Engagement [Tome 1]

28. Passé

Les larmes coulèrent sur mes joues, mouillant la feuille que je tenais entre mes mains tremblantes. Je sanglotai, et ne tardai pas à pousser un cri de rage. J'étais en colère, et le mot était faible. Je n'arrivais pas à digérer le fait que je tenais la lettre de suicide de Chris dans mes mains. Mon cœur me faisait mal. J'étais effondrée.

Des pas précipités se firent entendre dans les escaliers, et le concerné débarqua en courant dans la chambre. Il se précipita vers moi en me découvrant en pleurs, et s'agenouilla devant moi, tentant de comprendre ce qui m'arrivait.

— Isabella... eh, doucement... respire... tout va bien.

Il prit mon visage entre ses mains et essaya de me calmer en me voyant suffoquer. Dès que mon regard floué de larmes croisa le sien, je le repoussai brusquement, le faisant sursauter.

— Ne me touche pas ! criai-je.

— Isabella, qu'est-ce qui t'arrive ?

Il semblait totalement largué. Furieuse, je me levai et plaquai la lettre contre son torse.

— Il m'arrive que j'aie découvert que mon mari a essayé de se suicider ! voilà ce qui m'arrive ! hurlai-je.

Son visage se décomposa instantanément et il saisit dubitativement la lettre pour vérifier si c'était bien celle à laquelle il pensait. Je fis les cent pas dans la pièce, les mains dans les cheveux, et du coin de l'œil je le vis totalement pétrifié en train de fixer le papier.

— Je peux tout t'expliquer... reprit-il l'usage de la parole.

— Ah oui ? tu vas m'expliquer quoi ? qu'une fille a brisé ton petit cœur et que tu étais prêt à mettre fin à tes jours pour ça ?

— C'est plus compliqué que ça Isabella, me fusilla-t-il du regard.

Je ris jaune. C'était très simple, au contraire. J'étais tellement idiote de penser qu'il arrivera à refaire sa vie avec moi. Il était totalement obsédé par son passé avec cette Alice. Jamais il ne m'aimera comme il l'a aimé et jamais il ne fondera une famille avec moi. Je n'étais qu'un divertissement pour lui. Il en avait marre que ses parents le blâment pour ses fréquentations équivoques alors il m'avait épousé pour les faire taire. C'était aussi simple que ça.

— Comment tu as eu cette lettre ?

C'était tout ce qui l'importait ? sérieusement ?

— A ton avis, qui est assez tordu pour me l'offrir comme cadeau de mariage ?

— Non, Ayden m'a juré qu'il l'avait brûlé... putain !

Il semblait en colère à son tour. Il froissa le papier puis le jeta en boule par terre. Il s'assit ensuite sur le lit et se prit la tête entre les mains. Un silence frigorifiant s'installa entre nous pendant plusieurs minutes, chacun de nous était perdu dans ses pensées. Pour ma part, j'étais pleine de remords pour m'être jetée dans la gueule du loup sans avoir pris la peine de connaître Chris un peu mieux. Il fallait croire que je ne savais absolument rien de lui.

— Je suis prêt à tout te raconter Isabella, si tu veux bien m'écouter, fit-il.

J'inspirai profondément. Je n'avais pas d'autre choix de toute façon. Irritée, je m'approchai et pris place sur le matelas, à bonne distance de lui. Je n'étais pas encore prête à ce qu'il me touche. Je me sentais assez humiliée comme ça.

— Avant, il faut que je sache ; est-ce que tes parents sont au courant pour cette lettre ?

— Non, secoua-t-il la tête. Je l'ai écrite il y a dix ans, et mes parents n'ont jamais su que j'ai essayé de... me suicider.