Chapitre 9

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J'ai envie de courir à la cuisine et lui hurler au visage combien c'est un salaud. J'ai envie de lui faire prendre conscience de quel genre de personne il est. J'ai envie de pleurer.
Je réalise que mon amie n'avait jamais vu Alex jusqu'à présent. Je suis terriblement déçue.

Il a drogué ma meilleure amie, il l'a incité à consommer l'interdit. Ce garçon est mauvais, pourtant il peut être agréable quand il le veut.
Pourtant je lui reproche sa part d'ombre mais je ne vante pas la mienne non plus, la seule différence entre nous deux c'est que je me fais du mal à moi sans dommages collatéraux, c'est plus simple.

Je me mets à pleurer pour la énième fois depuis ces deux derniers jours. Ce sont des larmes de rage. Je me sens impuissante. J'en ai marre, j'ai besoin d'extérioriser autrement. Cette boite dans ma salle de bain, j'en rêve, j'en ai terriblement besoin. Ma meilleure amie me dit que ce n'est rien. Je me ressaisi, si quelqu'un doit pleurer ici c'est elle.

Sophie nous appelle car le repas est prêt, elle ne se doute de rien comme toujours. Nous pénétrons dans la pièce, un faux sourire plaqué sur le visage. Alexander est fermé comme une huitre et cette fois ci je veux qu'il le reste, qu'il n'ouvre plus jamais sa bouche de sa vie. C'est Sophie qui anime le repas en grande partie, elle parle de son travail et ses anecdotes de chirurgienne, de ses mésaventures de jeunesse, de ses gaffes, elle nous fait rire, j'adore tellement cette femme.

-Merci pour ce repas, Soph' c'était vraiment super bon, t'es parfaite !

Je l'embrasse après avoir débarrassé la table. Alex est un fantôme. Invisible pour mes yeux mais bel et bien présent pour mon corps. Ma peau se réveillait quand sa chemise frôlait mon bras, mon odorat s'emballait quand les effluves de son parfum le titillaient, mais mes yeux le fuyaient, immanquablement.

Quand nous montons les escaliers j'envoie un dernier regard dans la cuisine et je rencontre le sien. Il n'est pas énervé comme la plupart du temps. Je vois quelque chose comme du regret.

J'espère qu'il s'étouffera dans ses remords.

Bien sûr que c'est faux. Je crois que j'essaie de me donner bonne conscience en le détestant. Ce mec est un putain d'aimant. Tout chez lui m'appelle, et ses yeux ne manquent pas de me le rappeler.

Je crois que ma meilleure amie a remarqué cette étrange chose entre nous deux. Il va bien falloir que je lui raconte, elle ne peut pas me livrer tout ce qu'elle m'a dit aujourd'hui sans que je lui parle de ce qui se passe dans ma vie depuis tout ce temps. Je serais incapable de cacher quoi que ce soit à Charline, elle s'en apercevrait trop rapidement.

Nous nous glissons dans mon lit, et commençons à discuter. Je sens qu'elle veut aborder le sujet. Je vois les regards qu'elle lance au couloir quand les pas d'Alex résonnent. Je vois la manière dont elle fixe le mur d'en face, comme si elle pouvait le voir à travers. Je ne sais pas comment lui en parler sans lui faire mal. Je n'imagine même pas à quel point ce doit-être dur de dormir sous le même toit que celui qui a presque détruit notre vie.
Elle essaie de lancer des sujets de discussion bateaux : le lycée, la danse, nos souvenirs. Après de nombreuses rigolades un ange passe dans la pièce.

-Elsa ?

C'est Charline qui brise donc le silence avec une question à laquelle je m'attends.

-Oui...

-Il se passe quoi avec lui ?

-Rien et pourtant je ne sais pas. Au début il était si gentil. Vraiment. Il m'a même aidée alors que je me faisais agresser. Rien de très grave mais s'il n'avait pas été là...

Ma voix faiblie à l'évocation de ce moment. Je me ressaisie et continue.

-Mais depuis quelques temps, il... Il est bizarre. En fait, ce mec c'est un putain de paradoxe tu vois ? Mais mon corps désire à longueur de temps le toucher, entendre sa voix, croiser ses yeux. Je sais à quel point il est mauvais, ce que tu m'as dit ce soir ne fait que confirmer mon opinion.

Until the last petal falls (terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant