LVIII

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J'ai l'impression que le temps a arrêté de tourner autour de nous. Lorsque que nos lèvres se séparent, je sens encore sa respiration rapide.

-Ça ne veut pas dire que je suis pardonné ? me demande-t-il avec une voix de petit garçon.

-Non. Je te l'ai dit Loan, tu vas devoir ramer. Ça ne sera pas aussi facile.

Il acquiesce doucement sans s'éloigner.

-Tu devrais aller parler avec ton père. Et avec Julian, il est peut-être temps de le mettre au courant.

-Tu as sûrement raison. Je vais y aller. Mais j'ai peur.

Je caresse doucement sa joue.

-Tu as toujours été fort Loan, ce n'est pas cette épreuve qui va t'abattre.

Il me sourit doucement avant de se diriger vers la porte.

-Tu as raison. Et de toute manière, je pense que la seule chose qui pourrait m'abattre c'est toi. Ma plus grande faiblesse.

Et avant que je ne lui réponde, il a disparu, me laissant dans sa chambre avec un sourire plaqué sur les lèvres. Je l'entends descendre les escaliers et j'attrape mon téléphone que j'ai abandonné sur son lit. Je cherche le numéro de mon meilleur ami et l'appel. Ça sonne deux fois avant qu'il réponde.

-Allô ?

-Oui Tris, tu es chez tes parents ?

-Oui, je devais y passer demain mais j'ai cru comprendre que le père de Loan voulait lui parler de quelque chose de sérieux donc j'y suis allé aujourd'hui.

-Il vient d'apprendre le décès de sa mère. Je sais que c'est plutôt à lui de te l'apprendre mais il a besoin de ton soutien. Et de celui de ses amis. On a parlé un petit peu et il se sent seul. Nous savons tous les deux que ce n'est pas le cas mais est-ce que tu penses qu'on pourrait trouver quelque chose pour lui remonter le moral ?

-Je m'en occupe Nana. Occupe toi de lui en attendant, je reviens dans la soirée.

-Merci Tris.

Je raccroche et soupire. Je range mon téléphone dans ma poche et m'approche de la grande bibliothèque de la chambre de Loan. Je regarde pendant un bon moment les romans qui s'y trouvent quand j'entends qu'on m'appelle au rez de chaussée. Je descends les marches et découvre les deux frères Pembrook, leur père et ma mère. Je vais prendre Julian dans mes bras quelques secondes, il a les yeux tout rouge, je pense qu'il a pleuré. Puis je prends place non loin de Loan comme c'est la dernière place restante.

Point de vue Loan
Quelques minutes plus tôt

Je descends dans le salon et retrouve mon père assit dans le canapé.

-Papa, il faut qu'on parle. Il faut qu'on explique la situation à Ju. Il faut que tu répondes à mes questions.

Il pose le journal qu'il était en train de lire et se tourne un peu plus vers moi en soupirant.

-Que veux-tu savoir Loan ?

-J'aimerai comprendre. J'aimerai savoir pourquoi tu ne prends pas de mes nouvelles, pourquoi tu ne m'appelles même plus pour mon anniversaire ? Quand tu as appris ce que maman m'avait fait, tu ne t'es pas éloigné de suite mais avec le temps, je te sens si détaché. Putain je sais que tu n'y es pour rien pour maman mais pourquoi tu me tournes le dos ?

Je sens les larmes me monter aux yeux mais je poursuis.

-Maman ne m'aimait pas. Mais toi, toi tu étais censé m'aimer. J'ai essayé de me reconstruire et te rendre fier mais je n'ai jamais reçu aucun retour te concernant, je n'ai jamais perçu une quelconque fierté en toi vis à vis de moi. Comme si tu ne m'aimais pas. Et j'ai l'impression que jamais aucun de mes parents ne sera fier de moi dans ma putain de vie !

StepbrotherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant