Chapitre 21

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-Alex ? Qu'est ce qui se passe ?

Je suis sure qu'il sent à l'autre bout du fil que j'ai compris.

Silence, il ne répond plus.

-Alex, j'ai peur. Réponds-moi.

-Descends.

Je sens qu'il a repris contrôle sur lui, sa voix est plus assurée.

-Je suis chez Marie. Je peux être là dans...

-Je sais que tu es chez Marie, je suis en bas. Descends.

Je me penche au balcon et la pluie mouille mes cheveux. Je le vois faire les cent pas au pieds de l'immeuble. Il raccroche sans plus d'informations. Je retourne dans la chambre.

-Les filles, je dois descendre. Je reviens.

Marie se lève et vient me frictionner les bras pour me réchauffer. Je ne remarquais pas que je tremblais.

-Qui c'était ?

-Alex. Il est en bas. Je reviens.

Je ne regarde pas Charline. Je sais que ses yeux me réprimanderaient. Marie me tend ses clefs et je les fourre dans la poche arrière de mon jean. En descendant les escaliers, je sens mon cœur qui se serre. J'ouvre la porte du hall à Alex et il s'engouffre au sec. Ses cheveux gouttent sur son visage. Quand il lève les yeux je vois les contusions sur mon visage. Sa lèvre inférieure est dans un sale état. Je remarque du sang séché le long de son arcade. Mais quand je baisse les yeux sur ses mains je ne vois aucune trace de bagarre. Son visage est mouillé mais je ne sais pas vraiment si c'est à cause de la pluie ou de sa tristesse. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Bizarrement je ne l'ai jamais trouvé aussi beau. Sa tristesse propage son charisme. Je me trouve happée par ses les gouttes d'eau qui coulent le long de son visage.

Je m'approche de lui et colle mes lèvres aux siennes. Un gout de sang envahi ma bouche. Je décolle rapidement nos bouches. Il me prend dans ses bras et me serre comme si j'étais la seule bouée de sauvetage en plein naufrage.

J'écoute son cœur battre. Les battements réguliers de son cœur me bercent. Des millions de papillons s'envolent dans mon ventre quand ses mains glissent dans mon dos. J'embrasse sa joue et je vais m'asseoir sur une marche. Il me suit et fait de même.
Trois sacs se trouvent à ses pieds. J'ai peur de ce qu'il va m'annoncer. Je me doute de ce qui est en train de se passer.

Son visage abîmé ne présage rien de bon. J'enlace mes doigts aux siens et son pouce commence à chatouiller ma peau comme à son habitude.  Aucun de nous deux n'a ouvert la bouche pour briser ce silence qui en dit bien plus que des milliers de mots.

-Je crois qu'on doit parler, tu es venu pour ça non ?

Il hoche la tête. Je viens poser la mienne sur son épaule et je fixe la porte massive en face de nous.

-Je crois que rien ne sera jamais plus comme avant.

Sa voix brisée me donne des frissons. Il ne se contrôle plus. Il a beaucoup hésité avant de me répondre. Le choix de ses mots n'en est que plus fort.

-Que s'est-il passé ?

Ma voix chevrote, je ne suis pas du tout rassurée.

-Ma mère m'a mis dehors.

Aucunes émotions ne se fait ressentir dans sa voix, mais les larmes qu'il empêche de couler en disent long. Je serre sa main un peu plus fort. Je ne peux faire que ça de toute manière. Je l'encourage à continuer.

-Je m'étais endormi. Ma mère est rentrée du travail mais elle semblait bouleversée. Je ne savais pas comment me comporter avec elle. Nous étions en train de nous engueuler quand il est rentré. Il était totalement bourré. Comme avant que tu n'arrives.

Je frissonne. J'ai peur d'entendre la suite.

-Quand j'ai vu le regard de ma mère. Elle le regardait d'une manière étrange. Elle n'arrêtait pas de se gratter le bras. Quand j'ai soulevé sa manche j'y ai trouvé des bleus et des entailles.

Les larmes commencent à pointer rendant le vert de ses yeux plus profond et vitreux.

-Je me suis jeté sur lui. Je voulais le tuer. J'avais enfin la preuve qu'il fait du mal à ma mère. Mais il a pris le dessus. Il m'a frappé tellement fort que je me suis évanoui sous la douleur. Quand je me suis réveillé j'étais sur le palier avec du liquide et une lettre de ma mère.

Une fois son monologue terminé, je pleure bien évidement. Je suis bien trop occupée par ses larmes que je ne sens pas les miennes.

Je vois également l'argent dépasser du sac ainsi que le mot de sa mère. Je le fixe, il comprend très bien que cela signifie que je veux le lire. Il l'attrape et me la donne, j'ouvre le papier avec une légère appréhension. Puis je me mets à lire.

Alex, 
cette situation ne peut plus durer. Tu n'acceptes pas mon mariage. Je ne t'accepterais plus sous mon toit. Je ne supporte plus tes sautes d'humeurs.

Je ne peux pas accepter ce que j'ai vu ce matin. Vous deux enlacés à faire je ne sais quoi. je t'avais pourtant interdit de l'approcher. Je ne cautionnerais pas cette attitude sous mon toit. Elsa est une jeune fille perdue, ne l'enfonce pas plus. Tu es néfaste pour elle, pour nous, pour toi.

Je t'aime tellement mon fils. 

Mais je ne peux plus. Prouve-moi que tu ne dépenseras pas cet argent dans de la drogue mais pour te construire. Prouve-moi que tu peux semer le bien autour de toi.

J'ai tes clefs. Dans les sacs tu trouveras de l'argent, tes papiers, tes vêtements. Juste l'essentiel.

Je ne t'abandonne pas. Je t'aide.

Maman

Je ne sais pas comment décrire les émotions qui me traversent en lisant cette lettre. Sophie est complètement aveuglée par son mari, il la manipule, cela se sent dans son écriture, elle n'est pas convaincue de ce qu'elle raconte. Peut-être que ces mots ne sont même pas les siens du tout. J'aimerais pouvoir effacer de la tête d'Alex toutes les atrocités qu'il a pu lire à son sujet sur ce pauvre bout de papier. Tout. Cette lettre est un tissu de mensonge qui ne l'aidera certainement pas à devenir meilleur.

-Ma mère m'abandonne et elle a raison bordel !

Il se lève d'un coup détachant nos deux mains. 

-Alex, je t'interdis de penser ça de toi. Ta mère est manipulée. Elle ne pense pas tout ça.

-Bien sûr que si. Je suis le vilain petit canard depuis des années putain.

Il m'arrache la lettre des mains et commence à partir. Je crie son nom pour le retenir.

-Je n'aurais jamais dû venir te voir. Je suis désolé.

-Non Alex tu as bien fait de venir. Tu m'as sauvée. Je ne te laisserai pas comme ça. Que tu le veuilles ou non. « Tu sautes, je saute »

Je suis vraiment en train de citer Titanic là ? Ce film me monte à la tête.

Il se retourne. Ma référence lui vole un sourire.

Les larmes ne coulent plus sur nos visages. Je suis en colère, pas contre Alex mais contre moi-même. J'aurais dû le croire dès le début pour Chris. J'aurais dû lui faire confiance et l'aider dans ses recherches au lieu de le traiter de menteur. Je me souviens de ce qu'il m'a dit le soir de mon arrivée.

Méfie-toi des apparences.

Oui, je suis en colère contre moi de ne pas lui avoir prêter plus d'attention.

-Laisse-moi aller récupérer mes affaires. J'arrive. On va trouver une solution.

Je commence à remonter les escaliers en courant.

-Elsa ?

-Oui ?

-Merci.

Rien de plus, rien de moins. Mais c'est bien la première fois qu'il me remercie, et ça c'est beau.

Until the last petal falls (terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant