SAMEDI
Depuis que j'ai rompu avec Camille -il y a environ quatre heures- je retarde mon retour à la maison, de peur d'y trouver Élisa. Si elle me voit comme ça elle risque de s'inquiéter pour moi et je n'en ai pas la moindre envie. Alors je déambule dans les rues, l'air froid s'abat sur mon visage, je sens le bout de mon nez et de mes oreilles rougir, mais ça m'importe peu. Tout m'est égal. Je me sens vide et faible, même si je sais que quitter Camille était la chose la plus raisonnable à faire, elle me manque. J'ai peur d'avoir perdue une amie en rompant avec elle, en plus d'avoir perdue ma petite amie.
Après avoir annoncé la mauvaise nouvelle à Camille, je l'ai serrée dans mes bras en sanglotant jusqu'à ce que nos larmes sèchent sur nos joues. Quelques minutes plus tard je suis parti, presque sans dire un mot.
Ce n'est que lorsque mes mollets me brulent et que ma gorge est sèche que je décide de rentrer. En peu de temps, je me retrouve à la maison. J'entre sans faire un bruit, du moins j'essaye. Je trébuche sur les paires de basket que j'avais laissé traîner dans l'entrée et me retrouve étalé sur le parquet. Pour la discrétion on repassera! En me relevant je regarde autour de moi mais personne ne semble m'avoir vue ou entendu.
-Éli t'es là?
Aucun bruit ne raisonne dans l'appartement, aucune réponse n'est apportée à ma question. Je parcours l'appartement mais aucune trace de ma colocataire, elle n'est pas là. C'est ce que je voulais, je ne désirai pas la croiser. Je devrais m'estimer heureux qu'elle ne soit pas à l'appartement mais ce n'est pas le cas, elle me manque et j'aurais besoin de son soutien, là, en cet instant. J'aimerai qu'elle me prenne dans ses bras sans me poser de questions. J'ai besoin d'elle; si elle savait à quel point je l'aime... Je t'aime Élisabeth!
En revanche, l'avantage qu'à son absence est qu'elle n'a pas eu l'occasion de me voir étendu parterre, ce qui m'évitera des moqueries dans les jours à venir. Elle aime tellement se moquer de moi et j'aime tellement le faire aussi. J'adore quand on chahute comme des gamins, qu'on ris comme des idiots. C'est tellement naturel entre elle et moi, on ne se prend pas la tête. C'est ça que je veux, c'est elle que je veux. Tout ce que je désire c'est nous, mais est-elle seulement prête à m'offrir ça?
Je me rend dans la cuisine pour boire un verre d'eau et y trouve un mot. C'est de la part d'Éli:
"Je suis sortie, Noah m'a enfin invitée! Je ne sais pas trop si c'est un rendez-vous romantique ou non... Mais je ne vais pas tarder à avoir la réponse. J'aurais aimé t'en parler en face mais je n'ai pas eu l'occasion de te croiser. Bisous, Éli."
En découvrant avec qui elle passe la soirée, je lâche mon verre qui finit par se briser sur le sol de la cuisine. Elle est avec Noah, je n'arrive pas à y croire. Je n'aimais déjà pas beaucoup ce type, maintenant j'en suis certain, je le déteste. Et j'espère que cet enfoiré n'a pas invité Éli dans le but de la séduire, même si je pense que pour ça, c'est déjà trop tard.
*****
Soudain, un bruit de chien me réveille en sursaut. D'abord, je crois m'être endormie dehors, comme un sans abris. Mais en sentant la chaleur du plaid qui recouvre mes épaules, je me rend compte que je suis bel et bien rentré à la maison tout à l'heure. Et que c'est à ce moment là que j'ai découvert ce putain de mot. C'est fou les émotions que quelques lettres misent bout à bout peuvent procurer.
J'entend des rires dehors alors, je me dirige vers la fenêtre pour voir qui est à l'origine de ce raffut à presque minuit. C'est alors que je découvre Éli en compagnie de... Noah. Noah? Encore lui? Que fait-il encore avec elle? Je les observes, ils sont proches, très proches, trop proches... Pourquoi se tient-il aussi près d'elle? Pourquoi est-il en train de se rapprocher d'elle? Il... Non mais je rêve. Il l'embrasse! Ce connard embrasse ma meilleure amie!
Ma première réaction c'est de vouloir lui casser la gueule. Je me sens envahit par la colère, elle me submerge. Ou peut-être que c'est de la jalousie, quoi qu'il en soit, je n'aime pas du tout ressentir ça. Ce que j'aime encore moins c'est de voir Élisabeth dans les bras d'un autre. Leurs corps collés l'un à l'autre, leurs lèvres scellées, les mains de celles que j'aime dans les cheveux d'un autre et les mains de cet enflure sur ses hanches. Je sais bien que je n'ai aucun droit sur elle et pourtant j'aimerai lui avouer tout ce que je ressens pour elle, empêcher qui que ce soit de s'approcher d'elle, de la toucher. J'aimerai tellement être à la place de ce type, être celui accroché à ses lèvres.
C'est tellement égoïste de ma part de penser comme cela. Je n'en ai absolument pas le droit, mais c'est plus fort que moi. Ça me bouffe de l'intérieur. Comment en suis-je arrivé là? Pourquoi est-ce que je ne me rend compte de mes sentiments que maintenant? Maintenant que je n'ai plus le droit de rêver d'une relation avec elle... Quel naze je suis!
Je ne veux plus endurer cet horrible spectacle plus longtemps, je referme le rideau et me rallonge sur mon lit en priant pour que ma coloc rentre seule dans l'appartement. Je ne suis pas certain de pouvoir me retenir de faire une scène si j'entend Noah entrer chez moi.
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Colocation ou plus?
RomanceUne colocation avec son meilleur ami, il n'y a pas de meilleur moyen pour surmonter les obstacles que la vie nous pose... un bel appartement, de bons amis, un petit copain en or et des notes frôlant l'excellence, Élisa mène une vie tout à fait envia...