Chapitre 30

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Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit-là, entre mes toutes nouvelles fiançailles et la journée d'hier, je dois dire que tout s'est si vite enchainé que j'en ai encore la tête qui tourne. Nous avons décidé de rentrer chez Daniel en début d'après-midi. Je n'ai pas beaucoup vu Lanval et je ne m'en plains pas. Quant à Twiggy, elle était déjà en train de projeter la date de notre mariage, la marque qu'elle portera. Elle pense que choisir ensemble nos robes de mariée serait une bonne idée, mais franchement je n'ai aucune envie de le faire avec elle, non, de le faire tout court...

Finalement, les journalistes ont fini par se lasser et avec cette histoire d'article, j'ai passé les semaines suivantes dans mon atelier pour peindre de nouvelles toiles. Elles sont plus sombres, plus tristes, même Daniel s'en est aperçu. Étrangement, il trouve cela "meilleur", c'est une vraie évolution artistique pour lui. Confiant, il ne voit pas mon état d'esprit.

Au fil des jours, nous avons annoncé nos fiançailles à tout le monde, en fait c'est plutôt Daniel qui s'est empressé de le dire à tout le monde ! Et aujourd'hui, nous devons convenir d'une date pour le mariage. Vanessa me tanne presque autant que Daniel et j'avoue que mon atelier est pour moi une bouffée d'oxygène en ce moment.

Soudain, le téléphone sonne, je ne connais pas le numéro.

- Oui ?

- Bérénice Richard, bonjour, maître Denver à l'appareil, avocat de monsieur Lanval.

- Oui bonjour maître.

- J'ai de bonnes nouvelles à vous annoncer, nous avons gagné le procès et vous recevrez prochainement des dommages et intérêts.

- Déjà ? Mais vous aviez dit trois mois...

- Et bien, finalement cela n'a pris qu'un mois et demi. Je pense que l'interview de mon client a joué pour beaucoup.

- Ha oui, l'interview...

- L'avez-vous lu ?

- J'avoue que non, désolée.

- Je vous le fais parvenir par email.

- Merci, quand vous dites "dommages et intérêts", vous parlez de combien ?

- 50.000 euros.

- Pardon ?

- Ce n'est pas assez ?

- Si, si au contraire, ça me parait énorme !

- Ce sont les montants habituels pour ce genre de calomnies.

- D'accord.

- Je vous laisse et vous tiendrai au courant de la suite.

- Bonne journée.

En raccrochant, je n'en reviens pas, une telle somme ! Cela dit, je n'ai pas été trop ennuyée, mais ma réputation en a quand même pris un coup l'espace de quelque temps. Fort heureusement, rien ne dure, et je ne rencontre presque plus de journalistes. Dans le vif du sujet, je consulte mes mails pour la première fois depuis au moins une semaine, je viens effectivement de recevoir l'interview de Frédéric. Je lis et reste interdite quand il annonce que nous sommes de bons amis d'enfance et qu'il n'y a rien entre nous. Fiancés tous les deux, nous respectons nos conjoints, cette photo a été prise dans des circonstances particulières qui n'a rien à voir avec une quelconque liaison. La personne l'a retravaillée pour la rendre encore plus crédible aux yeux des gens. On le voit poser avec Twiggy, il l'embrasse en confirmant son mariage prochain. J'ai une pointe au cœur en les apercevant, je ne peux m'empêcher de penser à lui et à ses étranges comportements avec moi.

Avant, d'avoir de nouveau les larmes aux yeux, je passe à autre chose, aussi je lis tous mes mails. Il y en a un qui diffère pourtant des autres, son titre m'interpelle et l'expéditeur est anonyme :

« Bérénice Richard; attention à toi »

Je l'ouvre :

« Ne t'approche plus de Frédéric Lanval ou tu le regretteras. »

Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ? Il ne manquait plus que ça... Je soupire et finis par faire la part des choses. Je regarde la date, le courrier a trois jours. Encore un tordu, une fan dépitée, ou une jalousie d'acteur en berne... 

J'ai déjà eu des mails comme ça et il s'agit souvent de canulars pour faire peur ou extorquer de l'argent. A l'époque, quand je suis arrivée en panique à la police, ils m'ont ri au nez en m'expliquant qu'il ne fallait pas se formaliser, ils avaient raison, tout est rentré dans l'ordre et je n'ai plus rien reçu depuis.

Je passe donc à mes autres courriers... en oubliant aussi vite cette menace.

***

- Hey ! Comment vas-tu ?

- Bien ma chérie, alors, tu as une date ?

- Ha non, s'il te plait, je ne viens pas manger une glace avec toi pour que tu me prennes le chou avec ça !

- Mais il va bien falloir le faire, et Daniel veut que ce soit cet été...

- Et en comité restreint. Donc ça va le faire, on a des pistes, une maison à Villefranche sur Mer, ou un château à Villeneuve Loubet.

- Parfait, et ta robe ?

- On verra, tu connais "la mariée était en noir" ? C'est un film...

- Tiens en parlant de film, tu as vu qui est en compétition cette année au Festival de Cannes.

- Ha non ! Je t'ai demandé de ne plus mettre Lanval dans une discussion !

- Oui, mais tu te rends compte s'il gagne la palme !

- Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?

- Je n'en sais rien, comme tu as fait la une des journaux grâce à lui... que tu l'as même dévoré à pleine bouche !

- Bon stop là !

- Tu as des nouvelles ?

- Pas depuis cette affaire justement, et tant mieux ! Quand est l'ouverture du festival ?

- Mardi prochain.

Je ne me rends pas compte que nous sommes déjà en mai, le temps passe si vite... bientôt un an que j'ai rencontré Frédéric Lanval chez ma mère, c'est inimaginable.

Après notre après-midi entre filles, je suis partie à l'atelier pour travailler, ce n'est que tard le soir que je reçois un coup de fil de Daniel.

- Mon amour... comment va le grand amour de ma vie ?

- Bien mon chéri. Je rentre bientôt à l'appartement.

- Pourquoi ne veux-tu pas habiter avec ton futur mari ?

- Parce que je suis proche de l'atelier, je te l'ai déjà dit.

- Je peux t'en construire un dans la propriété.

- Oui, mais en attendant, le bâtiment n'est pas sorti de terre.

- Certes, bon j'ai une mauvaise nouvelle, mon oncle est décédé et les obsèques sont mercredi prochain à Brest. Je vais devoir faire un aller-retour en urgence.

- Ho, le pauvre, je suis désolée, il était âgé ?

- 88 ans, comme ma mère n'est plus là, alors je me dois d'y être pour mes cousins.

- Je comprends.

- Je te rappelle une fois que tu seras chez toi ?

- Il est tard, une fois rentré directement me coucher.

- D'accord, je t'aime.

- Bonne nuit.

MB MORGANE - Incontrôlables [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant