Quatre semaines que je vis dans le secret. Le secret de mes sentiments pour lui. De nos nuits ensemble. Des nombreuses fois où j'ai fait le mur. Des nouvelles cicatrices sur mes bras.
Je vis un rêve éveillé. Je me sens complète.Pourtant une nouvelle peur me hante. Je vois mon père partout depuis la dernière fois. Une silhouette dans le métro, un étranger qui me frôle dans la foule, un client dans ma librairie favorite. Je le vois partout mais il n'est nul part. Savoir qu'il vit à Paris me glace le sang. J'en ai parlé à Valérie, aussi à Alex. Les deux m'ont dit que je n'avais rien à craindre. Que le cauchemar ne recommencera pas.
J'ai ri jaune face à la version de Chris et Sophie sur le départ précipité d'Alex. Je n'arrive plus à les regarder dans les yeux depuis. Ils ne savent pas que je passe les trois quarts de mes nuits dans ses bras. Que je le vois tous les jours.
Il habite toujours à l'hôtel. Même si je l'en ai dissuadé il a arrêté ses études afin de travailler. Il ramène un petit salaire et ses pourboires de serveur lui permettent de payer sa chambre toutes les semaines.
Je l'ai vu lutter contre son besoin de drogue. Il devenait agressif et totalement incontrôlable. Mais je restais à ses côtés. Une fois ses crises terminées il me serrait fort dans ses bras. Le sevrage l'a mené au plus profond. Je l'ai vu se battre contre ses propres envies, ses propres démons. Mais il a réussi à les affronter avec brio. Je suis tellement fière de lui, fière de ce doigt d'honneur gigantesque qu'il fait à mes tuteurs en prouvant qu'il peut être fort, bon.
-Tu es en train de battre ton plus beau combat, je lui murmurais en lui caressant les cheveux.
Le voir comme ça me démolissait le cœur, mais j'étais fière de lui et du parcours qu'il faisait.J'ai passé une moitié de ma vie chez Marie, je gardais sa sœur le soir quand Marie faisait le mur pour être avec son chéri. Je la couvrais. J'adorais passer du temps avec sa sœur aussi. Louisa n'a que quatre ans et n'est pas plus haute que trois pommes, mais cette gamine est exceptionnelle. Elle accomplira de grandes choses j'en suis persuadée.
Charline ne comprend toujours pas ma relation avec Alexander. J'ai beau lui hurler que c'est une bonne personne elle ne veut rien entendre. Mais je ne veux plus jamais être séparée d'elle. Alors je ne parle pas de lui quand elle est là. Je sais à quel point c'est dur de se remettre après ce qu'elle à vécu. En fait non, je ne le sais pas. Nous faisons un peu l'autruche toutes les deux. Nous vivons comme avant sans parler d'Alex. Pourtant il est devenu un des sujet principal de ma vie. Depuis quelques temps elle apprend à se reconstruire auprès d'un garçon. Elle l'a rencontré lors d'une réunion dans une association pour les femmes violées. Il accompagnait sa soeur. leurs regards se sont croisés, et il a réussi à l'apprivoiser.
L'autre moitié de ma vie, je l'ai passée avec Alex, nous sortions beaucoup pour lui changer les idées, je l'accompagnais partout. J'étais là lors de son entretient dans le restaurant à côté de mon lycée. Nous avons tous les deux sautés de joie quand il a obtenu le job. Nous allions au parc, dans sa cachette, pour parler de tout et de rien, il me racontait son enfance avec son père, je pleurais à chaque fois. Je lui parlais de ma mère aussi, je n'avais pas vraiment de difficultés à parler d'elle, j'avais beaucoup plus de mal quand je devais ne serais ce que prononcer le prénom de mon père.
-Ma mère était américaine, elle était tombée amoureuse de mon père lorsqu'elle est arrivée à l'opéra de Paris et ils ne s'étaient plus jamais quittés, lui ai-je raconté.
Il a appris que je parlais donc anglais couramment, depuis il ne cesse de me demander de lui parler en anglais. Mon cœur loupe des battements à chaque fois.
J'arrivais à lui confier toute sortes de secrets, du plus futile au plus lourd.
J'ai même réussi à me débloquer et lui parler du jour de la mort de ma mère.
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Until the last petal falls (terminé)
Romance/Seront-ils leur plus belle cicatrice ?/ « Un. Deux. Trois. Dans ma vie j'ai toujours ressenti le besoin de compter. Compter mes respirations pour refouler mon passé. Compter pour affronter le lendemain. Quatre. Cinq. Six. Je compte mes cicatri...