Chapitre 41

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Un chant d'oiseau exotique me réveille et je me demande si je n'ai pas rêvé. Pourtant quand je contemple le haut du lit, je reconnais la chambre. Je souris dans le vide au souvenir de la délicieuse nuit que nous avons passée ensemble. Le cherchant du regard, j'entends qu'il est dans la salle de bain, aussi je ne souhaite pas le déranger et enfile un de ses t-shirts pour sortir sur le balcon. Le soleil est déjà haut dans le ciel et les vagues scintillent tout en m'appelant. Je respire les odeurs de la nature quand il m'enlace tendrement pour me serrer contre son torse. Il dépose un baiser sur ma tempe et murmure dans un souffle qui me fait fermer les paupières.

- Bien dormie ?

- Trop...

- Comment ça ?

- J'ai peur que le temps passe trop vite et j'ai envie de profiter de toi.

Il me retourne et me dévore des yeux.

- Personne ici ne va nous empêcher de profiter l'un de l'autre.

Ici ? Peut-être, mais en France ? Soudain, je pense à ma trahison, à mon impossible et innommable trahison, et je me ferme en posant ma tête sur son torse.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Pourquoi m'as-tu poussé dans les bras de Daniel ?

Il inspire avec force...

- Nous étions en train de préparer le plan avec la police pour démasquer le corbeau. Il était hors de question que j'ai une petite amie autre que la fameuse Twiggy... Les enjeux étaient trop importants.

Je le dévisage, les yeux humides.

- Mais pourquoi, tu ne m'en as pas parlé ?

- Parce qu'on ne pouvait faire confiance à personne.

- Alors tu as tout fait pour que je sorte avec Daniel !

- J'avoue que j'ai joué un double jeu, je voulais te savoir en sécurité et surtout faire croire que tu ne représentais rien pour moi. Mais...

Il me caresse le visage et le vent se lève.

- On s'est embrassé et les photos étaient trop éloquentes.

- Pourquoi, tu n'as rien fait quand il m'a demandé de l'épouser ?

- Je ne pouvais pas ! Twiggy était là ! C'est une pro et elle avait commencé à recevoir des emails anonymes, le plan fonctionnait parfaitement, il ne fallait pas ameuter les soupçons.

Il saisit une mèche de mes cheveux et la tourne autour de son index, sa bouche se serre.

- Si tu savais comme ça m'a couté de te voir lui dire oui, tu n'as pas idée. J'ai même pensé un temps à tout t'avouer, mais la police m'en aurait voulu après tous ces mois de travail.

Il me prend dans ses bras.

- Mais maintenant, tout va s'arranger.

S'arranger ? Mais comment cela pourrait s'arranger ? J'ai trompé Daniel, je dois me marier dans quelques semaines ! Il ne semble pas se rendre compte de la situation dans laquelle je suis, et contre toute attente, je le repousse avec fermeté.

- Tu ne peux pas dire ça !

Il me lâche comprenant que les choses vont prendre une tout autre tournure. Son visage devient plus froid en attendant la suite, il me connait tellement bien.

- Je suis fiancée réellement moi !

Il se déhanche sur la rambarde et ajoute en levant les bras au ciel :

- Dit-elle... en venant de passer la nuit avec son amant...

- Ha, très drôle Lanval ! Vraiment très, très drôle !

- Tu recommences ? C'est ça ?

- Non, c'est toi qui continues !

- Je ne continue pas, je constate !

- Oui c'est sûr, toi tu constates et tu observes, c'est tout... Tu observes le merdier dans lequel tu mets les gens avec tes secrets à la con !

- C'était pour te protéger, merde !

- En me poussant dans les bras d'un autre, c'est étrange non ?

- Je tiens à te préciser que je ne t'ai pas forcé à y aller ! C'est toi qui as voulu sortir avec Daniel !

- Parce que tu t'es précipité sur Twiggy !

- OK, donc, tu avoues que c'est pour me faire chier que tu es sortie avec Daniel ?

Je grogne en serrant les poings. Comment peut-il passer d'un homme sublime à un enfoiré de première classe en l'espace de quelques minutes ?

- Pas du tout... je...

- Tu l'aimes ?

- Non !

Ma voix directe a claqué comme un fouet.

- Alors c'est réglé !

Puis il se tourne vers le salon et disparait dans sa chambre en claquant la porte.

Toujours dans la même position, je rumine ce que j'aurais dû lui dire, et n'arrive pas à me calmer. Je lui en veux, en fait pas vraiment, je nous en veux à tous les deux d'être de même nature.

Je décide finalement d'aller me changer pour visiter les lieux, ça me fera le plus grand bien. J'en profiterai pour réfléchir à la meilleure option avec Daniel... enfin j'espère que je la trouverai, parce que pour le moment, c'est un peu le chaos total !

En rallumant mon portable, comme un fait exprès, il y a des messages de mon fiancé, de Vanessa et de ma mère. Je passe directement celui de Daniel :

"Mon amour, tout va bien. Nous vendons bien tes œuvres et nous aurons beaucoup de commandes. Tu me manques tellement. Je t'aime..."

J'ai le souffle court d'un coup, et j'ai froid. Comment vais-je pouvoir lui annoncer que je veux rompre avec lui pour partir avec Frédéric ? Frédéric qui en ce moment même regrette peut-être tout ce qui s'est passé entre nous et qui songe peut-être aussi à me rayer de sa vie.

Je réponds rapidement :

"Je suis contente pour toi, je t'embrasse."

SMS, on ne peut plus distant, certes, mais c'est tout ce que je peux faire pour l'instant. Je m'habille d'un short et me dirige vers la réception de l'hôtel. Je demande si l'on peut faire des balades dans le coin, mais je ne suis pas sûre que la jeune thaïlandaise a bien compris. Elle ne fait que me sourire et pencher sa tête vers l'avant. Aussi, je décide de longer la plage puis au bout d'une bonne demi-heure, j'arrive dans un petit hameau.

Il y a des enfants qui viennent vers moi et je découvre les lieux avec bonheur. Je flâne et profite de ce dépaysement, les gens me dévisagent, mais gardent leur distance. Je pense à Daniel, à Frédéric, et je me demande bien comment je vais pouvoir me sortir de cette situation. N'ayant toujours pas de réponses à mes doutes, je ne prends pas garde à l'heure qui tourne. Ce n'est que lorsque mon estomac me rappelle à l'ordre que je rebrousse chemin tranquillement.

Arrivée à l'hôtel, la jeune fille de l'accueil se précipite vers moi, elle est affolée et n'arrête pas de me faire des révérences. Je ne comprends pas tout de suite ce qui se passe quand je vois le directeur qui me prend les mains en disant :

- Mademoiselle, monsieur Lanval est dans tous ses états, il vous a cherché partout. Nous avons appelé la police...

- Mais tout va bien, quel remue-ménage pour une simple balade ! Je suis une grande fille monsieur...

- Vous ne devez pas faire ça, l'enceinte de l'hôtel est protégée, mais il n'est pas rare que certains pirates accostent plus loin connaissant notre clientèle. Une année, ils ont même enlevé un enfant et ont demandé une rançon à ses parents !

J'éclate de rire.

-Tout va bien maintenant, je n'ai pas rencontré de... pirates... comme vous le dites.

Je ris de plus belle quand j'entends :

- Richard !

MB MORGANE - Incontrôlables [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant