MB MORGANE - Incontrôlables [Terminé]

Chapitre 36

Cinq jours se sont écoulés depuis que Daniel est parti, et surtout depuis la victoire de Lanval. Les médias ne parlent que de lui, il est au centre de toutes les attentions. Par chance, je ne suis plus du tout sous le feu des projecteurs. C'est étrange de passer de star des réseaux à l'anonymat le plus complet en si peu de temps. Quand je vais à mon atelier pour combler le vide de mon existence, je garde pourtant mes lunettes de soleil, surtout pour éviter que les gens ne voient mes valises sous les yeux...

Je travaille dans mon petit espace, je profite de ma solitude et la catharsis provoquée par mon art est d'un grand secours. J'y reste le plus possible pour retarder le moment où je me retrouve seule chez moi.

Ce soir, je referme derrière moi et comme toujours, je l'aperçois partout dans l'atelier. Son portrait est toujours là, mais je ne peux plus le regarder sans avoir les larmes aux yeux, je lui ai donc mis un drap dessus, je l'ai caché comme je dois cacher mes sentiments qui se sont exacerbés depuis la soirée de l'ouverture du festival.

Je dois me rendre à l'évidence, je suis tombée amoureuse de lui... et c'est une catastrophe.

Dans la rue, j'avance lentement et vu l'heure tardive, je ne rencontre presque personne. Je passe par des ruelles du vieux Nice qui me permettent de gagner du temps, et pourtant je ne marche pas plus vite. C'est un curieux paradoxe... le paradoxe de mon existence, j'aime Lanval et je vais me marier avec Daniel !

Toujours perdue dans mes pensées, je ne vois pas quatre hommes qui me dépassent.

Soudain, l'un d'entre eux se poste devant moi et je suis obligée de stopper. J'ai les yeux embrumés et je ne perçois pas tout de suite qu'il porte une cagoule. Lorsque je m'en rends compte, je panique, je fais demi-tour, mais je me heurte à trois autres personnes... Je suis encerclée !

Ils se rapprochent plus de moi et me saisissent le poignet pour m'emmener vers une rue sombre. J'essaie de crier, mais une main se plaque sur ma bouche. Mais contre toute attente, une montée d'adrénaline me pousse à donner des coups dans tous les sens. Par chance, le premier touche sa cible et atterrit dans le bas ventre de celui qui me retient. Il me lâche et j'en profite pour m'échapper sous le regard des autres qui ne tardent pas à me pourchasser. Je cours de toutes mes forces et débarque dans une avenue, je ne ralentis pas et manque de percuter une voiture. Ils sont toujours derrière moi, j'ai peur... Pour une fois que je dois arriver chez moi le plus vite possible, il semblerait qu'on me met sans cesse des bâtons dans les roues. Devant mon immeuble, j'ai un tout petit peu d'avance, mais ils sont dans ma rue, je fais tomber mes clés, je les ramasse d'un coup et vise la serrure en me disant que je ne vais jamais pouvoir déverrouiller. Je tourne au moment où l'on essaie de m'attraper, d'un autre coup de pied, je repousse celui qui est face à moi avant de m'engouffrer et de rabattre la porte sur eux. Ils frappent, je vois leurs ombres, mais je ne m'attarde pas, je n'attends pas l'ascenseur, et décide de monter quatre à quatre les escaliers. Devant mon appartement, j'ouvre et referme aussitôt en mettant le verrou. À bout de souffle, je continue à paniquer, et s'ils passaient par la fenêtre ? Le temps de me raisonner, mes nerfs lâchent... Je pleure, je claque des dents...

Il me faut quelques minutes pour retrouver une respiration presque normale et arriver à me recentrer.

J'ai peur... et je me demande d'un coup si l'auteur des messages anonymes n'aurait pas mis ses menaces à exécution finalement. Je ne peux pas rester ici, je me sens en danger... Ils vont revenir !

Alors comme s'il était le seul responsable, je saisis fébrilement mon smartphone et compose son numéro.

J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure et sursaute quand il décroche en disant :

- Richard ! J'espère que c'est important, je suis en pleine partie de jambe en l'air...

Mais ma gorge est nouée... je pleure toujours autant... Alors sa voix change en un instant.