Prologue

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La vie m'a fracassée. J'ai fait de mauvais choix, de très mauvais choix. Et j'ai fini par m'en sortir seule, même moi quand je me rends compte du chemin parcouru je n'y crois pas, je ne sais pas comment j'ai fait. Mais je l'ai fait et malgré tous ces progrès je dois continuer à avancer. J'ai perdu des batailles mais j'ai gagné la guerre, maintenant je dois vivre avec les traumatismes qu'elle a causé. Les plaies physiques mais aussi celles plus secrètes de mon esprit épuisé. J'ai été la fille courageuse, forte et admirable. Mais personne ne parle de l'après bataille. De ce cheminement si difficile pour moi mais aussi pour mes proches. Je suis un poids, j'ai sans doute plein de qualités que je ne vois pas mais je suis aussi un fardeau épuisant, parce qu'être proche de moi signifie s'occuper de moi et personne n'a envie de s'occuper d'une fille de vingt-cinq ans avec autant d'attention que pour un gosse.

Cet épuisement et les nombreuses incompréhensions et non-dit ont rompus peu à peu mes liens familiaux. Fille unique, le divorce de mes parents et une belle-mère acariâtre a fait le reste. Face à la perte de mes repères et n'ayant aucune perspective d'avenir réelle j'ai fini par me donner un gros coup de pied au cul pour faire quelque chose de ma vie.

C'est ainsi que j'ai fini par être recruté sur un navire de croisière. J'ai bien compris que j'allais me taper des journées de taff affreuses et que je serai payée une misère mais c'est toujours mieux que rien. Puis après tout, j'ai connu pire, je devrai survivre à ça. En vrai j'ai eu beaucoup de mal à y croire et ce n'est que lorsque le navire a quitté le port que j'ai réellement compris que c'était bien réel et que j'allais passer les prochains mois à faire le ménage pendant que les clients voyageront tout autour du globe. Et dans cette aventure je suis seule, enfin seule avec les quasiment milles autres membres de l'équipage, de quoi sérieusement relativiser vu la proximité qu'on doit supporter.

Je m'attendais à ce que ça soit difficile, à ce que je souffre même. Mais jamais, pas à un seul moment je n'ai cru que j'allais replonger dans cet enfer dès mon second jour de travail.

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