Chapitre 14

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Une fois dans ma voiture, je regarde mon portable, mais le sms n'était pas de Lanval. J'ai une certaine déception qui me tord l'estomac, en même temps, je ne vois pas pourquoi je le serais. Je suis en passe de me caser avec un garçon formidable, qui ne me fera pas souffrir ni vivre des choses insensées. Il faut avouer que Daniel est charmant et a tout pour plaire. J'actionne mon mains libres et compose le numéro de Vanessa. Elle me répond d'une voix embrumée.

- Allo...

- Vanessa ? Je te réveille ?

Elle se met à bâiller.

- Non pas du tout...

C'est cela oui, mais j'ai envie de tout lui raconter, donc je fais mine de la croire.

- Tu es rentrée tard ?

- Non, pas vraiment. Frédéric est parti juste après toit avec Twingo. Aussi il m'a payé un taxi pour me ramener à Saint Paul. Sympa non ?

Je serre les dents en prenant la voie rapide.

- Ouais, très sympa en effet !

- Toujours tendu à ce que je vois, hier tu étais dans un état pas possible. Je t'ai rarement connu comme ça.

- Non, pas plus que d'habitude.

- Tu parles si Daniel n'était pas intervenu, tu aurais fait un striptease en plein milieu de la boite !

- Mais non, tu exagères.

- Au fait, tu as enfin passé la nuit avec Daniel ?

- Non !

- Houla, calmos, ma fille, tu es vraiment sur les nerfs... Comme je vous ai vu vous manger la bouche et rentrer ensemble c'était une éventualité tout à fait logique...

Je respire avec force.

- Ce soir, je dine chez lui...

- Et tu comptes coucher avec lui ce soir ?

- Mais je n'en sais rien... Tu me saoules !

- Tu devrais c'est un garçon extra, il t'adore et tu serais une vraie reine. En plus, avoue quand même qu'il a tout pour plaire : physique et pognon !

- OK, je vois bien où tu places l'amour toi !

- L'amour ? Ben ça va avec non ? Je suis certaine que c'est un bon coup ce qui ne gâche rien.

- Et bien, Vanessa, tu es bien réveillée à ce que je constate.

- Oublie Lanval !

- Mais je me fous royalement de Lanval !

Je viens de crier et ma voix est montée dans les aigües.

- Si tu le dis, en tout cas quand vous êtes tous les deux j'ai l'impression de voir des jumeaux maléfiques...

Je ris nerveusement.

- C'est-à-dire ?

- Il veut clairement te provoquer et savoir jusqu'où tu es capable d'aller. Et tu ne te gênes pas pour lui rendre la pareille. Le coup de la gifle en public tu peux m'expliquer ?

- Il est allé trop loin...

- Parce que toi, non ? Un mec vient d'acheter la totalité de tes œuvres en claquant une somme astronomique et toi tu le démontes ? Va chercher l'erreur...

Elle n'a pas tort. Bordel ! C'est moi qui ai lancé les hostilités en fait !

- Il l'a fait exprès pour m'humilier !

- Alors, excuse-moi, mais je ne comprends rien à ce que tu me dis.

- Il a acheté mes toiles par charité et non pas parce qu'il les aime ! Il m'a fait passer pour une artiste fauchée, sans talent et il a fait sa BA devant son public !

- Tu en es sure ?

Je reste silencieuse un moment, elle enchérit :

- Il te l'a dit ? Tu lui en as parlé ? Ou tu t'es juste jeté sur lui comme une furie sans raison apparente !

- Putain Vanessa ! Tu fais chier !

- Ouais, voilà, je te reconnais bien. Impulsive et incontrôlable !

- Et lui alors ? Il n'arrête pas de me chercher !

- Au moins, tu as trouvé ton équivalent, il est aussi impulsif et incontrôlable que toi.

- Vanessa, je suis en bas de chez toi, je monte ?

- Aller viens ma grande, je prépare un bon café et on debrief.

Je raccroche, je suis complètement déstabilisée par cet échange. Lorsque je sonne à l'appartement, elle est en nuisette rose bonbon. Elle est vraiment belle et je sais qu'elle profite de cela avec ses nombreuses conquêtes. Elle secoue ses cheveux et je m'assois dans sa cuisine américaine. Tout en préparant la cafetière, elle engage la discussion.

- Bé, tu me connais, si c'était moi je sauterais sur Frédéric pour me le taper, mais je suis obligée de te mettre en garde.

Je la regarde un peu paumée.

- Je t'écoute.

- J'ai bien vu ce qui se passe entre vous deux, ce n'est pas très sain. Vous risquez de vous brûler les ailes.

Je baisse les yeux.

- Comment, ça entre nous ?

J'attends qu'elle me parle de lui, de ce qu'elle perçoit justement entre nous.

- Ce jeu entre vous n'est pas anodin. J'ai eu la version de ta mère de ce qui s'est passé le soir où tu l'as rencontré. Ni l'un ni l'autre ne pouvaient vous arrêter, quand vous partez dans ce genre de délire, c'est dangereux.

- Tu n'exagères pas un peu là ?

- Je n'en sais rien, c'est ce que je ressens. Alors, garde-le en ami, mais je t'en conjure et, crois-en mon expérience, ne couche jamais avec lui.

- Mais je ne veux pas coucher avec lui ! Je n'en ai rien à faire de ce mec !

Elle fait la moue et lève un sourcil.

- Regarde-moi quand tu mens, assume ma chérie !

Je ne dis rien, si elle l'a vu, tout le monde l'a vu. Je sors mon portable, et lui tends la conversation de ce matin. Elle la lit et continue :

- Tu vois ce que je veux dire, maintenant ?

- Mais quoi ? De toute manière, je peux te jurer que je ne coucherai jamais avec Frédéric Lanval. J'avais pris cette décision bien avant que tu me fasses la morale comme une gamine.

- Alors tout va bien. Concentre-toi sur Daniel.

Elle me sourit et me donne une tasse bien chaude. Daniel oui, c'est lui, il va me sauver de ce que je ressens pour Lanval ! Ce que je ressens ? Mais qu'est-ce que je ressens exactement pour lui ? À cet instant, je le revois en train d'embrasser la décérébrée et oui, je me rends compte que ce que je ressens, c'est bien de la jalousie. Je dois l'éliminer de ma tête le plus vite possible, et qui mieux que Daniel pourra m'aider à le faire. Je ne répondrais plus à ces messages, je resterai à l'écart de ce type et oublierai tout ce qui s'est passé rapidement.

Je me sens terriblement soulagée de cette décision et me tourne vers Vanessa.

- Merci.

- Pour quoi ?

- Pour m'avoir ouvert les yeux.

Elle me serre dans ses bras.

- De rien ma biche, bon, on fait un jogging sur la promenade des anglais ?

- Avec plaisir.

MB MORGANE - Incontrôlables [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant