Chapitre 34

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Je tends mon bras en travers du lit. Les draps un peu rêches me collent à la peau. Ma main ne frôle pas ce que j'espère, seul le toucher froid du tissu réveille mes sens. Il fait tout noir dans cette pièce que je ne qualifierais pas d'appartement. Une pièce, une garçonnière, ou tout simplement une cave sinistre mais sûrement pas un appartement. Je n'étais jamais entrée auparavant et hier j'avais autre chose à faire qu'inspecter la pièce.

Je me lève le drap toujours autour de moi. Je pars, à tâtons, à la recherche de mon téléphone. Seul le bruit de la douche m'indique qu'Alex est dans ce qui lui sert de salle de bain. Un rail de lumière filtre à travers le rideau de la pièce. Je trouve enfin mon téléphone et pars allumer la lumière. La pièce est vraiment petite. Les murs sont blancs, ce qui apporte déjà un peu de lumière. Son éternelle guitare est posée fièrement dans un coin. Un espace cuisine est vaguement aménagé. Son lit prend une place énorme et une petite télé est suspendu au-dessus de sa porte d'entrée. 

Mon regard est très vite attiré par trois cadres accrochés au mur. Ce sont trois photos en noir et blanc. Je m'approche de la première et j'ai un temps d'arrêt. Je pensais voir Alex avec une autre femme mais ce n'est pas lui. C'est son père. Cela n'en fait aucun doute. La photo est sans couleurs mais le regard de cet homme est identique à celui de son fils. Ses yeux sont remplis d'amour, tellement que ça m'en tord le bide. Sophie, juste en face, rit aux éclats. Sa tenue m'indique que cette photo a été prise le jour de leur mariage. Ils sont beaux. Le sourire de ma tutrice est si sincère, si pur. Cette photo c'est celle qu'on rêve tous de prendre un jour. Leurs coupes de champagne s'entrechoquent. Le plan est assez rapproché. 

La deuxième photo affiche un petit garçon. Je devine que c'est Alex. Par reflexe je touche les perles à mon cou, je remarque que dans le fond Sophie les porte. Alex est en déguisement de pompier. Le casque de son père, vingt fois trop grand pour lui, lui tombe dans les yeux. Il ne doit pas avoir plus de quatre ans sur ce cliché. Son père est à côté de lui, il regarde son fils avec tant d'admiration. Je savais déjà à quel point leur relation été fusionnelle. Alex est le portrait craché de Paul.

 La troisième photo est beaucoup plus récente et me touche en plein cœur. C'est une photo de 'nous'. Nous sommes allongés dans un lit, et je me souviens très bien du moment où elle a été prise. Nous étions affalés sur le lit qu'il occupait à l'hôtel. Son ordinateur été posé sur ses genoux et moi j'étais lovée contre son épaule. Mon doudou sous ma tête, sa main dans mes cheveux je tombais dans les bras de Morphée. Soudain un flash m'avait tiré de mon sommeil naissant. Il venait de prendre un selfie. Ces photos ne sont généralement pas naturelles mais celle-ci l'était, parce que c'était nous. Je me pensais immonde sur cette photo, les yeux endormis, prise en flagrant délit. Mais en fait je la trouve très réussie. Elle n'est pas parfaite mais elle est sincère, comme nous.

Je sens alors des bras m'entourer la taille. Je sursaute, comme hier sous la verrière. 

 -Tu es pensive.  

-Comme toujours. 

 -Et tu pensais à quoi ? 

 -En fait je regardais tes photos et j'étais surprise de me trouver sur ce mur avec tes parents. 

 -Tu es ma famille autant qu'eux Arendelle.

Mes lèvres viennent se poser sur les siennes. Notre baiser se fait de suite plus intense mais je l'arrête. Ses cheveux encore humides perlent sur mon dos nu. Nous ne sommes pas assez vêtus pour cela. Mais il commence déjà à me chatouiller. 

-Alex ! Non pas maintenant, ne fais pas l'enfant ! je crie en me tortillant sous ses doigts.

-Tu ne disais pas ça hier soir, enfin ce matin, glisse-t-il à mon oreille. 

Until the last petal falls (terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant