Chapitre 32

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J'ai passé la journée de mardi à suivre la fameuse Tina dans les magasins de la région les plus chics et nous sommes tombées d'accord sur une robe portefeuille à sequin dont on m'a caché le prix et une paire d'escarpins à talon, haut, mais alors très haut... Il parait que compte tenu de la taille de mon cavalier, c'est le minimum... ben voyons !

17h, je viens de sortir de l'institut de beauté, coiffée, maquillée, pomponnée ... John est devant et m'ouvre la porte d'une limousine aux vitres teintées. Je marque un temps d'arrêt et commence à stresser tout à coup. Je m'avance pourtant, mais avant de rentrer, je me penche et je le vois... J'ai les joues qui rosissent rapidement quand il me contemple des pieds à la tête. Il affiche un sourire incroyable, il parait si fier, puis il me tend la main pour me convier à venir à ses côtés. Évidemment mal à l'aise, je n'aime pas cette situation et je m'assois doucement sans faire de bruit regardant la porte se refermer sur moi.

Il met une paume sur son front et se cale plus volontiers dans les sièges en cuir noir en disant :

- Comment vas-tu Richard ?

Je serre mes doigts sur mon sac hors de prix, mais n'arrive pas à sortir un seul mot. Trop stressée, trop de pression, j'ai l'impression que je vais me vautrer à chacune des marches que je vais devoir monter tout à l'heure avec ces foutus talons hauts. Je les regarde machinalement et panique deux fois plus.

Mais il se penche vers moi.

- Ça n'a pas l'air d'aller ?

- Si... en fait... non pas vraiment.

Il se place complètement face à moi et s'avance, il ne manquait plus que ça, cette vision divine, et cette promiscuité dans cet habitacle bien cosy.

-Tu m'en veux ? Tu ne veux plus y aller ?

Je me tourne d'un coup, le dévisage nerveusement, et je lâche tout en bloc, comme pour me soulager.

- Non, c'est juste que j'ai peur, peur de ne pas être comme il faut, et de te faire honte.

Ses iris se remplissent d'une tendresse infinie, s'il ne cesse pas de me regarder comme ça je vais finir par craquer... Décidément il ne m'épargne rien...

- Bérénice, tu es sublime, je n'ai jamais monté les marches avec une femme telle que toi et tu seras sans nul doute la plus belle créature de la soirée...

Ça y est je craque ! Mes yeux s'humidifient, mais je tiens bon pour ne pas saccager mon maquillage.

- Tu n'es pas obligé de me dire ça, je sais très bien que je ne serais jamais la plus belle !

- Tu as raison, tu n'es pas encore la plus belle... attends.

Il prend un paquet devant lui et me le tend en me regardant. J'ouvre fébrilement le nœud, puis la boite et me demande si je ne rêve pas...

Je referme aussitôt l'étui et lui redonne d'un geste ferme.

Visiblement il s'attendait à ma réaction, alors il saisit le pendentif et s'avance pour me le placer au cou. Il est tellement près de mon visage que je me remémore la douce saveur de son baiser, ses mains sur ma peau... Quand ses doigts me frôlent, des frissons parcourent mon épiderme des pieds à la tête.

- Richard, tu es obligée de porter cette parure, ma réputation est en jeu, tu ne voudrais pas qu'on pense que je suis un radin quand même...

Son odeur n'est pas humaine, elle est angélique, mais compte tenu de ce qui se passe dans mon corps, je pencherais plus pour diabolique ! Une fois le bijou bien accroché, il reste un moment face à mon visage, je commence à oublier qui je suis lorsque je fixe ses lèvres. Il est délirant, percutant, excitant et moi je fonds comme une pauvre groupie... Ce moment nous surprend tous les deux et nous demeurons à nous fixer sans savoir ce qu'il faut faire, quand mon téléphone se met à sonner.

- Da... Daniel ?

Frédéric se recule et respire profondément comme s'il en voulait à Daniel.

- Bé, je suis en voiture et je ne vais pas tarder. Je souhaitais t'envoyer plein de bonnes ondes pour la montée des marches. Si je peux, je vais regarder ça en direct.

- D'accord, c'est gentil de ta part.

- Mais c'est normal mon ange ! Je t'aime et je suis si heureux pour toi.

Frédéric noie ses yeux dans les paysages qui défilent, on dirait qu'il est blasé.

- Merci, j'espère que je ne vais pas me prendre les pieds dans le tapis !

- Non, tout ira bien. J'ai un autre appel, je te laisse, à demain !

- Oui, bonne soirée.

Je raccroche et je ne peux plus décocher un mot de plus jusqu'à Cannes. Au fil des minutes, j'ai eu le temps de retrouver l'usage de mon cerveau et romps finalement le silence.

- Lanval ?

Il se tourne vers moi en faisant un petit son guttural.

- Je n'ai pas envie d'être interviewée, ni mise sur le gril, ni être loin de toi...

Il lève un sourcil amusé.

- Non, ce n'est pas ce que tu crois, je ne veux pas me retrouver seule dans cette espèce de jungle où tous mes faits et gestes vont être épiés, déformés.

- OK, Richard ! Mais je ne comptais pas te laisser seule de toute manière. Daniel m'en voudrait si tu disparaissais dans les bras d'un autre...

Mon cerveau interprète bizarrement ce qu'il vient de me dire, mais à quoi joue-t-il ? Ce type me dépasse...

À Cannes, il y a des barrages de police partout et John est obligé de montrer son laissez-passer. Mon cœur bat plus vite quand j'aperçois au loin le Palais des Festivals et comme un réflexe de survie ma main saisit la sienne.

Il se rapproche de moi.

- On va t'ouvrir la porte en premier, mais je te rejoindrai rapidement, ne t'inquiète pas.

Je crois que ma peau est diaphane par le stress... Je ne pensais pas être comme ça, c'est idiot. En effet, la limousine s'arrête devant un tapis rouge et quand la portière disparait je suis contrainte de lâcher sa main pour sortir.

Je suis en apnée quand tous les journalistes me hèlent.

- Mademoiselle ! Mademoiselle ! Regardez-moi...

On me mitraille de tous les côtés et je souris. Frédéric est rapidement à mes côtés et se penche vers moi, ils en profitent pour vider leur carte de mémoire...

- Richard, on y va, tu es divine.

Puis il me fait un baiser sur le revers de la main, nous avançons calmement, afin que tous les photographes soient rassasiés. Il garde sa main dans la sienne et lentement j'arrive à me détendre au fur et à mesure de la montée. Nous stoppons presque à chaque marche pour qu'il puisse faire des petits signes, des sourires, des œillades. Finalement, tout se passe bien, mais je me demande quand même ce que je fiche ici, ce n'est pas mon monde. Ça s'éternise un peu trop à mon gout aussi je serre doucement mes doigts sur les siens et il saisit que j'ai besoin de changer d'air. Alors nous montons les dernières marches en nous retournant faire un signe à la foule qui hurle, surtout les filles d'ailleurs, puis nous disparaissons dans le Palais.

MB MORGANE - Incontrôlables [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant