Chapitre 47

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Une petite routine commence à s'installer dans la maison. Nous ne sommes là que depuis cinq jours mais j'ai l'impression que cela fait une éternité. Mes amies sont retournées plusieurs fois à la plage mais je n'en ai pas eu la force. Elle m'assurent qu'en se mettant loin du poste de secours nous n'avons aucune chance de le croiser, mais je ne fais plus confiance au hasard.

J'ai donc passé toutes les matinées dans le sous-sol à danser et mes après-midis au bord de la piscine. Nous sommes allées faire du shopping dans le centre-ville et Montpellier est juste sublime. Le côté grande ville me rappelle beaucoup Paris mais les gens sont moins pressés, ils profitent de la vie, locaux comme touristes.

Avec les filles nous avons eu une longue discussion le lendemain de la soirée. C'était éprouvant de reparler de l'année qui venait de s'écouler. Elles m'avaient dit qu'elle n'avait rien contre mon 'mode de fonctionnement' avec les hommes, elles avaient juste peur pour moi. Peur que je tombe dans l'abus et que je me perde un peu plus. Car au fond c'était ça, je m'étais forgée une carapace autour de me faiblesses mais elles étaient toujours là. Je donnais l'impression d'être sûre de moi et de me sentir bien dans ma vie, mais encore une fois ce n'était qu'une façade.

J'ai fini par comprendre leur geste, leur mensonge. Il ne voulait pas être retrouvé alors il m'aurait surement jetée si je l'avais fait. Je n'en aurais eu que plus mal. Et puis Sophie n'avait jamais craqué et ne me l'avait jamais dit non plus. C'était injuste de blâmer mes amies.

Donc, après quatre jours seule dans cette maison je décide de prendre sur moi et de faire confiance à mes amies. Nous sommes à la plage mais à l'opposé du poste de secours. La journée se déroule, pour le moment, sans encombre. Je passe mon temps à lire sur le sable ou à me laisser porter par les vagues. C'est apaisant.

Je suis en train d'écouter de la musique tout en regardant mes amies jouer au badminton sur le bord de l'eau. Elles sont vraiment différentes mais bon dieu ce qu'elles comptent pour moi. Je revois tous ces moments où je me suis effondrée.

Elles étaient là et n'avait pas montré une seule fois de l'agacement. Pourtant je reconnais, qu'être là pour une personne qui ne va pas bien et qui ne remonte pas la pente facilement peut s'avérer une tâche lourde et compliquée. Je m'en voulais de tous les reproches que je leur avais fait sous le coup de la colère.

Tous les mecs de la plage ont leurs yeux braqués sur elles, comment ne pas les avoir ? Je dévie le regard sur mon propre corps, mon ventre qui plisse, mes cuisses qui se collent, mes clavicules moins apparentes. Dans ces moment-là je regrette ma minceur d'antan.

J'ai envie boire de l'eau mais nous n'en avons plus. Je prends mon porte-monnaie dans le sac et me dirige vers la paillote la plus proche. Je serai revenue avant que mes amies ne s'en aperçoivent. L'Hymne à l'amour se déclenche dans mes oreilles et j'ai très envie de pleurer. Je nous revois sur le parvis de Montmartre enlacés quand il me chuchotait les paroles à l'oreille.

Je change de musique et Memories de Shawn Mendes se met en route.  Ma playlist est contre moi ou quoi ? Je laisse tout de même la chanson, je l'aime beaucoup, les paroles collent avec la situation.

Je m'avance dans la queue et une fille à la peau mate et aux cheveux foncés me dévisage. Tellement que j'en viens à me demander ce qui cloche sur mon visage.

-Je te reconnais...

Je hausse les sourcils. Son accent anglais quand elle parle me rappelle celui de quelqu'un.

-Ah bon ? Je crois que tu fais erreur.

Je me permets de la tutoyer parce qu'elle doit avoir mon âge.

Until the last petal falls (terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant