Chapitre 15 -Tom

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Enfin, cette horrible journée se termine. J'ai l'impression d'être resté éveillé toute une semaine, tant d'événements se sont produits.
Ça avait mal commencé avec mon réveil en sursaut et ensuite tout s'est enchaîné avec mon retard en cours, le moment où j'ai appris la rumeur qui tourne sur moi et Éli dans notre dos, la bagarre avec Mathieu qui est à l'origine de la plus part de mes problèmes dont ma rupture avec Camille alors que pour une fois je n'y était strictement pour rien. Je me suis bien comporté, je suis restée fidèle, je lui ai dis que je l'aimais et lui ai fait savoir par de petites attentions. Nous n'aurions pas dû rompre, mais en même temps, qu'est-ce que je peux y faire? Le sort s'acharne contre moi, je finirais seul, avec des dizaines de chats, vieux et égris. Plus personne n'osera m'adresser la parole, Élisa sera partie, heureuse avec une famille, le travaille dont elle rêve et toutes les autres choses qu'elle mérite et que moi je n'aurais pas. Peut-être qu'une femme voudra bien de moi pendant quelques années mais elle me quittera comme elles le font toutes. C'est comme ça et je dois me résoudre à accepter le triste destin qui m'attend.

Je suis à la moitié de mon année de terminale et je ne sais toujours pas ce que je vais faire l'an prochain. Aller à la fac? Travailler? Enfin si je trouve une voie qui m'intéresse et ce serait grand temps.

J'enfonce la clef dans la serrure de l'appartement et pose mon sac dans l'entrée, enfin si on peut appeler ça poser, Éli aurait dit " arrête de balancer tes affaires, elles ne t'ont rien fait". Mais elle n'est pas encore arrivée et je suis aussi chez moi alors je balance mon sac si je veux. Si j'en ai envie, je peux même chier dans le milieu du salon, même si ce serait un peu étrange et dégoûtant, je ne m'y risquerais pas.

Je pose tout aussi délicatement ma veste et mes chaussures avant de filer à la douche.
Je laisse le jet d'eau froide couler sur ma peau qui me montre que je devrais augmenter la température mais je ne l'écoute pas. J'aime cette fraîcheur qui me brûle, qui me remet les idées en place et me fait oublier l'espace d'un instant cette journée merdique.

Je m'essuie et remets ma serviette à sa place, sur le sèche-serviette et enfile un tee-shirt et un jogging qui traînaient en boule dans un coin de ma chambre, c'est-à-dire le seul endroit où j'ai le droit de mettre du bordel. C'est mon espace privé, le seul où Élisa n'a pas le droit de m'imposer ses règles de vies. J'adore ma meilleure amie, mais des fois, elle a tendance à être trop maniaque et autoritaire. Si j'ai décidé d'emménager avec elle, ce n'est pas pour avoir une autre version de ma mère sur le dos, c'est pour avoir plus de liberté tout en me ruinant le moins possible et en m'amusant, d'où la colocation.

Je me pose sur le canapé du salon et allume la console. Je vais éclater deux ou trois zombie, ça va m'aider à me détendre et à évacuer la colère qui bouillonne en moi.

Je suis tiraillé entre deux émotions différentes mais pas contradictoires, la tristesse accompagnée de la déception ainsi que des regrets et la colère qui me donne envie de tout casser, de hurler et de me venger, chose que j'ai déjà commencé avec la bagarre de ce matin. Je sais que taper sur Mathieu ne va en rien arranger les choses, mais ça m'a fait du bien de me défouler. Je crois surtout qu'a ce moment, la haine m'animait.

Mon téléphone vibre à côté de moi, je met ma partie sur pose pour voir de quoi il s'agit.
Quand j'allume l'écran, je vois que ce n'est qu'une notification pour m'annoncer qu'une nouvelle mise à jour est disponible. En temps normal, j'aurais remis l'écran en veille et repris ma partie mais là, je n'y arrive pas. Le visage radieux de Camille sous un arbre aux feuilles rouges d'automne mis en fond d'écran m'empêche de détourner le regard. Cette photo me rappelle tous les bons moments que nous avons partagés et bien plus que de me rendre nostalgique, ça me rend triste. Je ne suis pas du genre sensible d'habitude, mais en ce moment précis, j'ai juste envie de pleurer et c'est ce que je fais. C'est maintenant que je me rends réellement compte que c'est fini, que je ne pourrai plus lui prendre la main, la serrer dans mes bras, l'embrasser... Je regrette tellement de choses. Je n'ai jamais voulu lui faire de mal, j'étais heureux avec elle et je ne voulais que son bonheur. Je l'aime plus que tout, mais je l'ai perdu... tout ça à cause de cet imbécile.
De toute manière, c'est trop tard pour y changer quoi que ce soit.

Colocation ou plus?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant