Nous sommes restés tellement longtemps enlacés sur le carrelage froid que j'ai l'impression de m'être fondue en lui. Je ne sais pas combien de temps cette étreinte a duré. Mais je sais à quel point elle fut importante et décisive dans notre relation. Jamais je n'avais dit tout ça à quelqu'un, mais Alex avait à peine mis un pied dans ma vie que j'ai su qu'il la marquerait.
Nous descendons les escaliers ensemble. J'ai les jambes qui chancèlent un peu et un terrible mal de crâne. Alex derrière moi, me tiens la taille. Quand nous arrivons dans le salon, Sophie est seule et elle a les yeux rougis.
-Elsa ! Ma puce ça va ?
-Oui, ne t'inquiète pas... ça faisait juste beaucoup tout ça.
-Je comprends, et il faut que je vous parle à tous les deux.
Les positions s'inversent. Avec Alex nous sommes assis tous les deux sur le canapé alors que Sophie, seule, nous fait face sur le fauteuil.
-Les enfants, j'ai eu une grande discussion avec Chris. Il est parti s'aérer quelques temps mais il m'a autorisé à vous parler de certaines choses. Mais avant tout, sachez que nous avons pris la décision de l'envoyer en centre de désintoxication pour quelques temps.
-Sophie, je ne comprends pas trop pourquoi je suis prise dans toutes ces histoires, lui dis-je.
-Parce que tu fais partie intégrante de notre famille ma chérie.
Je lui fais un sourire et elle poursuit :
-Chris et moi nous nous connaissons depuis la sixième. C'était mon meilleur ami. Il a toujours été un peu amoureux de moi, mais de mon côté c'était seulement platonique. On avait trouvé une sorte d'équilibre. Quand j'ai eu 17 ans, nous avons eu de nouveaux voisins. Je suis immédiatement tombée amoureuse de leur fils. Il représentait tout ce que j'avais toujours voulu, il était plus vieux, d'une beauté fracassante, il avait cette gentillesse et cette force qui m'ont toujours attirée. Christophe vivait très mal tout cela, je m'éloignais de plus en plus de lui. Mais j'étais si amoureuse de Paul...Alex, ton père a toujours toléré mon amitié avec Chris. Il était l'homme parfait. Nous nous sommes mariés quand j'avais 20 ans. Mes parents étaient totalement contre et je ne les ai jamais revus.
Nous sentons dans sa voix beaucoup d'émotion. Elle s'arrête quelques secondes et continue son histoire :
-Le jour du mariage c'est la dernière fois que j'ai vu Chris. Il était assis au fond de l'église et quelques minutes avant il m'avait supplié de ne pas épouser Paul. Je lui ai balancé des choses horribles à la figure. Je ne l'ai pas revu pendant presque 17 ans. Je suis retombée sur lui au cimetière. Il a enterré son ex-femme le même jour que nous enterrions Paul. La providence. Nous nous sommes soutenus durant cette période.
Des larmes coulent sur les joues de ma tutrice.
-Il m'a confié quelque chose de terrible lors de cette rencontre. Ce n'était pas la première fois qu'il était confronté au deuil. Des années auparavant, il avait perdu une petite fille. Elle est morte née. Elle aurait 17 ans aujourd'hui. Il a commencé à boire à ce moment-là. Tu comprendras Elsa, que quand Valérie nous a appelé pour nous dire que notre nouvelle pupille était une jeune fille de 16 ans, Christophe à de suite fait le rapprochement. Je suis désolée pour cela. Mais je ne pouvais pas refuser. Il était si heureux. Son histoire m'a attendrie et nous nous sommes progressivement mis ensemble. Mais jamais je ne l'ai aimé. J'ai beaucoup d'affection pour lui. Alex, jamais je ne remplacerais ton père. Jamais. Il a été l'amour de ma vie, et les regards que tu lances à Elsa sont semblables à ceux qu'il me lançaient. Tu me fais tellement penser à lui.
Elle fond en larmes un peu plus, et se lève pour venir se loger dans les bras de son fils. Comme une enfant. Il est si grand et elle si petite. Dans le fond ils se ressemblent. Un caractère de feu mais une âme toute douce.
VOUS LISEZ
Until the last petal falls (terminé)
Любовные романы/Seront-ils leur plus belle cicatrice ?/ « Un. Deux. Trois. Dans ma vie j'ai toujours ressenti le besoin de compter. Compter mes respirations pour refouler mon passé. Compter pour affronter le lendemain. Quatre. Cinq. Six. Je compte mes cicatri...