Colocation ou plus?

Chapitre 4- Tom

De voir Élisa souffrir à cause de ce connard, ça me fait mal. Parce que moi aussi j'ai été un connard, j'ai été un égoïste. J'ai trompé mon ex, à ce moment là nous étions encore ensemble et c'est à cause de ça qu'elle m'a quitté.
Élisa est une fille bien, extraordinaire qui ne mérite en aucun cas un mec comme lui, elle est trop bien pour cet enfoiré. Elle est trop bien pour un mec comme lui... comme moi.
Elle mérite d'être heureuse avec quelqu'un de bien, qui saura l'aimer autant qu'elle en a besoin.
J'espère qu'elle sera heureuse et en attendant je la protégerai, je ne veux pas qu'elle souffre à nouveau.

Et même si j'ai trompé mon ex, je ne me considère pas comme lui. Je suis un con cert, mais je n'ai trompé ma copine qu'une fois et tant la culpabilité me rongeait, je lui ai avoué.  Suite à ça elle m'a quitté et je comprends parfaitement ce choix. Depuis ce jour, je me suis promis de ne jamais trahir une femme de la sorte. Je me suis juré de ne jamais faire du mal, du moins intentionnellement à une amie ou à celle que j'aime.

Et aujourd'hui, quand je vois Élisa souffrir je ne peux m'empêcher de renforcer cette promesse.
De voir le mal qu'elle ressent, d'entendre ses sanglots, de voir ses larmes me déchire le cœur. Je ne veux plus jamais être responsable d'un malheur pareil. Plus jamais.

Élisa est comme une sœur pour moi et en tant que pseudo frère, je me dois de l'empêcher de souffrir. Je veux la protéger des hommes comme lui... Elle mérite tellement mieux.

Pour l'instant la réconforter et l'aider à aller de l'avant est la seule chose que je puisse faire pour elle, mais je compte bien en faire plus dès que je le pourrais.

Elle se détache de mon étreinte les yeux rouges et je ressens un pincement au coeur.

-Tu veux faire un jeu?

-Avec plaisir! Je choisis just dance!

Je n'aime pas vraiment ce jeu, en temps normal j'aurais bataillé pour en faire un autre mais étant donné la situation j'ai envie de la laisser faire ce qui lui fait plaisir. Si grâce à ça elle arrive à sourire alors je jouerais à ce jeu jusqu'à m'en rendre malade, son bonheur passe avant mes goûts.

-Ok.

Je me lève et enfonce la carte dans la console. Je décroche les manettes et lui tend sa préférée, la rouge.

-T'es prêt à te prendre la raclée de ta vie?

-Parle pour toi.

-Arrête, t'es une vraie merde à ce jeu.

Il va falloir que je la batte parce que madame commence à prendre le melon.
C'est vrai que je suis nul, mais il faut bien que j'ai un objectif: battre l'invaincu.
C'est fou quand même, elle n'a jamais perdu, c'est à croire qu'elle a passé sa vie à s'entraîner. Elle connaît presque toutes les chorégraphies par cœur et ça à le don de m'énerver.

Bien évidement elle met sa chanson préférée et finit avec le maximum de points. Moi, j'ai tout juste deux étoiles, quelle merde.

-Alors? Qui est-ce qui vient de prendre la raclée de sa vie?

-C'est moi, je sais.

Elle fait sa danse de la victoire avec son sourire satisfait. Je fais mine de bouder en m'asseyant sur le canapé.

-Oh là là. Monsieur fait du boudin.

Au moins j'ai réussi à lui redonner le sourire.

Elle s'assoit à côté de moi et pose sa tête sur mon épaule.

-Tu fais vraiment la tête pour ça?

-Mais non. Attaque de guilis, je hurle en me retournant brusquement.

Je la pousse pour qu'elle se retrouve allongé sur le canapé et commence à la chatouiller au niveau du ventre et dans le creux du cou.
Elle rit à ne plus pouvoir en se tordant dans tout les sens.

-Arrête, c'est bon t'as gagné, dit-elle entre deux éclats de rire.

J'ai pris ma revanche. Un point partout. Je n'allais quand même pas la laisser gagner.

À mon tour de faire ma danse de la victoire. Ça commence en moonwalk et ça finit en n'importe quoi. Élisa est morte de rire devant mon spectacle qui j'en suis certain est ridicule.

Une fois mon auto humiliation terminée je vais dans la cuisine et reviens avec mon paquet de chips de la dernière fois.

-Ah non. Tu ne viens pas là avec tes cochonneries. Tu vas en mettre partout et je te connais, après tu nettoies pas.

Ça y est, je retrouve enfin la Élisa que je connais. Chiante et autoritaire... mais c'est comme ça que je l'aime.

-Oh la rabat-joie.

Je m'assois quand même à ses côtés et ouvre le paquet.

-Je ne rigole pas.

Moi si. Et j'ai bien du mal à cacher mon sourire joueur. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie de l'énerver. Je n'écoute pas sa mise en garde et plonge ma main dans le paquet avec mon air le plus désinvolte et provocateur possible.

-Tom!

J'attrape une chips plus lentement que d'habitude.

-Non mais je rêve où tu le fait exprès?!

Totalement. Et j'adore ça.

-Peut-être bien.

-Je vais le tuer, je vais le tuer, je vais le tuer, je vais le tuer, se dit-elle à elle-même à voix haute.

Je croque dans la chips en faisant exprès de faire beaucoup de bruit.

Elle se jette sur moi pour essayer d'attraper l'emballage mais j'ai le réflexe de lever le bras.

-Putain! Tom arrête de faire le gamin! Tu vas en mettre partout!

Elle se lève et tend le bras mais je décale le mien à chaque fois. Elle monte sur mes genoux pour attraper le paquet qui est dans mon dos mais je me lève, la faisant basculer sur le canapé.

-Bon Tom ça suffit!

Je ne l'écoute toujours pas et fais le tour de la table basse. Elle passe par dessus la table et sautille le bras en l'air pour essayer d'attraper les chips qui sont bien au-dessus de ma tête.

À un moment, en retentent un saut, elle se prend les pieds dans le tapis et tombe sur moi. Je perd l'équilibre et nous nous retrouvons tous les deux parterre.
Elle est au-dessus de moi, ses yeux dans les miens. Petit à petit, ses yeux quittent mon regard et longent mon bras. Je l'observe, me demandant ce qu'elle fait mais en me rappelant pourquoi nous sommes tombés, j'arrête vite de chercher. Je tourne la tête dans la direction de son regard.
Elle tend le bras et attrape l'emballage mais je met moi aussi ma main dessus  et le paquet explose avec la pression de l'air qui y était contenu.

-Putain de merde! Tom tu fais chier! crie t-elle en se relevant. Tu vas nettoyer tes conneries!

-Mais toi aussi...

-C'est de ta faute! Tu te débrouilles, je ne veux plus une miette parterre.

Et c'est ainsi qu'elle s'assoit sur le canapé avec ses écouteurs, les pieds sur la table basse alors qu'elle m'engueule quand je fais ça. Et elle me regarde nettoyer nos bêtises.
Ah les femmes.

-Des fois je me dis que j'aurais mieux fait de prendre un homme comme colocataire.

-C'est mon appartement je te rappelle.

-C'est un détail.

Un détail qui à de l'importance mais un détail quand même...
Deux points pour Élisa, un pour moi.