je suis là, notre porte est ouverte Els, n'importe quand.

-Merci Marie, bisous, je t'adore !

Je l'enlace et pars en attrapant mon sac au passage, je l'entends crier une fois que je suis dans les escaliers.

-Je t'adore encore plus!

Même si les mots de Marie me réconfortent je n'arrive pas à oublier les yeux de ma meilleure amie.

Quand j'arrive dans le hall il m'attend toujours. J'avais tellement peur qu'il parte. Il attrape mon sac même s'il est déjà chargé. Son geste me serre le cœur.

Nous arrivons à sa voiture. La pluie est battante et j'ai l'impression d'être mouillée jusqu'aux os. Il jette nos sacs sur la banquette arrière et nous nous engouffrons à l'avant. Il démarre, et au fur et à mesure je commence à reconnaitre le quartier, les rues, les maisons. Et puis de fils en aiguilles nous arrivons devant chez nous, enfin à présent devant chez moi. Cette idée me brise le cœur.

-Pourquoi on est là ?

-Ce n'était pas une bonne idée que je t'embarque avec moi, écoute rentre à la maison, prétexte que tu étais malade ou je ne sais quoi. Je vais te laisser tranquille.

Quand il me dit ça, je comprends que le peu de confiance en lui qu'il avait avant venait d'être réduite à néant par sa propre mère. Je ne me vois pas rentrer dans cette maison sans lui, du moins tant que je ne suis pas sûre à cent pour cent qu'il va bien.   

-Non Alex cette nuit je reste avec toi. Quand vas-tu comprendre que moi aussi je peux être obstinée quand je le veux. Tu peux t'en sortir, je serais là pour t'aider à surmonter ça. Moi aussi j'ai perdu un parent et l'autre m'a abandonnée. Mais même si c'est dur et que la vie ne m'a pas gâtée, je vis avec. Et je sais au plus profond de moi que tu peux avancer, mais tu as besoin de l'aide de quelqu'un, je veux bien être ce quelqu'un. Je veux t'aider à devenir meilleur, pour prouver aux deux personnes à l'intérieur de cette maison qui tu es vraiment.

Je ne reviens même pas moi-même de ce que je viens de dire. Alex me regarde puis fixe mes lèvres, une larme coule de son œil droit, puis une autre arrive dans son œil gauche, elle s'en échappe immédiatement. Je me penche par-dessus le levier de vitesse, pose mes mains sur ses joues et du bout de mes pouces lui essuie ces deux petites larmes, comme quand lui essuie trop souvent les miennes.

Alex est bon, son histoire m'émeut, je crois la mienne a le même effet sur lui aussi. Nous sommes deux êtres cassés malgré nos jeunes âges. Mais j'ai décidé de nous sauver, pour montrer au monde qui nous sommes réellement.

Il hoche la tête, démarre, et prend une route que je ne connais pas, je ne sais pas où il va et cela me plais, beaucoup. Il allume la radio pour combler le silence, des musiques banales passent, je fredonne l'air de certaines puis je me mets carrément à chanter. J'aime bien ce genre de musique mais celles qui je préfèrent son celles où je retrouve mon âme égarée. Les musiques qui te transportent sans que tu ne comprennes trop pourquoi.

Le temps passe relativement vite, il n'y a personne sur la route. Alex entre sur le parking d'un hôtel sur le bord de l'autoroute en périphérie de la ville. Je le regardais pendant qu'il conduisait, il avait son visage fermé, ses yeux ne brillaient pas autant que d'habitude mais quelque chose était revenu. Un petit rien qui gonfle mon cœur.

Il tourne la tête et me sourit, son sourire est un peu forcé mais il vient quand même un peu de son cœur meurtrit. Je lui rends. Pour le motiver, pour m'aider aussi un peu.

Nous descendons de la voiture, je reste à l'extérieur de la réception avec les sacs, et j'envoie un texto à Marie.

Moi : Tout va bien. Nous sommes dans un hôtel. Je t'appelle demain.

Marie : Pas de soucis. Tu as un bisou de Charline.

Je n'y crois pas trop, mais je tente de persuader mon cœur du contraire. Alex revient vers moi. Je suis déçue quand il me tend une carte. Je pensais que nous dormirions ensemble.

-Tiens, on se retrouve demain matin, toque à ma chambre quand tu es prête. Bonne nuit Arendelle. Et merci pour tout.

Je lui souris et n'arrive même pas à répondre, je tourne les talons, et me dirige donc vers la chambre 426.

Je pose mon sac sur le meuble prévu à cet effet, j'agis comme un robot. Je suis vidée de toutes émotions quand je prends mon pyjama, ma petite trousse de toilette et que je me dirige vers la salle de bain. Je fais couler l'eau chaude de la douche pendant que je me brosse les dents. Une fois que la buée recouvre tous les miroirs, je laisse enfin mon corps se détendre, se délasser de toutes ses tentions. Enfin propre, je cours me glisser dans mes draps. Ils sentent la laverie industrielle. J'aimerais tellement sentir l'odeur masculine de son parfum. 

Je laisse toujours la lumière de la salle de bain allumée, je regarde une dernière fois mon portable.

Quand vient enfin le moment de fermer les yeux pour dormir je me repasse le film de cette longue journée éprouvante, maintenant je suis épuisée. Quelques larmes coulent avant que je ne tombe dans les bras de Morphée imaginant sa main sur ma hanche, sa tête dans mon cou. 

Until the last petal falls (terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant