Je suis épuisée. Et quand je suis épuisée je suis exécrable. Je suis toute retournée par ce que j'ai appris hier. Je pensais qu'Alexander était quelqu'un de bien, qu'on pouvait devenir amis. Mais dans la même journée j'apprends qu'il peut s'avérer violent, colérique et qu'il se drogue.
Il s'est amusé toute la nuit à faire un boucan pas possible dans la chambre d'à côté. Il a frappé les murs si fort que je me demande comment ils tiennent encore debout. Il a hurlé au téléphone, écouté de la musique un peu fort, envoyé bouler la terre entière. J'ai découvert qu'il n'avait juste aucun respect.Je tente de camoufler mes cernes mais c'est peine perdue. Je vais devoir me noyer dans une piscine de paracétamol pour faire passer ce mal de tête. Une fois ma mise en beauté terminée, je prends mon sac et mes clefs. Je le croise dans le couloir mais je ne lui adresse pas un regard et pars en direction du lycée.
La journée est encore plus longue que celle d'hier. Ma prof de français ne me lâche pas des yeux, et le charabia incessant d'Adèle m'irrite. J'avais dit exécrable ?
J'erre dans les couloirs tel un zombie toute la matinée et finit par me ressaisir dans l'après-midi. J'échange des messages avec Marie durant la récréation et l'invite à venir ce soir. Nous n'arrêtons pas de discuter depuis hier et elle m'a tenu compagnie une bonne partie de la journée.
Je rentre donc chez moi vers dix-huit heures. Marie est censée arriver dans pas longtemps. Sophie m'a indiquée qu'il y avait à manger dans le frigo et qu'elle et Chris ne rentreraient pas ce soir à cause d'une invitation. De toute manière Marie vient juste passer une heure ou deux, histoire de discuter.
Je suis en train d'écouter plusieurs musiques en vue de mon concours quand l'interphone sonne. Je descends ouvrir à mon amie. Ses yeux m'émerveillent toujours autant.
-Hey ! je lance quand la porte d'ouvre.
-Tu vis dans un château dis-moi !
J'éclate de rire. C'est clairement l'impression que donne cet appart. Je lui fais visiter rapidement et nous montons dans ma chambre. Nous discutons très naturellement, comme si nous nous connaissions depuis des lustres.
-Tes parents ne sont pas là ?
Sa question est innocente mais elle me met mal à l'aise, comme à chaque fois que quelqu'un me la pose.-En fait, je ne suis pas 'chez moi', je mime les guillemets.
-Qu'est-ce-que tu veux dire par là ?
-Je suis placée. Les Bess ne sont que mes tuteurs.
-Oh, je ne savais pas.
-Je ne suis pas orpheline. Ma mère est morte quand j'avais quatre ans mais mon père est toujours en vie.
-Tu n'es pas obligée d'en parler.
Je lui en suis reconnaissante.
Nous sommes interrompues par le bruit d'une porte qui claque.
-Tes tuteurs ? me demande Marie.
-Non avec tout ce raffut je dirais que c'est Alexander... je me penche dans le couloir et l'entends râler après le monde. Bonne pioche !
Il apparait quelques secondes plus tard. Il me toise de toute sa hauteur. Ses yeux se posent sur Marie juste derrière moi et il lui lance un sourire.
Il se fout de la gueule du monde ou quoi ?
Il s'enferme ensuite dans sa chambre.
-Alexander ? répète Marie une fois de retour dans ma chambre. Sa tête me dit quelque chose. Il fait ses études dans mon lycée.
-Et bien c'est le fils lunatique de mes tuteurs, je crie pour qu'il entende.Marie se marre et je m'affale sur mon lit en soupirant.
-Il a l'air sympa, lance mon amie pour combler le vide qui s'est installé.
-C'est ce que je croyais aussi. Jusqu'à hier.
-Hier ?
Je décide de lui raconter le passage du métro, je passe sous silence la dispute familiale. Combien j'étais gênée de revoir Julie après ça et mon amie rit de plus belle.
-Non mais avoue que c'est dégueu. Dans le métro en plus !
-J'avoue que ce n'est pas le meilleur endroit pour fricoter... et nous rions de plus belle.
Le temps passe vite et deux heures plus tard la mère de Marie lui demande de rentrer. Je la raccompagne à l'entrée et lui souhaite un bon week-end. J'ai beaucoup appris sur elle. Elle n'habite pas très loin d'ici. Sa mère a décidé de déménager à Paris pour les affaires. Elle adore la science et les films d'horreur et nous avons eu un long débat sur la lecture. Elle déteste ça ! Mais au final le courant est vraiment bien passé.En remontant je passe devant la chambre d'Alex et je décide de toquer. Il ne me répond pas. Alors j'entre. Je ne suis pas comme ça d'habitude mais j'ai envie de lui dire ce que j'ai sur le cœur.
-Tu sais Elsa. Je t'ai entendu toquer, si j'avais eu envie de te voir je t'aurais demandé d'entrer.
Ses pupilles sont dilatées et une drôle d'odeur flotte dans la pièce.
-Tu vas bien ?
-Super ! Tu peux sortir maintenant ?
Je fronce les sourcils et m'avance un peu plus. Je n'arrête pas de me triturer les ongles. Ma mère faisait pareil avant de monter sur scène.
-J'aimerais te parler avant. Je peux ?
Il se laisse tomber en arrière sur son lit et tourne la tête vers moi. Sérieusement, ses pupilles sont tellement agrandies que je ne vois presque plus de vert.
-J'ai pas vraiment le choix.
Je m'assois à côté de lui et le regarde, même si je suis impressionnée.
-Je suis désolée pour ce que je t'ai dit hier, tu sais... je n'aurais pas dû te parler comme ça.
-J'en ai vu d'autres, tu sais.
-Je m'en doute mais je ne veux pas qu'on soit des ennemis. Ça fait trois mois que je vis ici et je ne te connais toujours pas. On pourrait devenir amis ?
Bonjour je m'appelle Elsa, tu veux être mon ami ?Bon dieu on dirait que je suis en maternelle !
Et comme je m'en doutais il me rit au nez.
-Elsa. J'ai déjà assez d'amis tu sais.
Il se fout de moi.
-Non mais...
-C'est bon tu m'as dit ce que tu voulais. Maintenant sors de ma chambre.
Il se lève et je l'imite.
-Pourquoi ?
-Parce que je ne veux pas te parler ni maintenant ni jamais, je déteste ce que tu me fais ressentir et je dois t'éviter pour ça !
Sa voix pâteuse bégaie.
-Mais dit moi ce que je te fais ressentir, je ne te veux rien moi, ta méchanceté causera ta perte Alexander. Je sais que tu es cassé, même un aveugle le remarquerait.
-Quelle perspicacité, non vraiment Elsa dégage.
-Alex...
-Ta mère t'as jamais appris à respecter les gens ?
La claque est partie toute seule.
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Until the last petal falls (terminé)
Romance/Seront-ils leur plus belle cicatrice ?/ « Un. Deux. Trois. Dans ma vie j'ai toujours ressenti le besoin de compter. Compter mes respirations pour refouler mon passé. Compter pour affronter le lendemain. Quatre. Cinq. Six. Je compte mes cicatri...