À l'atelier depuis ce matin, je ne vois pas le temps passé. Ce début de semaine commence un peu trop frénétiquement pour moi, je suis déjà au bout du bout. J'ai cinq toiles en cours et je dois en finir une demi-douzaine. Je m'octroie une pause, car il est 18h lorsque soudain je reçois un texto. Je prends mon téléphone et mon cœur s'affole quand je lis :
- Richard ! Ouvre la porte !
Hein ? Lanval ? Mais où ? Et qu'est-ce qu'il me veut celui-là ? On peut dire qu'avec lui pas de nouvelles, bonnes nouvelles, mais là je me demande encore ce qui va bien me tomber dessus.
On frappe à la porte... Je panique...
Merde, il est ici, ce n'est pas possible ? Je m'avance et déverrouille un peu fébrile. Il s'engouffre comme une furie dans l'atelier sans me dire bonjour. Des lunettes noires, des vêtements de motard et un casque dans la main droite. Je le vois arpenter la pièce, il est très très nerveux...
- Richard, je suis dans la merde ! Il faut que tu me sortes de là...
- Heu, bonjour Lanval !
- Oui, c'est ça, bonjour. Alors ?
- Alors quoi ?
- Daniel est d'accord, tu viens ?
- Mais de quoi parles-tu ?
- Il ne t'a pas mis au courant ?
- Mais non... qu'est-ce qu'il t'arrive encore ?
- C'est Cannes, le festival, la montée des marches.
- Oui et donc, je ne vois pas le rapport avec moi. Je déteste Cannes, ce festival, et figure-toi tout le cirque qui va avec !
Il quitte ses lunettes et me prend les deux mains. J'ai un coup au ventre, j'avais oublié son regard bleu délirant.
- Richard, je t'offre une robe, des chaussures, des bijoux, ce que tu veux, mais monte les marches avec moi demain !
Je retire mes mains d'un coup. Il est dingue !
- Non, mais tu perds la boule mon grand ! Hors de question, demande à quelqu'un d'autre !
- Je ne peux pas !
Il vient d'appuyer chaque syllabe.
- Pourquoi ? Demande à Twiggy ! C'est ta future femme, non, c'est son rôle ?
Il se recule et respire avec force, il malmène ses cheveux et finit par avouer :
- Elle s'est barrée !
Mon cœur est en train de danser la java, et je ne sais pas si c'est à cause de l'annonce de cette nouvelle ou du fait que je le trouve de plus en plus sexy maintenant qu'il est célibataire...
- Comment ça, barrée ?
Il pose ses mains sur ses hanches et me lance avec agacement :
- Tu veux un dessin Richard ? Barrée : elle m'a largué, elle a rompu, elle s'est cassée... c'est bon là ? Tu percutes ?
Mon cœur ne danse plus la java, il est une boule de billard qui cogne dans ma cage thoracique ! Mon petit diable intérieur se frotte les mains, bien fait pour toi mon grand, c'est bien, bien fait !
Et je souris sans m'en rendre compte.
- OK, ça va, Richard ! Je vois bien que ça te fait marrer...
Je me penche l'air blasé.
- Comment as-tu pu te faire larguer ? Et surtout par elle, alors là ça me dépasse...
- J'ai un tout petit peu déconné.
Sa voix était à peine audible. Je m'approche de lui, je crois avoir les yeux qui pétillent, j'en veux plus, aussi j'attends les bras croisés.
- D'accord, je n'ai pas été très sympa, je l'ai même un peu rabaissée, malmenée, voire un peu humiliée en public.
- Alors tu as fait ton connard avec elle ?
- Oui Richard, j'ai fait mon connard avec quelqu'un d'autre que toi...
Médusée, je le fixe et fais mine de ne pas comprendre l'allusion en m'amusant de la situation.
- La pauvre, c'est méchant de s'en prendre à plus faible que soit.
Il s'avance plus sûr de lui que jamais.
- N'est pas Bérénice Richard qui veut. C'est un art...
Sans voix, je me tourne vers ma table pour finir mon verre d'eau, en gloussant intérieurement.
- Alors ? Tu viens ?
Je bifurque d'un coup vers lui.
- Non !
- Merde Richard ! Impossible de demander à une autre personne que toi, sinon je ne pourrais pas m'excuser auprès de Twiggy !
- Non !
Il s'avance rapidement et me pousse contre la table, mes jambes entre les siennes, ses bras de chaque côté de moi, je recule mon buste. Je regarde sa bouche qui est à quelques centimètres de la mienne et je déglutis nerveusement avant de trouver la force de dire d'une toute, mais alors toute petite voix :
- Tu fais quoi là ?
Je respire le même air que lui et il rapproche encore plus ses bras contre moi. Je suis en train de perdre mes moyens, ce salop le sait et il en profite !
- Bérénice, s'il te plait, accepte et je te promets que tu passeras une soirée exceptionnelle, dans des vêtements de marques, au bras d'un célèbre simili acteur, un peu queutard sur les bords, je te l'accorde, mais qui, pour une fois saura se tenir !
Je suis tétanisée, mon Dieu, j'ai tant envie qu'il ne se tienne justement pas en cet instant. Attirée comme un aimant, je dois reculer plus encore, mais il resserre plus ses avant-bras divinement musclés sur moi. Si je ne veux pas tomber, je dois répondre tout de suite.
- D'ac...d'accord...
Rassuré, il baisse la tête et de ce fait, mon nez plonge dans sa chevelure que je respire à plein poumon. Ha, mais c'est hallucinant, ce type a bu de la potion magique ou quoi ? J'ai follement envie de lui, mais il se retire et va chercher mes clés.
Le voyant faire, je sors de ma torpeur en un instant.
- Qu'est-ce que tu fais encore ?
- Viens avec moi, il y a une personne qui t'attend dehors.
Je le suis sans réfléchir et arrive dans la rue où effectivement une femme est là.
- Bérénice voici Tina, elle va s'occuper de toi, de ton look, et de tout le reste. C'est open-bar aux frais de Lanval, alors n'hésite pas à te faire plaisir !
Il remet son casque avant de trop attirer l'attention et me fait un signe.
- Je t'appelle demain matin. Bonne soirée, Richard !
Avant de baisser la visière, il me fait un clin d'œil et enjambe sa moto de course pour disparaitre dans la rue.
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MB MORGANE - Incontrôlables [Terminé]
RomanceBérénice est une artiste peintre au fort tempérament vivant dans le Sud de la France. C'est lors d'un dîner surprise chez sa mère qu'elle fait la rencontre d'un séduisant et célèbre acteur de cinéma, Frédéric Lanval. Ils seraient en effet de la même...