Stepbrother

VII

Point de vue Loan

Je pars en trombe, c'en ait trop pour moi. Je retrouve ma voiture de course et je roule vite dans la ville pour en sortir et retrouver mon petit coin calme et à l'écart de tout. Pendant que je roule, je repense à ce que m'a dit Lana, je sais que mon petit frère est fan de voiture et qu'il serait probablement vert de jalousie d'apprendre que je conduis ce petit bijou. Elle n'a pas tout à fait tord, ça fait une éternité que je n'ai pas parlé à Julian et nos derniers échanges étaient étranges. Plutôt froid et sans intérêt, le genre d'échange où on prend des nouvelles sans aller en profondeur. Je m'en veux d'être un si mauvais grand frère pour lui. Je suis parti de ma maison à mes 18 ans autant pour m'éloigner que poursuivre mes rêves. J'adore mon métier même si ce n'est pas ce à quoi j'aspirais au début. Avec le temps, j'ai appris à ne plus me fier aux regards des autres même si ça a été particulièrement compliqué pour moi au début. Principalement à cause de mon dos. J'ai appris à dissimuler mes blessures physiques et mentales mais ce n'est pas pour autant qu'elles sont inexistantes.

Je me gare en vrac au bord de la route mais ce n'est pas grave puisqu'il n'y a que très peu de passage ici. Je ne suis plus du tout à l'intérieur de la ville mais sur une des côtes du pays. Quand j'ai besoin d'être seul, de réfléchir et de remettre mes idées en place, je viens ici. Je descends à pied les énormes rochers pour retrouver la crique en contrebas. En plus d'être magnifique, ce n'est pas un lieu touristique. Elle n'est pas simple à trouver alors je n'ai croisé des gens que très peu souvent. C'est calme et ça m'apaise.

Je me déshabille, reste en caleçon - bien que j'ai déjà connu quelques bains de minuit ici -  et je plonge dans l'eau. Elle est un peu froide mais ça me fait du bien. Je nage un peu et petit à petit je me calme. Je finis par sortir et je m'assois sur un rocher en me demandant comment je vais faire. Entre Christina qui me colle aux basques et qui fait comme si j'étais son mec, chose que je ne suis pas, et ma satanée demi-sœur, je suis perdue.

On se chamaille depuis qu'elle est arrivée et je ne savais pas qu'elle allait venir cet été. Ça m'embête que Tristan ne m'ait rien dit mais je le comprends. S'il m'en avait parlé, j'aurais tout fait pour le faire changer d'avis. On n'a jamais réussi à s'entendre pour le peu de temps qu'on a passé à habiter ensemble. En fait je ne la connais pas vraiment, elle faisait sa vie de son côté et je me tapais tout ce qui bougeait. Elle m'a immédiatement détesté et elle me l'a fait sentir. Ce n'était peut-être pas intentionnel de sa part de me le faire sentir mais ça a été le cas. J'ai essayé de faire des efforts avec elle au début mais j'ai vite laissé tombé en voyant qu'on ne s'entendrait jamais. Je ne vais pas mentir, j'ai plusieurs fois ramené des filles à la maison pour la faire chier. C'est puéril mais je savais qu'elle n'était pas du tout dans cette ambiance là et vu qu'elle ne m'aimait pas, je voulais l'embêter. Je les embrassais sous son nez mais je n'allais pas jusqu'à faire exprès de laisser la porte ouverte pour qu'elle voit ou entende nos ébats.

J'essaye à nouveau de faire des efforts maintenant que j'ai compris que je vais devoir la supporter pendant qu'elle est ici à Rome au risque de me mettre mon meilleur pote à dos. Je savais qu'ils étaient amis quand il m'a engagé mais je ne savais pas qu'ils étaient toujours en contact et encore moins qu'ils étaient meilleurs amis.

Tout à l'heure, quand j'ai appris que j'allais devoir poser avec elle, j'étais comme dans un état second. Parce que pour une raison que j'ignore, être à proximité d'elle me met dans un état étrange. C'est comme un besoin de rester loin d'elle. En plus de ça, je préfère poser avec des personnes avec qui je m'entends et on ne peut pas dire que ce soit totalement le cas avec elle.

 Tristan est venu me rassurer et m'a dit que je devrai la guider pendant la séance. Je ne me sentais vraiment pas bien mais je ne pouvais rien dire, j'étais engagé auprès de la marque et je n'allais pas râler, le photographe était déjà à bout de nerfs à cause du retard du Christina. Et puis je devais bien ça à mon pote.