chapitre 61 : des retrouvailles bien étranges

66 7 2
                                    

Le moment fatidique arriva. Après encore quelques heures de route où Nash et Nala discutèrent sur le courant des affaires, du travail et des civils à entraîner, ils arrivèrent à San Antonio. La neige y était moins présente, mais la chaleur qui séjournait dans la ville en son habitude, avait absolument disparue. En passant dans le centre-ville, Nala pouvait même voir les vitres des magasins être totalement couvertes de gel.

Sa ville. Ses rues. Ces jardins publics fermés et le début des pancartes rouges et menaçantes sur lesquels étaient marqués "couvre-feu militaire" avec toutes les futures horaires à appliquer sous lourdes peines.... Il y avait même des grands convois militaires qui passaient, afin d'entreposer dans des endroits clefs, les grands projecteurs permettant de détecter les bombardiers potentiels de l'ennemi qui oseraient venir se défouler sur le habitants de la ville.

C'était dur à voir.

Ce n'était pas la vision qu'elle voulait donner à sa petite fille, toujours endormie à l'arrière... Non. Non, elle voulait montrer de la joie, une société soudée... Pas ce chaos qui s'immaculait au fur et à mesure que les nuages au-dessus d'eux se gelaient.

Tout ce que Nala pouvait faire face à ces scènes dystopiques, c'était soupirer. Non pas que ça soulageait le poids qui écrasait ses poumons, mais que pouvait-on faire de plus ?

***

Passé le centre-ville et sa société mise en pause, Nala rentra dans les hauts quartiers bien plus chics. Les routes s'élargirent sur des propriétés toutes plus folles les unes que les autres, cependant, les personnes y étaient encore plus étranges. De vieilles dames portaient des masques, des tenues en plastique... Comme si demain, des centres médicaux explosaient. Sans parler des petits chihuahuas qu'elles promenaient dans des poussettes.

Le Seigneur soit maudit si leurs pattes sacrées touchent ce sol sale !

Nash, qui avait, lui aussi, un sourire amusé coincé sur ses lèvres, marmonna dans sa barbe en voyant justement l'une de ces dames dont le masque était frappé d'une marque bien célèbre.

- Ben putain... Je suis pourtant presque aussi riche qu'eux, mais ça ?

- Promets-moi de ne jamais te changer dans ce genre de spécimen ?

- C'est la peine de demander ?

Nala choisit de simplement en rire, même si sa joie fut de courte durée... Car au bout de la rue, Nala reconnut une propriété bien précise.

Rentrer dans son allée au goudron parfaitement lisse, contournée de petits sapins, fut plus difficile à faire qu'elle ne le croyait.

Quand la jeune femme gara la voiture devant la maison, qu'elle voyait cette bâtisse où elle avait grandi, ces jardins où elle avait joué avec son petit frère... La porte par laquelle elle avait vu son père partir tant de fois, préférant la cause à eux... Son cœur se mit à palpiter comme un tambourin dans sa poitrine. À l'arrière Bonnie se réveilla et Nash lui tendit la main pour l'enrouler dans ses doigts enfantins.

- Dis, maman, c'est ici que tu habitais ? On peut y rester ? Hein, maman ? Dis !

- On va déjà regarder comment ça se passe aujourd'hui.

Ils sortirent ensemble et Nash vint se ranger aux côtés de Nala qui regardait Bonnie sautiller sur les dalles légèrement couvertes de neige, son doudou à la main.

- Tout va bien se passer. Ne t'en fais pas.

- Hm.

- Hey. Je suis là.

Mais Jay devrait l'être.

Comme un instinct, Nala redressa la tête vers la comète rouge dans le ciel, mais n'eut pas le temps de s'y languir, car la massive porte d'entrée s'ouvrit sur Consuela.

Sa nourrice, sa mère par procuration, son tout... La femme ouvrit en grand les bras et vint tout de suite serrer Nala dans ses bras. Son étreinte, son odeur, cette assurance... Elle en eut une petite larme aux yeux alors qu'elle s'accrochait à elle comme une folle.

- Maman !

Et Bonnie vint les rejoindre. Consuela se détacha de Nala et ses petits yeux ridés se mirent à briller encore plus en voyant la fillette et ses bonnes joues d'enfant.

- Mon Dieu... On m'aurait dit il y a des années, que le petit éclair que tu étais aurait une fille aussi adorable aujourd'hui... Je n'y aurai pas cru... Tu dois être Bonnie !

- Et toi, la maman de ma maman ?

- Pas loin.

Marmonna Nala en lui caressant ses nattes qui se couvraient de flocons de neige. Elle se tourna vers l'autre personne à présenter, mais celui-ci était sceptique. Sombre. Il se tenait un peu en arrière, droit comme une pique, retenant son souffle comme s'il avait vu un fantôme.

Il n'était pas gêné, il n'était pas sur la réserve... Il était perturbé.

Nala l'invita à s'avancer et fit mine d'ignorer son état d'esprit qui la surprit vraiment.

- Consuela, j'aimerais te présenter Nash, un très, très bon ami à moi ! Nash, voici Consuela, ma nourrice et probablement le seul parent que j'ai eu.

Les deux se jaugèrent et se regardèrent avec le même froncement de sourcils. Nala et Bonnie au milieu ne comprirent absolument rien. La femme latine finit par avancer la main vers le visage de Nash et lui essuya l'une de ses mèches fines de ses yeux.

- On ne voit pas deux fois ce genre d'yeux dans la vie...

- Nala, je... Je dois... Je viens de me souvenir que... Que j'avais une réunion super importante et... Ça te générais pas que... Enfin, il faut que je file.

- Quoi ? Mais Nash, il y a six heures qui nous séparent de Dallas !

- Je suis désolé...

Et il tourna les talons. Sous les regards ébahis de tout le monde, Nash attrapa sa veste dans la voiture et s'enfuit de la propriété comme s'il avait été surpris en train d'essayer de cambrioler la propriété. Nala entre-ouvrit plusieurs fois la bouche afin de le rappeler, mais il avait déjà disparu derrière les talus. La petite main de Bonnie vint tirer sa veste et elle haussa sa bouille remplie d'innocence vers elle.

- Il va où, maman ?

- Je n'en sais rien, mon cœur... Consuela, tu le connais ?

- Je ne suis pas vraiment certaine... Mais je crois que oui...

Nala fut tellement foudroyée par les questions qu'elles se bousculaient toutes dans sa bouche. Il aurait bien voulu au moins en poser une, mais n'en eut pas le temps.

Sur le pas de la porte, sa mère apparut, son verre de vin en mains, faisant tournoyer le liquide pourpre à l'intérieur. De son piédestal, elle ressemblait au chat de Cheshire.

- Nala. Tu m'as apporté un trésor.

Même sa mère ne réussit pas à décrocher le regard de Nala de l'endroit par où Nash avait fui.

One Last Mission T05 ~The Wars We Fight For| ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant