55. Kryptonite

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Je me figeai, le sol devint soudainement instable sous mes pieds, et l'air rare dans mes poumons.
Il vient de dire quoi là ?

— Quoi ? bégayai-je.

Je me retirai lentement, les yeux ronds. Chris baissa les siens.

— Je n'ai pas ressenti ça depuis très longtemps et ça me perturbe, je ne voulais pas t'en parler avant de faire le point avec moi-même, mais ce n'est pas juste que je te fasse croire que notre relation est platonique pour moi alors que ce n'est pas le cas...

Oh, mon Dieu. Pincez-moi je rêve.

— Et donc tu... tu es... ? fis-je maladroitement.

— Entre nous c'est bien plus que de l'attirance sexuelle, je t'ai menti en prétendant le contraire. En fait, à chaque fois que j'essaye de m'ouvrir à toi, de t'exprimer ce que je ressens, je me bloque et je me renferme comme une huître... J'ai vécu des choses dans le passé qui m'ont amené à considérer les sentiments comme une faiblesse, alors c'est automatique chez moi d'être sur la défensive quand ce genre de chose échappe à mon contrôle. Tu es la seule femme qui est parvenue à remettre en question mes principes. Tu arrives à me remettre à ma place, et à me rendre vulnérable, le temps d'une nuit ou de quelques minutes... mais tu y arrives et c'est ce qui te rend si spéciale à mes yeux. Tu es mon ancrage et ma kryptonite. Tu es une arme destructrice qu'Ayden tentera d'utiliser pour m'anéantir et je flippe carrément, putain... S'il t'arrive quelque chose, je...

Je pris son visage entre mes mains.

— Mon cœur, tu t'égares là... Pourquoi tu penses à Ayden ? Chasse-le de ton esprit, c'est lui qui te perturbe autant ! Ça fait des jours et il n'a rien fait...

— C'est son truc de faire ça. C'est de la torture psychologique, Isabella. Il sait qu'on est sur nos gardes, et qu'on l'attend, alors il ne fera rien tout de suite. Il ne passera à l'action que quand on aura baissé les armes, là le coup sera fatal.

— J'avais raison, c'est un psychopathe, sa place est chez les fous. Tu crois qu'on a une chance si on prévint les autorités qu'un cinglé se trimballe en ville ?

Il rit, plus détendu.

— Tu as des preuves qu'il est cinglé ?

— Le bar où il se planque ? tentai-je.

— C'est un bar abandonné, fermé depuis des années. Ayden se l'ait accaparé et ses hommes surveillent la zone. Il le saura si des flics se pointent et crois-moi quand je te dis qu'ils ne trouveront rien. Juste un vieux bâtiment poussiéreux.

— Il n'a pas de maison ? Une famille ?

— Il a une maison, mais la police ne va pas se pointer chez quelqu'un qui, aux yeux de la loi, n'a rien fait, il n'a pas de casier, il est blanc comme neige.

— Et sa famille ?

— C'est compliqué, mais... il n'en a plus.

J'arquai les sourcils.

— Comment ça ?

— C'est une longue histoire, que je te raconterai peut-être un jour, mais ce que tu dois comprendre, c'est qu'Ayden est intouchable. Il ne commet pas d'erreur et il est trop malin pour se laisser tomber dans un piège. Tout ce qu'il nous reste à faire, c'est espérer qu'il se lasse... Et même s'il devait m'arriver quelque chose, je m'assurerai que tu sois en sécurité, en dehors de tout ce bordel.

Mon sang se glaça.

— Ne parle pas comme ça ! S'il t'arrivait quelque chose, je ne m'en remettrais pas, Christopher. S'il décide d'attaquer, on sera ensemble et on s'en sortira ensemble. Je ne t'abandonnerai jamais.

Engagement [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant