33. Elle est folle de moi

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Dans notre suite, Chris resta une bonne demi-heure sur la terrasse, à enchaîner les cigarettes les unes après les autres. Je voulais lui parler et essayer de le calmer mais j'avais un peu peur de lui. C'était la deuxième fois que je le voyais dans cet état ; la première c'était quand il avait appris pour notre mariage.

Tant pis, il fallait que je fasse le premier pas. J'étais fautive et il fallait que j'arrange les choses.

Respirant à fond, je le rejoignis. Il était accoudé à la balustrade du balcon, le regard perdu dans le vide. Il aspirait dans sa clope et recrachait la fumée dans les airs. Il allait détruire ses poumons à force de fumer comme ça. Maladroitement, j'encerclai sa taille de mes petits bras et me collai à son dos. Je fermai les yeux en humant son parfum. Il frémit légèrement en sentant mon étreinte mais continua à m'ignorer sévèrement.

— Je suis désolée, murmurai-je contre lui. Je pensais que j'en saurais plus sur toi si on passait un peu de temps avec elle, je croyais sincèrement qu'elle était ton amie...

Il soupira.

— Tu es naïve, Isabella. Il y a dix ans je n'avais aucun ami et les seuls que j'ai aujourd'hui tu les as tous rencontré. Tu croyais vraiment que j'aurais réagi aussi froidement en revoyant une ancienne amie à moi ?

— Elle a dit...

— Je sais ce qu'elle a dit. Elle se considérait peut-être comme mon amie parce qu'elle était tout le temps avec Alice, mais pour moi elle n'est rien d'autre que l'ex meilleure amie de mon ex petite-amie.

— Elles ne sont plus en contact tu crois ?

Chris se tourna lentement pour me faire face et écrasa le mégot de sa cigarette dans le cendrier à côté de lui. Je posai timidement mes mains sur son torse et il ne me repoussa pas.

— Quand Alice est partie elle n'a donné aucune explication à Daphné non plus, elle l'a abandonné aussi d'une certaine manière. Depuis, Daphné a déménagé et je n'ai jamais su où elle est allée, jusqu'à aujourd'hui.

— Et pourquoi tu la détestes ? le questionnai-je.

— Je ne la déteste pas, elle n'est pas mauvaise, mais je ne veux pas que des personnes de mon passé resurgissent au moment où je commence enfin à aller mieux, et à être heureux.

Mon cœur se gonfla. Il était donc réellement heureux avec moi ?

— Est-ce que tu as envisagé la possibilité qu'Alice revienne un jour ?

— Après toutes ces années, il n'y a plus d'espoir qu'elle revienne. Et de toute façon, pour moi elle est déjà morte. Tu ignores à quel point j'ai souffert pour pouvoir l'oublier et je n'ai pas envie de sombrer dans les ténèbres à cause d'elle ou de son souvenir.

— Je comprends que ça te fasse peur d'affronter Daphné, elle te rappelle Alice et c'est légitime. Je ne t'obligerai pas à m'accompagner à ce dîner mais moi j'ai besoin d'y aller.

Son visage se décomposa. C'était un miracle qu'il se soit calmé et me voilà en train de verser de l'huile sur le feu.

— Tu ne passeras pas une minute seule avec elle, fit-il fermement.

— Je ne peux pas lui poser un lapin et j'ai besoin d'en apprendre plus sur toi... des choses que tu ne m'aurais pas dites.

— Je t'ai tout dis, Isabella, grogna-t-il.

— Je te crois, mais le point de vue d'une femme est toujours plus intéressant.

Il leva les yeux au ciel et je continuai de l'amadouer en caressant sa barbe avec mes pouces.

Engagement [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant