Engagement [Tome 1]

57. La vérité

Point de vue d'Isabella :

— Madame Warner ?

Je levai les yeux vers Brittany qui se tenait à l'encadrement de la porte, dubitative. Je ne l'avais même pas entendu frapper, trop occupée à travailler.

— Oui ?

— Il y a un courrier qui vient d'arriver pour vous.

Effectivement, elle tenait une enveloppe dans sa main. Je lui demandais de me la donner et elle repartit après que je l'aie remercié. Je fronçai les sourcils en secouant l'enveloppe. Il y avait quelque chose à l'intérieur, quelque chose de petit et dur. Curieuse, je l'ouvris pour découvrir une clé USB. C'est tout. Il n'y avait ni mot, ni adresse, ni nom, rien.

Qui m'a envoyé ce truc, bon sang ? Je n'avais pas le temps pour ça !

Je reposai la clé près de mon ordinateur, et me reconcentrai sur mes documents. Au bout d'un moment je me rendis compte que mes pensées étaient ailleurs, et que ma curiosité ne s'assouvirait pas tant que je n'aurais pas découvert ce que contenait cette clé.

Tant pis. Je la branchai à mon ordi et arquai les sourcils en découvrant une vidéo : 03/17/2011. Il y a neuf ans, à peu près. C'est quoi ça encore ?

Bien que j'aie un mauvais pressentiment, je cliquai sur lecture, et pianotai sur mon bureau en attendant que ça charge.

Au début, on voyait une grande pièce, obscure, et l'objectif était concentré sur un lit gigantesque. Progressivement, des silhouettes de femmes apparurent. Trois femmes. Toutes d'âge assez mûr. Elles commençaient par se déshabiller, dans un calme surprenant, puis s'agenouillaient au pied du lit, en file indienne.

Je fronçai les sourcils, intriguée par ce spectacle. Je continuai quand-même à regarder et là, mon choc fut sans précédent. Malgré la mauvaise qualité de la vidéo, je reconnus Chris, un peu plus jeune, imberbe, et faiblement musclé. Moi qui voulais le voir plus jeune, j'étais servie.

Il était en boxer et s'approchait posément de l'une des femmes, lui indiquant une table en bois sur sa droite. Tête baissée, elle s'y traîna à quatre pattes et se jucha dessus. Je me demandais pourquoi elle rampait. Était-ce la volonté de Chris ?

Ce dernier se planta devant elle et lui glissa un bâillon dans la bouche avant de le lui attacher à l'arrière de la tête. Elle faisait preuve d'une docilité troublante. Je ne pouvais m'empêcher de trouver une grâce dans sa soumission, une élégance dans sa posture, c'était comme si elle était formée pour ce genre de chose.

Et Chris alors ? Qu'allait-il faire ?

Au fond de moi, je connaissais la réponse et je continuais quand-même à regarder. À se demander qui était la plus masochiste, moi ou ces femmes.

Le brun disparut quelques instants avant de revenir derrière la femme, un drôle d'accessoire à la main. Ça ressemblait à une raquette, mais entièrement faite de cuir avec un manche fin. Il entreprit de la fesser avec, et je coupai le son à temps pour ne pas entendre ses gémissements étouffés par la boule dans sa bouche.

J'avais le tournis en essayant d'assimiler ce qui se passait sous mes yeux. Je m'efforçai de ne pas songer au fait que ce jeune homme, là, en train de frapper cette femme qui faisait le double de son âge, n'était autre que mon mari. J'avais mal au cœur. Je me sentais humiliée.

Pourquoi il fait ça ? Il aime vraiment ça ?

Mon esprit dérivait sur le visage de Chris. J'aurais aimé que les images soient de meilleure qualité pour que je puisse déchiffrer son expression. Dans ces gestes, il y avait un mélange de concentration, de rage, et de plaisir. Aucune hésitation.