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chapitre 54 : le summum du bonheur

Quelques années plus tôt, base militaire de Dallas.

JAY

Quand Jay rentra du travail, ce soir-là, toutes les lumières étaient déjà éteintes dans la maison. Il prit donc bien soin de ne pas claquer la porte derrière lui et souffla à travers ses lèvres pour minimiser chaque bruit. Ces derniers temps, Nala avait une humeur très instable et un rien l'énervait. L'autre jour, elle avait même piqué une crise pendant une bonne dizaine de minutes dans le métro parce qu'il avait eu le malheur de laisser sa place à une jeune femme qui se trouvait avoir un physique plutôt appréciable. C'était quand elle avait commencé à insulter cette même femme de "feignasse" et de "aguicheuse", qu'il l'avait forcé à sortir du métro, sans que ce soit forcément leur station de destination.

Elle était très à fleur de peau. Enchaînait les sauts d'humeur de joie surdimensionnée à crises de larmes incontrôlables... Et le pire, c'est qu'il ne savait même pas pourquoi.

Il savait juste que sa confiance envers lui avait disparu, alors il tentait tant bien que mal d'en trouver l'origine.

En attendant, il déposa silencieusement ses affaires sur le canapé, dénoua sa veste d'uniforme, sa cravate, se passa un coup dans ses cheveux pour les débrailler et ouvrit le frigo à la recherche d'une bière.

Mais il n'y avait rien.

Pas un chou, pas un yaourt ou un vieux pot de nouilles chinoises...

À peine de la glace.

Énervé, il referma le frigo et mima du bout des lèvres quelques insultes à l'égard de l'injustice mondiale. Il aurait bien voulu se prendre un whisky dans le placard, mais il savait que s'il commençait, il finirait la bouteille... Et ce n'était pas le moment de se coucher ivre à côté d'une grenade vivante.

Dépourvu d'alcool et de bonne humeur, il se dirigea vers la salle de bain d'un pas traînant. Il se passa de l'eau sur la figure et grogna sous le choc de la température. Cette journée était décidément mauvaise du début à la fin.

Il remplit un verre d'eau et se dirigea vers la chambre où il vit Nala déjà endormie. En pleine étoile de mer sur le lit. Jay aurait bien aimé souffler toute l'air de ses poumons face à cette vue qui voulait officiellement dire "dégage et dors ailleurs", mais il se retint en mordant sa langue. Il éteignit la lumière dans le couloir du bout des doigts et se laissa guider dans la chambre grâce au faible halo de la lune qui rayonnait à travers les rideaux. Il déposa le verre d'eau sur la table de chevet et s'apprêta à faire demi-tour quand il remarqua que la respiration de Nala faisait soulever des mèches embêtantes de ses cheveux.

Il aimait tellement cette femme de tout son cœur qu'il voulait déclarer la guerre à ces foutus cheveux qui l'empêchaient de bien dormir. Alors très doucement, il s'agenouilla près du lit et de deux doigts discrets, les lui glissa derrière l'oreille. Les paupières de la jeune femme frémirent et Jay retint son souffle, de peur d'avoir réveillé le dragon, mais elle se contenta de marmonner et de renfoncer sa tête dans l'oreiller.

C'était moins une.

Le jeune officier se releva donc et s'apprêta à s'en aller quand il sentit les doigts de Nala le retenir par le bout de sa main.

- Reste.

Surpris, Jay se retourna vers sa compagne qui n'avait pas pour autant ouvert les yeux. Il jeta un coup d'œil sur le couloir, hésitant, mais après tout, qu'est-ce qu'il y avait à hésiter ? La femme qu'il aimait n'allait pas bien et lui demander de rester. Il l'enjamba donc et vint s'allonger derrière elle, posant sa tête dans son cou, son bras sur les siens. Elle se pressa contre lui et lui saisit la main pour l'embrasser. Mais toujours, sans décrocher le moindre mot ou desserrer la moindre paupière. Jay lui embrassa plusieurs fois la joue avant qu'elle ne se retire de son étreinte pour se retourner vers lui. Ses yeux bleus, grands ouverts luisaient sous la lumière de la lune. Des yeux rougis prouvant une journée de larmes. Il lui essuya une joue et elle minauda enfin :