70. Je te reviendrai

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Point de vue d'Isabella :

Les yeux fermés, j'écoutais attentivement les battements réguliers du cœur de mon mari, allongé sous moi. Je ne savais pas s'il dormait, mais moi, je n'y arrivais pas. Ça devait faire des heures qu'on était comme ça, dans notre lit, dans l'obscurité et le silence.

Je pensais à tout ; depuis notre rencontre jusqu'à cet instant. Je me remémorai chaque moment passé avec cet homme merveilleux, et nos souvenirs me faisaient l'aimer encore plus.

Encore maintenant, je ne mesurais pas la chance qu'on avait d'être tombé l'un sur l'autre, ou plutôt ; que nos familles nous aient réunis. Qui aurait pensé que notre mariage réussirait autant, aussi vite ?

— Chris ? chuchotai-je en ouvrant les yeux.

Sa main, qui se déplaçait dans mon dos, m'annonça qu'il était éveillé, et je sentis ses lèvres sur mon front. Je frissonnai.

— Tu ne dors pas ma belle ?

— Toi non plus, gloussai-je.

— J'ai plein de choses en tête...

Je déglutis.

— Tu veux me raconter ?

— Je suis inquiet pour Henri, j'ai demandé à Isaac de le libérer...

— Tu crois qu'Ayden va s'en prendre à lui ?

— J'ai peur qu'il fasse pire que ça.

J'appréciais son honnêteté, mais ça m'angoissait terriblement de l'entendre parler comme ça, surtout après l'horrible cauchemar que j'avais fait la nuit dernière.

— Quelle est la pire chose qu'Ayden pourrait faire, selon toi ?

— La pire chose que tout être humain pourrait faire volontairement...

Mon sang ne fit qu'un tour.

— Il pourrait... Il pourrait tuer quelqu'un ?

— Ce n'est encore jamais arrivé, mais Ayden est capable de tout, Isabella. Il n'est pas très stable mentalement, et j'ai l'impression que ça ne fait qu'empirer depuis que je l'ai abandonné.

— Pourquoi tu es resté avec lui durant toutes ces années ?

Je ne pouvais pas réprimer cette question plus longtemps. Chris soupira.

— Parce que je n'avais rien à perdre, je suppose.

— Mais tu as ta famille...

— Ma famille n'a pas la moindre idée de ce que j'ai traversé. Mes parents croient que j'ai surmonté ma dépression après le départ d'Alice comme par miracle, et que le fait que je sois devenu un coureur de jupons est juste un moyen de compenser le vide qu'elle m'a laissé. La seule chose pour laquelle je ne fais pas semblant d'être sincère devant eux, c'est mes sentiments pour toi. À part ça, mes parents ne me connaissaient pas vraiment.

Ma gorge se noua et je sentis mes larmes monter.

— Pourquoi... pourquoi tu n'as pas résisté ? Pourquoi tu l'as laissé te torturer ? balbutiai-je.

Il comprit que je parlais d'Ayden et ce qu'il lui avait fait subir avec le BDSM.

— Parce que j'étais faible et brisé. À cette époque, mon expérience sexuelle se résumait à ce que m'avait appris Alice, et avec elle ce n'était pas des câlins et des bisous non plus. Elle avait des envies délirantes, et je n'en garde pas de bons souvenirs. Alors des cravaches et des cordes, ça ne m'avait pas semblé si choquant que ça au final... Quand Ayden a commencé à m'initier au SM, il m'a appris à contrôler mes émotions. J'avais tellement de colère en moi, alors il m'a appris à me défouler. Je l'écoutais, j'obéissais et je ne tremblais pas. Il était impressionné et il a pris ma docilité pour un putain de potentiel. Il a poussé le bouchon de plus en plus loin jusqu'à me transformer en ce que je suis aujourd'hui, un sadique. Je n'ai pas commencé le BDSM en tant que soumis comme beaucoup de Doms, je ne savais pas ce que mes victimes ressentaient, et c'est le pire, je crois. J'ai essayé de décrocher, j'ai compris tout seul que c'était malsain, que tout le monde n'aimait pas baiser comme ça, mais il était trop tard. La brutalité et les jeux pervers, c'est ce qui me fait bander le plus, et c'est un mal que je ne peux malheureusement pas guérir.

Engagement [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant