One Last Mission T05 ~The Wars We Fight For| ✅

chapitre 39 : au pays

Cet uniforme. Ce maudit uniforme. Nala ferma le dernier bouton avec une lenteur torturante. Elle ne voulait pas. Elle ne voulait juste pas. Il lui avait fallu quelques jours en plus pour enfin répondre à la lettre et quelques semaines après pour lui donner le temps de mettre le premier pied dans un centre de formation fraichement construit. Et là, maintenant que le fameux jour était fatalement arrivé, elle était paralysée. Pourquoi ? Elle avait déjà fait ça, auparavant... C'était son métier, sa vie, son tout... Mais ce n'était pas pour rien qu'elle avait choisi de l'enlever, non seulement pour pouvoir échapper à la guerre qu'elle avait reniflé avant même qu'elle ne soit déclarée... Non, elle ne tenait juste à ne plus jamais apporter une dose de malheur à sa vie. Mais apparemment, le malheur avait décidé de lui coller à la peau. Alors là voilà qui était devant son miroir, s'habillant à la coutume, obligée d'enfiler ce maudit uniforme du pays que son propre père avait commencé à créer. 

Un comble, n'est-ce pas ?

Une petite main se fit sur la sienne et quand elle baissa le regard vers l'origine elle vit sa fille qui l'aidait à se vêtir. Le sourire de la fillette l'aidait bien-sûr à tenir le coup, mais même. Bear, lui, était en train de pourchasser sa queue dans la pièce, se vautrant parfois de çà et là. Lui aussi, avait changé dans ce mois. Enfin, avec un peu d'éducation, ce petit chiot s'avérait être le meilleur des compagnons, en plus d'un gros doudou sur lequel se serrer quand elle avait sincèrement envie de crier.

Par exemple, là, elle avait vraiment envie de crier. De tout casser. De dire à tous les connards dehors de lui foutre la paix, à elle et sa famille... Mais malheureusement, elle ne le pouvait pas... Après tout, Bonnie avait déjà un parent traître de l'État... Il y avait au moins l'un d'eux qui devait montrer l'exemple. 

Alors au lieu de crier, elle tendit la main vers Bonnie à ses côtés qui lui donnait le drapeau à l'origine de son prénom. Nala sourit et le prit des bouts des doigts avant de l'enrouler autour de sa ceinture, comme la coutume Texane l'exigeait. Elle se regarda dans le miroir et souffla en gonflant les joues.

Elle était fine prête pour entraîner le civils à jouer à la guerre.

Excellent.

***

Nala regarda l'endroit, un peu éberlué. Il était encore très tôt et le froid hivernal était amplifié par mille, pour une quelconque raison saugrenu. La jeune femme grelota un peu et c'était en croisant les bras sur son uniforme qu'elle rentra à l'intérieur. Ce n'était pas vraiment grand, il y avait encore des endroits où l'on pouvait distinguer des zones de travaux... Il était évident que tout allait agrandir au fur et à mesure que la guerre continuait... Malheureusement. C'était un vieux bâtiment d'entreprise en faillite réquisitionné par l'armée, il y avait même encore des fils qui pendaient des plafonds éblouissants de néons. La jeune femme avait tellement le nez en l'air qu'elle manqua de peu de rentrer dans un groupe de jeunes officiers. 

Tous des petits Lieutenants qui venaient de sortir de South Power. 

Nala sortit de la poche interne de sa veste, sa lettre de mobilisation où figurait le numéro de la pièce de réunion où elle allait devoir se présenter. Elle parcourra donc tous les couloirs en mimant du bout des lèvres le chiffre et passa porte après porte. Putain, un peu plus et elle allait se perdre, exactement comme elle l'avait été quand elle devait passer les tests militaires... Mais non. Pas aujourd'hui, apparemment... 

23.

La porte était déjà ouverte et il y avait déjà quelques personnes, tous de son grade, voir un peu plus, la plus gradé, c'était une Capitaine, qui portait des patchs d'expertise montagnarde. Elle aussi, n'avait pas vraiment l'air ravie d'être là, à en juger la posture négligé qu'elle abordait. Sa jambe sur les tables de devant et les bras croisés derrière la tête. À son entrée, les têtes se tournèrent brièvement vers elle mais pas plus que ça. 

D'accord... Charmant.

Nala vint s'asseoir non loin de la Capitaine et ce fut comme le déclic du commencement, car soudain, un jeune Lieutenant arriva dans la pièce, ferma la porte derrière lui et vint se positionner devant eux, posant ses dossiers qu'il tenait sous le bras sur son bureau. Il but rapidement la fin de son mug encore chaud de son café du matin et frappa dans ses mains.

- Bien ! Bonjour à vous tous, je suis le Lieutenant Heller, je suis là aujourd'hui pour vous guider dans ce nouveau programme. Je sais que beaucoup d'entre vous étiez en arrêt de carrière alors au nom de tout le monde, je vous prie de m'excuser d'avoir dû refaire appel à vous. Enfin, ce n'était pas vraiment moi, mais...

Il n'était même pas jeune, il avait l'air d'un enfant. Lui, c'était sûr, il venait de sortir de l'Académie... Il se racla la gorge, gêné, et se contenta de continuer.

- Enfin bref. Vous êtes là aujourd'hui, ce qui est une bonne chose, je... Vous allez avoir chacun la responsabilité d'un peloton de huit hommes et vous aurez trois semaines pour leur enseigner le combat de base. Tirs, armements, communication, éthique.

Trois semaines pour transformer un pauvre civil en GI Joe. Cette affaire devenait de plus en plus excellente, dis donc... Elle n'eut pas le temps d'esquisser un sourire amusé que sa voisine brisa le silence d'un petit rire. Sa légèreté face à la situation mis le pauvre Lieutenant encore plus mal à l'aise et il tenta le tout pour le tout pour se faire quand même entendre par tous, prenant une voix bien trop grave pour sa piètre morphologie.

- Vous aurez donc trois semaines et au bout de la troisième, vous recommencerez. 

- Jusqu'à... ?

Demanda la Capitaine. Nala ajouta à sa remarque un geste de la main et les autres présents dans la pièce firent la même chose. Le jeune garçon se dirigea, rouge comme une écrevisse, vers son bureau et feuilleta ses dossiers à la recherche de la réponse, avant de finalement relever la tête et d'annoncer.

- C'est pas marqué.

- Évidemment que c'est pas marqué... Tu crois que tes officiers supérieurs vont te donner la date de la fin de la guerre ? Qu'ils ont une boule de cristal ?

- Capitaine, je ne fais que ce qu'on me dit de faire, je...

- Bon, continue, on va pas y passer la journée.

Quelle hargne. On aurait dit Jay... Nala inclina un peu la tête pour se le poser sur son genou replié sur sa poitrine et le Lieutenant reprit, s'entremêlant les doigts comme un gamin de CP qui récitait une poésie devant toute sa classe.

- Euh... Donc vous aurez chacun un peloton et euh... Bon et bien en fait je crois que j'ai tout dit, vous... Vous pouvez aller à l'extérieur. 

Ils se levèrent tous, faisant grincer les chaises sur le sol encore légèrement saupoudré de sable de construction. Nala alla ouvrir la porte quand la voix du jeune Lieutenant se fit.

- Ah, si, pardon ! Chaque vendredi, il y aura un rendez-vous ici, afin de faire le bilan, de garder ceux qui sont toujours aptes à aller au front, et non. Voilà, maintenant vous pouvez y aller. 

Nala et la fameuse Capitaine s'échangèrent un regard mi-amusé, mi-agacé avant de s'engager ensemble dans le couloir qui les menait à l'extérieur. 

Tout était si peu organisé, si vite fait... Il allait falloir travailler dur pour redresser tout ce merdier.