48. Les ténèbres

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Ni un son, ni un mouvement, rien.

Chris était pétrifié, les yeux grands ouverts et les lèvres closes. Une veine tressautait dans son cou, sa mâchoire se contractait, et je vis ses poings blanchir tellement il les serrait. C'était surprenant qu'il n'ait rien cassé autour de lui. Pourtant, sous l'effet de la colère, il était doué pour massacrer des choses.

Je n'aurais jamais imaginé lui avouer mes sentiments de cette manière, en étant tous les deux à poils au salon, en train de nous disputer suite à une expérience sexuelle catastrophique.

En dépit de tout, ça faisait du bien de tout avouer. Ça m'enlevait un énorme poids des épaules, mais le plus dur restait la réaction de Chris ; pour l'instant, il restait de marbre à me fixer comme s'il allait commettre un crime contre ma personne. Il venait de me traiter de folle et de menacer de ne plus me toucher... On touchait le fond, je n'avais plus rien à perdre.

Je risquais de devenir réellement folle s'il me quittait.

Au bout d'un moment, je commençais à m'agacer. Cette déclaration ne demandait pas autant de réflexion, quand-même ! Je m'apprêtai à briser le silence, mais la sonnette retentie soudainement.

Chris reprit enfin ses esprits et ses yeux firent des allers-retours entre nos corps dénudés et les jouets érotiques éparpillés un peu partout. Si c'était Marie et qu'elle entrait, on était foutu.

— Cours dans la chambre et emporte tout ça avec toi, me dit-il.

Je m'exécutai, bien qu'ayant l'entrejambe en feu, et je n'oubliais pas de récupérer ma robe et mes sous-vêtements au sol. Une fois dans ma chambre, j'enfilais un peignoir avant de ressortir de la pièce. Du haut des escaliers, je reconnus la voix de la gouvernante :

— J'ai préféré sonner, j'espère que je ne vous dérange pas ? fit-elle, gênée.

— Non, pas du tout. Excusez-moi pour mon comportement de tout à l'heure, je n'étais pas dans mon assiette et j'avais besoin de parler avec Isabella.

J'ai adoré parler avec toi Christopher !

— Il y a aucun problème, si vous voulez, je peux passer la nuit chez ma sœur...

— Non, ne faites pas cela. Vous êtes chez vous ici, et on vous remercie pour vos services et votre discrétion.

— C'est mon travail, monsieur, répondit-elle en rougissant.

C'était agréable d'entendre Chris discuter d'une manière courtoise et civilisée, moi qui m'étais habituée à sa vulgarité et à sa grossièreté...

La brune se dirigea vers la cuisine pendant que mon mari escaladait les escaliers à grande enjambés. Il avait renfilé son pantalon. Comme une conne, je courus dans la salle de bain de notre chambre et m'y enfermai. J'ouvris l'eau pour simuler ma douche et me laissai glisser contre la porte.

C'était stupide que je m'enfuie comme ça, pour échapper à une conversation concernant mes sentiments pour lui. J'aimerais tant deviner ce qui trottait dans sa tête en ce moment, ça m'aiderait à savoir quoi faire ou quoi dire. Un tambourinement à la porte me fit sursauter.

— Isabella ouvre cette porte, je sais que tu n'es pas sous la douche.

Merde.

— Si, je suis sous la douche ! mentis-je.

— Isabella tu es derrière la porte. Ouvre-moi ou je la défonce.

Bon sang, mais qu'est-ce qu'il lui prend encore ?

— Très bien, fit-il face à mon silence.

— D'accord ! Attends !

Docilement, je me levai, éteignis l'eau et déverrouillai cette satanée porte. Chris se planta devant moi, le regard noir et les poings serrés. Nom de Dieu, mais qu'ai-je fait de mal ?

Engagement [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant