MB MORGANE - Incontrôlables [Terminé]

Chapitre 22

8 mois plus tard.

J'ouvre ma boite aux lettres et regarde rapidement mon courrier : des publicités, des factures et une belle enveloppe couleur crème, c'est une carte d'invitation à un mariage. J'ai des frissons quand je lis : Twiggy Malori & Frédéric Lanval. Non, ils vont le faire... On dirait que ma bouche va se décrocher. Je relis plusieurs fois ce qui est marqué dessus comme si les lettres pouvaient s'effacer ou mieux si les noms pouvaient changer ! C'est prévu pour juillet prochain à Cannes.

Je passe du chaud au froid, mais pourquoi suis-je si perturbée ? Je n'en ai rien à faire, d'autant que Daniel et moi, c'est parti pour durer. Il ne cesse de s'occuper de moi, il est au petit soin, m'adore littéralement et fait tout pour ma carrière. Je ne quitte d'ailleurs presque plus l'atelier tant j'ai du travail. Il a prévu des quantités de foires internationales cette année et je suis constamment mise à l'honneur, mais pourquoi je n'arrive pas à accepter ce foutu putain de mariage à la con ! Je devrais me réjouir pour eux deux, mais il y a sans cesse cette voix qui me percute l'esprit et surtout qui me rappelle ses incroyables sensations que j'ai éprouvées quand j'étais dans ses bras.

Je dois lutter contre ça de toutes mes forces... heureusement que le temps a quand même fait son œuvre : je ne pense à lui que lorsque je pose mes yeux sur une affiche ou une couverture de magazine...

Quelques jours plus tard, je suis toujours dans mon atelier et ai réussi à chasser l'image de Frédéric Lanval de ma tête, enfin en parti, même si je ne cesse de voir sa tronche sur toutes les quatre par trois de la Côte d'Azur, car son film sortira bientôt en salle.

Je suis couverte de peintures des pieds à la tête, il y a des toiles de partout et l'on peut dire que je crée presque à la chaine. Il est presque 19h quand mon téléphone se met à sonner. Je regarde machinalement l'écran et le choc est tel que mon cœur reste un temps en suspens.

C'est Frédéric Lanval ! Quelqu'un doit me faire une mauvaise plaisanterie, ce n'est pas croyable !

Je résiste et ne décroche pas...

Oups, il y a un message vocal.

Non, je ne vais pas le consulter ! Ma main tremble sur la toile, je respire avec force.

- OK, bon, je vais écouter le début et après j'aviserai.

J'appuie frénétiquement sur le bouton et entends sa voluptueuse voix. Enfin, plutôt sa voix autoritaire.

-Richard ! Ouvrez-moi, c'est Lanval !

Hein ? Mais de quoi parle-t-il ? Je remarque d'autres messages, mais ceux-ci proviennent de Daniel, il les a envoyés il y a au moins deux heures :

"Mon amour, j'espère que tu ne m'en voudras pas trop. Lanval a insisté pour visiter ton atelier. Il souhaite acheter des œuvres, mais rien ne lui convient à la galerie. Alors je lui ai donné ton adresse. Il va sans doute passer. Je t'aime à la folie."

Je commence à tourner en rond, comme une souris devant un gros chat, tiens devant ce gros chat d'Héraclès !

Soudain, trois coups à la porte...

- Bordel ! C'est lui !

Je tourne encore plus vite sur moi-même, mais ça ne sert à rien. Mon téléphone sonne encore une fois, c'est Lanval, mais je ne réponds pas. Je ne veux pas le voir aussi j'ai l'idée du siècle... Je me précipite pour éteindre la lumière.

- Richard ! Je sais que vous êtes là, ouvrez-moi et rallumez cette lumière !

Mais quelle bonne idée ! Brillante même...

Je pose mon oreille sur la porte en bois et j'entends gratter.

Je sursaute.

- Richard, je ne bougerai pas. Soit, vous ouvrez, soit, attendez-vous à passer la plus longue nuit de votre vie enfermée dans votre atelier.