Chapitre 53 : mercredi 24 octobre

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Ce matin, je me suis réveillée à 3h00. Je me suis levée doucement et me suis préparer pour danser. 

~~~~~ 2h00 plus tard ~~~~~

    Il se réveille et sans que je m'en aperçois, il me regarde enchaîner des sauts. Je veux avoir la tête haute et ne pas penser au deuil de ma marraine. Je veux me rappeler des paroles qu'elle avait dit à mon frère. Je ne suis pas censée les avoir entendu et encore moins les retenir mais le destin et mon cerveaux ont décidé que les choses se déroulent ainsi. C'était quand j'avais quatre ans. J'ai mis longtemps à comprendre sa phrase: « Ne fuis pas devant ton rêve, il pourra te porter aux étoiles. Les étoiles atteignent le bonheur, le bonheur te tendra les bras. Les bras sont dans le bonheur par un travail. Un travail qui tôt ou tard t'offrira ta gloire et pas celle des autres. »

    Je crois que c'est les plus belles paroles que j'ai entendu de ma marraine. Je dois dire que le fond est plutôt philosophique. Quand, j'ai compris deux plus tard que la gloire voulait dire « réussite », elle peut aussi impliquer l'échec. Mais l'échec n'existe pas.

    « L'échec ne doit pas être qu'un mauvais moment. On doit se servir de ses erreurs pour remonter ». Ma grand-mère disait souvent ça quand l'un de nous disait que nous étions un échec.

    Mon grand-père, lui, disait que « L'échec se voue à ceux qui n'ont pas volonté, la force et le caractère de remonter la pente ».

    Je trouve toutes ces belles phrases donnant une force. Il faut toujours garder la tête haute, même si cela est certes parfois très compliqué. La danse, elle, peut réussir à montrer la force qu'il lui faut.

    Je n'ai pas réagis qu'il se trouve devant moi avec sa tenu de patineur artistique. Il n'a pas de pointes mais n'a pas non plus fait de danse classique.

    Il s'approche de moi et brise la bulle dans laquelle je me suis mise. Il m'accompagne dans chacun de mes mouvements. Nous faisons un duo. 

    La porte de sa chambre s'ouvre sur ses parents. Nous ne réagissons pas car nous sommes dans notre propre bulle. Je l'ai fait rentrer dans ma bulle, comme, il m'a fait rentrer dans sa bulle. Dans ses mouvements, je sens qu'il fait tout pour que je reste comme ça. Il ne veut pas que je parte m'enfermer quelques part.

~~~~~~ 30 minutes plus tard ~~~~

    Notre bulle est toujours aussi intense. Par moment, elle est moins sûre qu'à d'autre mais nous dansons toujours tous les deux. Lors d'une de nos failles, un tonnerre d'applaudissement de la part ses parents brise entièrement la bulle intérieur que nous avons formé.

    Il est beaucoup trop dur de rester. Je pars alors en courant hors de la chambre. Je suis rouge comme jamais. J'ai le visage en feu. Avant que quelqu'un réagit, j'ai eu le temps de vomir une première fois. Trop de chose en même temps. Tout ça me rend malade. 

    Il s'excuse puis part à ma recherche. Il ne me trouve ni dans la cuisine, ni dans le salon ni dans la salle de bain, ni dans aucunes autres des chambres. C'est par élimination des pièces de la maison qu'il sait où je me trouve. Je ne lui ai jamais dit que je peux être malade à cause de ça. 

    Il attend en s'inquiétant. Je n'arrive pas à me calmer et vomis plusieurs fois. Je n'ai rien mangé depuis la veille au soir. Dans un bruit sourd, je m'assois par terre et m'appuie au mur. Le bruit de mon dos dans le mur ne fait qu'aggraver son angoisse. Il ouvre la porte des toilettes, n'en pouvant plus de ne pas me voir sortir. Il comprend rapidement. Je le laisse faire. Il me sort de là en me traînant. Je suis vide mais toujours aussi rouge et mal à l'aise. 

    Il reste avec moi pendant les heures qui suivent. Sa maman monte nous voir à la fin de son petit-déjeuner. Je refuse de manger quoi que ce soit. Ils insistent. Une fois seule à ses côtés, je parvins à trouver l'énergie nécessaire pour lui expliquer ce qu'il m'est arrivée et les conséquences si je mange. 

    Il essaie de me rassurer et de me remonter le moral mais c'est peine perdu. Je reste donc tout le restant de la matinée allongée sur le lit. Il me parle d'autre choses. Je suis entièrement reconnaissante de tout ce qu'il fait pour moi. 

    Le midi, je parvins à manger un peu. On décide qu'après ma douche, on irait se balader. Avant de sortir, il prépare ses affaires.

    On marche dans les champs derrière chez lui. On s'assoit dans l'un d'eux. Il a vraiment pensé à tout. Il me tend une guitare et me demande de jouer. Je me laisse emporté par la musique et laisse ma voix partir toute seule au rythme de la guitare. 

    Il est émerveillé par ma voix. Je lui joue deux trois musiques comme ça. On se rapproche un peu de chez lui et restons assis dans les champs jusqu'au coucher du soleil.

    La dernière fois que j'ai passé un après-midi musique dans les champs était avec mon frère. Cela me rends un peu nostalgique.

    Sur la dernière chanson que je lui chante, il se rend compte de cette mélancolie. Comme je ne joue pas de guitare, il a prit mes mains dans les siennes. Après m'avoir félicité, il me prend dans ses bras. Je n'ai jamais eu autant d'affection, avant lui. Même mon frère me portait moins d'attention.

    Il se rend compte que je suis tendue. Il me demande des explications. A la fin de mon explication tant attendu, il resserre son étreinte et me dépose un bisou sur la tempe. Mal à l'aise, je laisse ma tête se placer dans le creux de son épaule.

    Un magnifique coucher de soleil s'offre à nous. Nous sourions bêtement mais nous sommes heureux. A ce moment là, personne ne parle pour ne pas gâcher ce moment de bonheur de intense. Plus rien n'existe vraiment. Que ces magnifiques couleur jeune orangé, virant tout doucement au bleu puis au noir.

    La nuit est tombée depuis un petit moment mais ni l'un ni l'autre n'avons envie de bouger. Nous avons encore ce coucher de soleil dans les yeux. Il finit par ouvrir la bouche. Je crois qu'il va m'annoncer qu'il faut qu'on rentre mais non, il déclare simplement sa joie d'être ici, avec moi. Je lui réponds par un simple sourire. Un sourire sincère qui veut confirmer ses propos. 

    De longues minutes, plus tard, il me rappelle le jour de notre rencontre. On se remémore tous les moments passé ensemble. Les bons comme les moins bons. Toujours là l'un pour l'autre.

    Il est coupé par sa mère qui nous demande de rentrer. On réussit à négocier un peu. Elle finit par accepter.

    Après un petit instant de silence, je lui demande si demain on pourra aller chez moi. Il approuve en me disant qu'on verra suivant comment j'irais. J'ai tout juste le temps de lui confirmer ses paroles que son père nous demande de rentrer à l'intérieur pour manger. On se lève sans résigner et suivons son père à l'intérieur.

    Au repas, on leur parle de notre projet du lendemain. Ils acceptent sans difficultés. On finit de manger en parlant de se qu'adviendra de notre maison et de moi. La question est assez vite conclu. On videra notre maison et on la mettrait en vente. Le week-end et pour les vacances je restais chez eux. En semaine, lors des cours, je resterais à l'internat.

    Le sujet tourne vite autour de ma mère. D'après son père, l'état de ma mère s'aggrave de plus en plus. Quand il annonce la nouvelle, je pars en courant dans la chambre. Je m'effondre de tout mon long sur mon lit. Je refuse de croire que ma mère aussi, va elle aussi partir rejoindre mon frère et mon père.

    Il me rejoint après avoir fini de manger et de débarrasser la table. Il essaie de me rassurer en me disant qu'elle est toujours en vie. Rien ne peut me faire arrêter de pleurer. On m'a brisé à jamais. Il veut me prendre dans ses bras mais je le repousse. Je veux moi aussi les rejoindre.

    Entre deux sanglots, je lui fais part de cette envie. Il m'y interdit et me promet qu'on ira la voir. Je le remercie. Il me prend dans ses bras et me fait un câlin qui signifie qu'il sera là dans tous les cas et qu'il m'aidera. Je le remercie faiblement.

    De ses bras, il me pousse gentiment contre son torse. Je laisse mes bras l'entourer à la taille. Pour me calmer, il me caresse le dos. 

    Au bout de quelques caresses incessantes, je m'éloigne un peu de lui et lui souris en guise de remerciement. Il s'arrête puis finit par me raconter une anecdote sur lui. Celle-ci me fait sourire – presque rire – je dois dire. On part dormir à la suite de ça. On se souhaite une bonne nuit avant d'éteindre toutes les lumières de la chambre.

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