/Alex/
-Tu viens boire un vers avec nous ce soir ? me demande Simon.
-Ma surveillance s'arrête à 18h, je pense être au bar à 19...
-Pas de soucis ! Préviens-moi quand tu pars de l'appart.
Simon est mon coloc. Nombreuses sont les choses qui se sont passées en un peu plus d'une année. Je vis dans le sud et je m'y plais. J'ai rencontré des gens supers, j'ai un appart et un boulot. Je ne suis plus ce mec paumé qui bossait pour occuper son temps. Je fais ce que j'aime et jamais je n'ai pensé que ça aurait été possible.
Quand je suis arrivé ici, j'ai loué un petit AirBNB pourri et j'ai posté une annonce pour chercher une colocation. Peut-être dix jours plus tard je recevais un message de Simon et tout s'est fait naturellement. J'ai également passé une formation pour devenir coach sportif, je donne des cours dans une salle de sport, malheureusement elle est fermée pour travaux cet été alors je me suis trouvé ce job : sauveteur en mer sur la plage. Mon boulot consiste à regarder des touristes se baigner et aller les repêcher quand ils partent trop loin avec leurs bouées. Je bronze, je rencontre des jolies filles et je ne suis pas trop mal payé...
Je suis en train de préparer mon sac pour aller bosser. Depuis hier je suis perturbé. Je sais que c'était elle au bout du fil. Même des siècles après j'aurais reconnu son souffle. Je n'ai pas entendu sa voix, seulement ce soupir de surprise.
Elle m'a manqué chaque jour. Je m'en veux toujours pour ce que je lui ai fait, je me sentirais toujours coupable.
Je fourre mes affaires dans mon sac et prends les clefs de mon scooter. Je claque rapidement la porte et descends les escaliers. J'habite dans un appart en plein cœur de la ville du soleil. Il n'est pas très grand. Nous avons une pièce à vivre avec cuisine ouverte, une salle de bain et deux chambres. Le strict nécessaire pour deux mecs. Je ne sais pas pourquoi j'ai choisi de venir vivre ici. Peut-être est-ce grâce aux discours élogieux que Marie portait toujours sur sa ville natale ? Ou peut-être étais-je venu ici dans le but qu'elle me retrouve ? En tout cas pour rien au monde je retournerai à Paris, sauf pour elle.
Il est presque midi et je prends la relève de treize heures. Je préfère être en avance, je déjeunerais à la paillote à côté du poste. La route jusqu'à la plage est très agréable, tout l'est ici. Les gens sont chaleureux et Montpellier et ses alentours sont des endroits très jeunes et dynamiques. La météo est juste parfaite et la vie est peu couteuse par rapport à Paris. La seule ombre au tableau c'est qu'elle n'est pas là. Elle est à Paris et elle est aussi seule que moi, enfin ça je n'en sais rien. Ma mère m'a envoyé un message pour me dire quelle serait dans le coin cet été, mais quel est le pourcentage pour que je tombe sur elle sérieusement ? Elle m'a aussi dit qu'elle avait eu son bac mention très bien et ce sentiment de fierté m'a envahi comme à chaque fois qu'elle excellait quelque part.
Tout n'est pas simple depuis que je suis ici. Les premiers mois, mis à part mon coloc, je n'ai eu aucun lien social avec d'autres humains. Je me rassurais en disant que sacrifier notre relation l'aura au moins sauvée des griffes d'un dealer en demande de vengeance. Mais je n'arrivais pas à aller de l'avant. Le jour de mes vingt ans a été le pire de ma vie. Je me rappelais nos promesses. Je lui avais promis de ne jamais la laisser, mais j'étais parti sans me retourner.
Puis il y a commencé à avoir les souvenirs, en septembre cela faisant un an qu'elle était entrée dans ma vie, en décembre nous nous étions embrassés pour la première fois, en janvier elle m'avait offert son corps et son âme, en mars je repensais à ces yeux brillants à l'opéra et à ses danses endiablées en boite, en mai cela avait fait un an que je vivais sans elle mais le trou béant dans ma poitrine était toujours autant à vif. La boucle était bouclée à présent.
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Until the last petal falls (terminé)
Romance/Seront-ils leur plus belle cicatrice ?/ « Un. Deux. Trois. Dans ma vie j'ai toujours ressenti le besoin de compter. Compter mes respirations pour refouler mon passé. Compter pour affronter le lendemain. Quatre. Cinq. Six. Je compte mes cicatri...