Chapitre 26

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Au bout de trois quarts d'heure, mon téléphone sonne enfin.

- Oui ?

- Mademoiselle, c'est John. Descendez dans cinq minutes, et déverrouillez-moi le portail automatique du parking, je vous y rejoins.

- Merci.

Je m'exécute sans attendre. Une voiture aux vitres teintées vient vers moi. John prend ma valise et m'ouvre la portière arrière pour que je puisse prendre place.

- Parfait, baissez-vous le temps que d'être hors de portée des journalistes. On ne sait jamais, ces cafards sont rusés.

Je suis à plat ventre sur le cuir noir et John sort tranquillement de l'immeuble. Quelques minutes plus tard et une fois sur la voie rapide, je me relève enfin.

- Merci, John, d'être venue me chercher.

- C'est mon travail.

La sonnerie de l'habitacle retentit.

- Oui, Monsieur Lanval ?

- C'est bon ? Tout s'est bien passé ?

- Oui, je suis avec mademoiselle Richard, tout va bien. On est chez vous dans 20 minutes.

- Parfait. Je vous attends.

Je ne dis plus rien, étant dans un étrange monde et c'est finalement John qui prend la parole.

- Ne vous inquiétez pas, Monsieur Lanval a les meilleurs avocats.

- Ça arrive souvent ?

- Vous ne lisez pas la presse à scandale ?

- Non, pas vraiment...

- Des cas comme ça, une ou deux fois par an.

- Tant que ça ?

- Oui. C'est malheureux... Mais ça s'étiole rapidement, et puis ça fait marcher la justice.

- Vous avez lu l'article John ?

- Oui, je suis vraiment désolé de ce qui a pu se dire contre vous. Mais c'est souvent comme ça que ça se déroule... Ils veulent du croustillant, du sensationnel.

Lorsque nous arrivons devant la "forteresse Lanval", il y a des journalistes, mais les agents de sécurité les tiennent à distance. Aussi, nous passons tranquillement même si je suis encore cachée à l'arrière.

J'avoue être ravie d'être chez Frédéric. Je suis néanmoins un peu stressée de le revoir après cette dernière et fameuse soirée croustillante. Il nous attend devant son entrée et je ne peux m'empêcher de le trouver encore une fois délirant, magnifique, même si son visage semble plus froid et beaucoup moins détendu. Gentleman, il m'ouvre la portière pour me faire sortir et John prend ma valise dans le coffre. Je ne sais pas s'il faut lui serrer la main, lui faire la bise, me fondre sur ses lèvres, le dévorer des pieds à la tête...

OK, je vais devoir vite passer à autre chose...

Pendant ce temps, il s'amuse de mon air piteux.

- Richard, alors le voyage fut agréable ?

- Quel humour Lanval ! Très drôle...

- Viens, j'ai une demi-douzaine d'avocats au garde à vous dans le salon.

Mais je stoppe net, je pense à Daniel et affiche sans ménagement mon coup de stress soudain sur mon visage.

Il comprend rapidement, puis me rassure :

- Daniel nous rejoindra un peu plus tard. Tout est arrangé... Suis-moi.

Il me fait rentrer chez lui et je ne vois pas Twiggy. Je me demande bien comment elle a pu prendre les choses. J'avance à pas de loup quand effectivement six avocats se lèvent à mon arrivée pour me saluer.

- Nous sommes là pour gérer ça rapidement. Je vous présente Bérénice Richard, la jeune artiste peintre. Faisons comme d'habitude, si vous le voulez bien. Combien de temps cela va prendre ?

- Je dirais trois mois...

- Pourquoi si long ?

- Nous n'avons pas le nom du journaliste, nous devons faire une action directe contre le journal. Ils vont faire trainer les choses, c'est sûr...

- Mais d'habitude, cela ne prend pas plus de 2 mois ?

- Oui, Monsieur Lanval, pour les célébrités c'est toujours un peu plus rapide que pour les anonymes.

- Bon alors, il faut faire la requête dès aujourd'hui.

pendant les quelques minutes qui ont suivi, j'ai totalement décroché. Ce n'est que lorsque Frédéric m'a tendu une tasse de café que je me suis réveillée.

- Merci.

- De rien.

Il me sourit étrangement et je ne peux m'empêcher de le dévisager quand tout à coup on entend une petite voix hystérique nous héler.

- Qu'est-ce qu'elle fait là, elle ?

C'est Twiggy, elle ne cache pas son mécontentement. Frédéric lève les yeux au ciel avant de bifurquer dans sa direction.

- Chérie, s'il te plait, tu peux retourner dans la chambre, aller à la piscine ou demander à Sheila de te faire un massage ? Ça serait cool pour tout le monde...

Elle le toise, très irritée par ma présence.

- Non, je n'ai pas envie. Je ne veux pas qu'elle reste ici.

- Pas le choix, c'est comme ça. Pitié, on n'a pas besoin d'une hystérique autour de nous.

Elle me fait de la peine et je me lève pour aller lui dire :

- Twiggy, s'il te plait, j'aimerais te parler, tu acceptes ?

Je sens le regard bienveillant de Frédéric quand il voit l'effort que je fais pour arranger les choses, comme il l'a fait pour Daniel.

- D'accord !

- Mais pas ici, tu veux bien nous trouver un endroit tranquille ?

- Oui, suis-moi...

En colère, elle me précède d'un pas nerveux et je peux largement la comprendre. Elle nous conduit dans un petit bureau à l'étage d'en dessous et nous nous asseyons l'une en face de l'autre.

- Twiggy, je suis désolée, mais je suis autant dans la mouise que vous deux.

- C'est rien de le dire, tout le monde me téléphone et se moque de moi !

- Et moi, ce matin, il y avait des journalistes devant mon appartement. Je voulais te confirmer que je ne m'intéresse pas à Lanval, c'est ton fiancé et je suis avec Daniel. Je ne compte pas le quitter. Pourtant, tout comme toi, il était très en colère mais je lui ai expliqué qu'il s'agissait d'un pari idiot. Il y avait des personnes qui ont pris les photos et qui ont fait croire des choses qui n'existent pas. J'espère qu'on restera bonnes amies, même si je comprendrais que tu ne le désires pas.

Elle fronce les sourcils et arrive doucement à se détendre avant de se jeter dans mes bras. Surprise, je n'ose pas tout de suite lui rendre son câlin, mais finis par le faire, elle est si touchante quand elle s'y met.

- Frédéric m'a tout expliqué, mais ce n'est pas drôle de voir son futur mari en train d'embrasser une autre femme.

- C'est sur...

Elle se détache de moi et nous remontons dans le salon. Les avocats sont en train de partir et Frédéric les raccompagne à peine. Je m'assieds dans un des nombreux canapés de la villa et commence à triturer mes mains.

- Bon, on va s'en sortir. Je vais devoir accepter une interview pour clarifier les choses. Ça ira plus vite si c'est à la maison.

- Ici ?

- Oui, le plus tôt sera le mieux. On m'a proposé une télé, mais je n'ai franchement pas envie de monter à Paris dans ces conditions.

Puis il claque ses mains l'une contre l'autre, nous faisant sursauter.

- Bon, qui veut faire un tennis ? Tu joues Richard ? On ne va pas se morfondre pour si peu, non ?

MB MORGANE - Incontrôlables [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant