L'éveil de la Mort

Chapitre 16

Sa cape recouvrant sa silhouette fine, il s'avance le long des couloirs maintenant familiers. D'un pas fluide, il s'arrête devant une cellule rose bonbon. Il contemple avec délectation le corps endormi de sa victime, se réjouissant d'avance de la douce vengeance qui l'attend. Il pénètre dans la pièce sans plus attendre et se déleste de sa cape.

Sa main s'empare de sa baguette, se muant peu à peu en une fine lame de petite taille. Il s'approche du lit et saisit le visage sale de sa victime entre deux doigts. Il trace une minuscule entaille sur sa joue pâle, presque comme un caresse en prévention de la suite. La faible douleur réveille la sorcière et elle se met à hurler en apercevant un visage malfaisant penché au dessus d'elle.

Avec un sourire mauvais, il saisit fermement le manche de sa lame et l'enfonce brusquement dans les yeux de sa victime, se régalant des cris d'agonie suivant ce geste brutal.

Il descend ensuite son regard dément sur les poignets de la femme et se saisit du bras droit de la sorcière. Avec un soin tout particulier, il y grave en lettres de sang, Je ne dois pas mentir.

Satisfait de son petit effet, il achève son spectacle avec plusieurs Doloris et laisse choir le cadavre de sa victime alors qu'il ramasse sa cape et se dirige d'un pas ennuyé vers une autre cellule.

Avec un soupir désintéressé, il se faufile dans la chambre et ne trace qu'une seule entaille à l'abdomen pour nourrir l'encre de sa plume. Une fois sa tâche achevée, il lance le sort de Mort avec indifférence et s'en va, laissant le soin aux Aurors de découvrir son chef d'oeuvre.

Et avec un pas presque majestueux, il repart des sombres couloirs d'Azkaban.

OoOoOoO

« Je refuse de vous donner une autre potion.

- Severus... Nous en avons déjà parlé.

- Et vous n'avez toujours pas compris.

- Alors, expliquez-moi s'il vous plaît, pourquoi avoir créé une telle potion si c'est pour refuser de me la donner ?

- C'était supposé être une solution temporaire. Je ne pensais pas que vous deviendriez totalement drogué à ses effets.

- Ah oui ? Pourtant vous devez savoir que sans elle je ne suis qu'un cadavre qui attend bien sagement qu'on l'enterre, rétorque-t-il sarcastiquement.

- Ne dîtes pas ça...

- C'est pourtant la vérité. Vous savez, je ne suis pas stupide, je vois bien tous ces regards que vous me lancez.

- Je suis à peu près sûr que mon regard sur vous est tout à fait banal.

- Vous peut-être. Mais les autres me regardent tous avec cette pitié écurante au fond des yeux. Alors bordel, laissez-moi prendre cette potion que je puisse au moins continuer à exercer mon métier correctement. »

Severus le regarde un instant. Malgré toutes ces belles répliques, le Survivant paraît si faible, étendu dans ce grand lit. Cette vision fait vibrer quelque chose en lui ressemblant à de la compassion et Severus fronce le nez de dégoût pour ce sentiment qui n'a pas sa place dans son cœur.

« Je crois, déclare calmement Severus, qu'il est temps que je m'en aille.

- Quoi ? Mais attendez je-

- Non Potter je m'en vais, je retourne chez moi. Ce sera bien mieux ainsi. »

Oppressé par le besoin de mettre de la distance entre lui et Harry, Severus se relève vivement de sa chaise et se dirige vers la porte, bien décidé à faire ses valises malgré l'appréhension qui le gagne petit à petit.