Je marche d'un pas déterminé. Nous sommes jeudi après-midi, et à ma plus grande surprise mes derniers cours ont été annulé. Une légère pluie d'avril tombe sur Paris. J'aime la pluie. Les flaques qu'elle laisse sur son passage et le bruit qu'elle fait quand elle frappe contre le carreau d'une fenêtre. Une vieille dame marche de l'autre côté de la rue. Avec son chariot et son parapluie elle est toute mignonne, je la salue et elle me répond avec un grand sourire. .
Je suis d'humeur joyeuse aujourd'hui. Déjà parce que je finis plus tôt ( ce qui n'est pas négligeable) mais aussi parce que depuis un mois je me sens enfin vivante.
La première semaine, après le retour d'Alex, a été très bizarre. Nous vivions la nuit pour ne pas nous faire remarquer mais parfois quand nous regardions la télé je laissais ma tête tomber sur son épaule, nous riions fort en cuisinant. Chris devait le savoir mais nous l'avons laissé partir de la maison sans lui dire.
Les quinze premiers jours il n'avait pas le droit d'avoir de contacts avec l'extérieur, nous avions seulement les nouvelles que les médecins donnaient. Maintenant il appelle deux fois par semaine et ça à l'air de bien se passer.
Alex est toujours à l'appart familial car pour trouver un logement à Paris c'est très compliqué. Il travaille toujours dans le resto à côté du lycée. C'est super pratique. Le midi, avec Charline et Adèle, nous allons manger là-bas. Le soir, je passe l'aider à préparer la salle ou parfois je reste juste dans la salle du personnel avec lui en attendant son service. Je fais mes devoirs, il fait les comptes, parfois nous discutons, mais nous passons surtout de longues minutes enlacés tous les deux. Ce sont des moments vraiment sympas.
Aujourd'hui je ne suis pas censée y passer, mais c'est l'occasion ! Il doit être en train de ranger le service de midi pour préparer celui du soir. Je décide de lui faire une surprise alors je ne le préviens pas.
Oui, je suis heureuse. C'est à croire que je me mettrais à danser accrochée à un lampadaire en mode singin' in the rain.
L'avant du restaurant est fermé, je décide donc de passer par l'arrière, les petites rues ne sont pas très sures mais nous sommes en plein milieu de la journée, je ne crains pas grand-chose.
De la musique correspondant à mon mood dans les oreilles je me dirige vers la porte réservée au personnel. Quand mes yeux se posent sur cette dernière je reste bouche bée. Si vous ne savez pas ce qu'est un ascenseur émotionnel en voici un :
Alex est adossé sur le mur avec un garçon que je reconnais : Justin. L'ex de Charline. Celui qui l'a violée. Celui qui organise ces soirées malsaines. Je pensais qu'Alex avait coupé les ponts avec lui. Pour couronner le tout, je vois qu'ils se passent quelque chose. C'est un joint. Je reconnais l'odeur âcre qui vous prend la gorge. Je suis déçue. Tellement.
Il m'avait promis qu'il avait arrêté. Qu'il ne touchait plus à ces merdes. La fumée qu'ils soufflent est opaque. Ils ne m'ont pas vue. Entre faire un esclandre et me ridiculiser ou prendre mes jambes à mon cou, je choisis la seconde option.
Sur le chemin du retour, je me pose des milliards de questions. Est-ce la seule drogue qu'il prend ? Depuis quand ? Souvent et beaucoup ? A-t-il repris les soirées ? Il est vrai que plusieurs fois il est rentré tard et pas très clair. Mais dans mon sommeil je ne réalisais pas. Tout s'éclaire. Je crois que je peux pardonner beaucoup de chose mais pas le mensonge et la trahison. Je suis tellement déçue. Du revers de la main j'essuie avec rage les larmes qui coulent, elles se mélangent avec la pluie.
Quand je rentre à l'appartement je suis trempée. Sophie est probablement en train de dormir. Elle m'a prévenue ce matin qu'elle avait une grosse opération assez compliquée. J'essaie de faire le moins de bruit possible pour ne pas la réveiller. Je prends une pomme dans la cuisine et monte dans ma chambre. Je décide d'envoyer un message à Charline pour lui expliquer la situation :
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Until the last petal falls (terminé)
Romance/Seront-ils leur plus belle cicatrice ?/ « Un. Deux. Trois. Dans ma vie j'ai toujours ressenti le besoin de compter. Compter mes respirations pour refouler mon passé. Compter pour affronter le lendemain. Quatre. Cinq. Six. Je compte mes cicatri...