Chapitre 46

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/Elsa/

C'est la deuxième gifle que je mets de ma vie. Et une seule personne en a fait les frais. Que fait-il là ? Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai ressenti le besoin de le frapper.

Parce qu'il t'a abandonné sans un mot peut-être ?

Les mêmes picotements fourmillent sur la paume de ma main. Mais cette fois-ci je ne pleure pas après l'avoir frappé. Premièrement, cette fois-ci j'ai une raison valable. Deuxièmement, je me suis promise de ne plus pleurer devant quelqu'un. Jamais. Je ne veux plus exposer mes faiblesses. Je ne veux plus que quelqu'un entre dans ma vie et essaie de me sauver comme il l'avait fait. Les séparations inévitables n'en sont que trop dures.

Ses yeux verts n'ont pas changé. Des frissons parcourent mon corps. Son regard me transperce et je n'arrive pas à le supporter. Entendre sa voix il y a deux jours fut une épreuve dont je me remettais à peine. Pouvoir sentir son corps, plonger mes yeux dans les siens, voir ses traits si familiers de près est une torture. Sans le vouloir je revois nos moments de joie et de complicité. Il a tout gâché.

Je sens les regards des vacanciers sur nous. Je me souviens soudain que la plage est toujours pas mal peuplée malgré l'heure déjà avancée. Je vois les ombres de mes meilleures amies dans le sable. Et puis d'un seul coup je ne contrôle plus mon corps. Mes jambes se dérobent sous moi. Je sens un besoin irrépressible de courir loin et de ne pas me retourner.

Il faut que je passe mes vacances au même endroit que lui. Peut-être habite-t-il là ?

Je l'ai cherché pendant des jours durant. J'ai soudoyé Sophie. J'étais prête à remuer ciel et terre pour le voir, pour avoir mon explication. Les premières semaines j'étais dans un déni infini. Je pensais dur comme fer qu'il reviendrait, que ce n'était qu'une blague. Quand je me rendis compte que s'en était pas une, j'ai commencé à développer cette colère infinie envers lui. Je voulais changer. Laisser l'épave que j'avais été derrière moi. J'ai recommencé à manger. Je suis sortie, beaucoup. J'ai couché, trop. Et je l'ai toujours regretté le lendemain.

Je recule. Mes amies viennent à mes côtés. Je m'adresse à elles :

-Je crois que j'ai besoin de rentrer.

Elles hochent la tête mais elles n'ont pas l'air surprises de voir Alex. Il est toujours là. Les yeux rivés sur nous. Cette situation était de plus en plus embarrassante.
Une fois nos affaires rangées nous commençons à partir en direction du parking. Nous sommes éloignées de quelques mètres quand il crie enfin :

-Elsa !

Mon. Prénom. Dans. Sa. Bouche. Encore.

Je me retourne.

-Tu t'en vas comme ça ? Tu ne veux pas parler ?

-Pas plus que toi quand tu es parti comme un lâche.

Je lui ai craché ces paroles au visage. Je veux qu'il souffre autant que moi. Entendre ma voix allume une étincelle dans ses yeux.

Dans la voiture, je ne veux plus penser à rien. J'ai demandé à conduire pour pouvoir me concentrer sur la route et laisser cette tâche m'occuper l'esprit. Marie a mis le GPS pour que je puisse retourner à la maison facilement. Mes amies n'osent pas parler mais Charline brise le silence pesant :

-Elsa ? Comment ça va ?

-Je n'étais pas prête.

-On ne l'est jamais pour ce genre de chose, dit Marie en posant sa main délicate sur mon épaule.

Les larmes me brûlent. Bon dieu, faites qu'on rentre bientôt.

-Je l'ai cherché tout ce temps. Je l'ai imaginé à l'autre bout du monde, j'ai même cru qu'il était resté à Paris. Jamais je n'aurais pensé qu'il était ici.

Until the last petal falls (terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant