« Mais il n'a pas-
- Fait exprès. Je sais, murmure Ézéchiel. »
Harry le regarde sans trop savoir quoi faire. Si au début de la conversation, il a affirmé ne pas s'enfuir en courant après ce que Ézéchiel lui aurait révélé, c'était uniquement pour se délester d'un suspens et d'une angoisse trop pesante concernant Severus. Et même s'il apprécie assez la compagnie du sorcier aux yeux gris, il n'en est pas pourtant à le considérer comme un proche. Un ami, peut-être. Après tout Ézéchiel est une personne réellement intéressante et intelligente.
Cependant le voir ainsi, faible et prostré dans son fauteuil, si différent de sa prestance habituelle, oppresse Harry à un tel point qu'il a juste envie de fuir pour se soustraire à cette pression. Mais une partie de lui l'en empêche. Il sait combien il peut être dur de parler d'un passé pesant et ce que vient de faire Ézéchiel n'est certainement pas quelque chose de facile. Partir lâchement sans lui témoigner sa confiance ou du moins sa compréhension serait juste ingrat face à quelqu'un qui lui a découvert son âme de la sorte.
Avec une grande inspiration, Harry se force à recouvrer son calme. Il y a de cela quelques mois, il n'aurait eu aucun mal à rester posé et maîtrisé face à Ézéchiel. Mais depuis que Severus a déboulé dans sa vie, bien que cela le ranime et le tonifie, cela lui fait aussi retrouver une certaine immaturité due à son euphorie enfantine.
Avec un sourire doux mais quelque peu crispé, il encourage l'homme au regard vague et à l'esprit plongé dans les souvenirs douloureux :
« Et ensuite ? Demande-t-il avec douceur.
- Ensuite quoi ?
- Que s'est-il passé après ma sixième année ?
- Mon Père a continué à privilégier Rogue plus que tout. Et Lucius avait les yeux brillants d'amour et de fierté dès qu'ils se posaient sur son prétendu ami. Une colère sourde tout droit dirigée vers mon Père a commencé à naître en moi. Et plus que tout, je souhaitais que tu l'anéantisses.
Je t'ai longtemps admiré parce que tu as toujours représenté ce que j'aurais ardemment voulu faire. À savoir, tenir tête au Seigneur des Ténèbres. Ce que je n'ai jamais eu le courage de réaliser. J'avais beau souhaiter sa destruction de toute mon âme, j'exécutais ses ordres avec une impeccabilité exemplaire. Parce qu'au fond de moi, une partie traître de ma conscience aspirait toujours à recevoir l'amour d'un père. Amour qu'il n'aurait de toute façon pas pu me donner au vu de son apparente monstruosité. Mais l'humain est faible. Et ma plus grande faiblesse était ce besoin constant d'amour et de reconnaissance. Et je crois qu'il le savait. Il s'amusait délicieusement du pouvoir indestructible qu'il avait sur moi.
J'ai prié si fort que tout ça soit fini. Les Mangemorts, la guerre, lui. Je me dégoûtais de ce que j'exécutais de ma propre volonté, trop faible pour tenter une quelconque rébellion.
Puis tu l'as finalement vaincu. Et avec ça a signé une délivrance immense ainsi qu'une déchirure intense. Oui. J'étais triste qu'il soit mort. Mais pour la première fois de ma vie j'étais libre de cette influence qu'il a toujours exercé sur moi. Et ça m'a fait un bien fou.
Ensuite il a fallu apprendre à vivre caché. Parce que même si le Seigneur des Ténèbres était mort, son ombre planait toujours sur le monde sorcier. Un Mangemort comme moi n'avait pas sa place dans la société. C'était quelque part le prix à payer pour toutes ces années de lâcheté.
Je me suis réfugié dans le monde moldu. J'y ai pansé mes plaies et fait le point sur qui j'étais.
Je suis réapparu 5 ans plus tard, en douceur. Avec une confiance en moi plus solide. J'ai appris pour l'arrestation de Lucius. J'ai repris contact avec lui.
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L'éveil de la Mort
Fanfiction10 ans. C'est le temps qui s'est écoulé depuis la fin du règne de Lord Voldemort. Mais la vie a continué. Harry est maintenant Auror et vit heureux avec sa femme et sa fille. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes... Vraiment ?