- Merci pour les peignoirs.
- Je vous en prie Monsieur Lanval, avec plaisir. Vos vêtements seront secs dans 1h, nous faisons tout notre possible.
Nous sommes de nouveau à table, mais cette fois-ci tout de blanc vêtu, et les cheveux mouillés. En profitant d'une bouchée, il prend la parole bien plus calmement que tout à l'heure.
- Je suis désolé, j'y suis allé un peu fort, je n'aurais pas dû.
- Il n'y a pas que vous et je n'ai pas maché mes mots non plus...
Puis il croise ses mains devant lui, les coudes sur la table et me dévisage l'air interrogatif. Pourtant il ne dit rien, mais je suis rapidement mal à l'aise, si je pouvais retirer les images qui se baladent dans mon esprit de son corps à moitié nu ça m'arrangerait ! L'humour... oui l'humour ça sort tout le monde de situations embarrassantes !
- Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai une algue posée au milieu du front ?
Il me répond par un divin sourire, mes yeux se fixent à lui, à ses lèvres et je respire plus vite, fort heureusement il se met à parler.
- J'essaye de me souvenir depuis combien de temps je ne me suis pas énervé comme ça.
- Et ça a l'air de vous faire rire.
- Pas rire, mais je me demande bien pourquoi j'ai terriblement envie de vous provoquer. Je perds toute notion de logique, de bienséance, et je me fous éperdument des conséquences. Vous êtes un mystère Bérénice.
- Le psy est de retour ?
- Non, depuis hier soir j'ai juste du mal à me reconnaitre, vous m'entrainez dans d'étranges contrées.
- Si ça peut vous rassurer, je ne suis pas toujours aussi insupportable, mes amis me trouveraient même plutôt calme en temps normal. J'ai un peu tendance à me lâcher également depuis hier soir : cigarettes, alcool, bain toute habillé... c'est peut-être la lune ?
- Une belle théorie en effet, mais j'avoue que tout ça ne me déplait pas... Un dessert, pour me faire pardonner ?
- Oui avec plaisir.
- Parfait, je commande.
Nous finissons le repas et nous récupérons nos vêtements, puis nous sortons pour nous engouffrer incognito dans la Bugatti qui est restée stationnée devant la porte. Par chance, nous avons pu éviter les groupies et les journalistes. Il démarre et appelle John de son main libre. Nous devons aller au rendez-vous qu'il a pris afin de savoir si oui ou non, nous faisons partie de la même famille. À cette idée, j'ai le cœur qui se serre... Tout est terriblement flou au fond de moi.
John nous suit et nous pénétrons dans une clinique privée, son arrivée a été préparée dans les moindres détails. Parking en sous-sol, porte de service, bref nous ne croisons personne. Encore une fois, je commence à saisir qu'il ne faut pas trop s'exposer pour éviter les attroupements autour de sa fameuse personne, Frédéric Lanval ameute clairement les foules. Déjà que l'infirmière glousse comme une poule qui vient de pondre un œuf, je n'ose pas imaginer si nous étions passés par la porte principale... Elle me regarde de travers lorsqu'elle s'occupe de moi, elle serait presque désagréable, aussi je lui fais un rictus pincé quand elle me pique le bras sans douceur. Je lâche un :
- Aïe !
Frédéric qui voit clairement qu'il est la cause de la tension qu'elle dévoile, relève un sourcil et étire ses lèvres, tout en replaçant sa manche délicatement sur le pansement. Il n'est pas possible ce type, ça le fait marrer en plus ! Je le regarde en soufflant, ce qui le fait sourire de plus belle. Quelques autographes et photos plus tard, nous ressortons pour nous diriger vers le parking afin de rejoindre John.
J'en ai ma claque de tout ce cirque.
Je m'avance vers ma voiture d'un pas décidé, il me raccompagne en disant :
- Donnez-moi votre numéro de portable, je vous tiendrai au courant du résultat.
- Dans combien de temps nous saurons si vous êtes mon célèbre cousin ?
Je fais une moue boudeuse aussi il me met sa paume sur la joue. "Non, mais retire vite ta main ! Elle va s'embraser au contact de mon épiderme brulant..."
- Je vois bien que ça vous a couté de venir ici et j'en suis désolé.
Je fais un petit pas sur le côté pour quitter cette peau qui me fait frissonner et il inspire avec force.
- Vous savez, il y a de grandes chances que je me sois trompé. Vous n'aurez plus à me supporter bien longtemps à l'avenir, vous pouvez vous en réjouir.
Décidément il prend tout de travers !
- Non !
Ma voix vient de résonner dans le parking et il me regarde plus intensément. Je me contiens comme je peux.
- J'ai passé un agréable moment en votre compagnie. Enfin, ce n'est pas tout à fait... enfin, ce n'est pas...
Trouve un truc à dire ma pauvre fille, tu t'enfonces dans les méandres du "débilitisme". L'idée du siècle, vas-y, creuse-toi ce qui te sert de méninges !
- Si je me souvenais de ce qui s'est passé hier je serais moins gênée.
"Bravo ! Quelle foutue putain d'idée à la con !".
Il se recule un petit peu et tente de me percer à jour, je suis cramoisie. "Dis quelque chose, putain ! Ne me laisse pas comme ça !". Le malaise s'installe. "Dis un truc ! Pitié Frédéric... au secours... »
- Ne vous inquiétez pas. Il ne s'est rien passé entre nous...
- Hein ?
Merde... De toutes les choses que j'aurais pu entendre, c'est bien celle-ci que justement je ne voulais pas entendre... Il me pose ses deux mains sur les épaules.
- Je n'ai pas abusé de vous, de la situation.
- Mais je...
- Ne dites rien, vous voyez je suis peut-être un queutard, mais j'arrive aussi à me contrôler, même dans les pires moments.
Alors là, c'est la totale ! Laissez-moi m'enfuir... Il enchaine avec cette mine qui se veut hyper rassurante, comme si j'étais à mon premier rendez-vous chez le gynéco !
- Donc tout va bien.
Il me fait un clin d'oeil. Je ne sais plus où me mettre, c'est décidé, je deviens "bonne sœur".
- Votre numéro...
Je lui donne machinalement et il le rentre dans son portable avant de me dire au revoir. Je suis restée quelques minutes dans la voiture sans pouvoir démarrer, je suis en train de tomber sous son charme, ou quoi ? Je dois me reprendre, illico !
VOUS LISEZ
MB MORGANE - Incontrôlables [Terminé]
RomanceBérénice est une artiste peintre au fort tempérament vivant dans le Sud de la France. C'est lors d'un dîner surprise chez sa mère qu'elle fait la rencontre d'un séduisant et célèbre acteur de cinéma, Frédéric Lanval. Ils seraient en effet de la même...